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Le CAMRA déplore des blessés parmi ses membres: La marche des résidents empêchée à Oran

par Sofiane M. / Zerzouri A.

L'intervention musclée de la police était inattendue par les médecins résidents de la région oranaise, qui avaient programmé, hier dimanche, l'organisation d'un rassemblement suivi par une marche régionale à partir du CHU d'Oran jusqu'au siège de la direction de la santé, du moment qu'ils ont déjà organisé une marche sans heurts au mois de janvier dernier.

Mais, cette fois-ci, la police a étouffé dans l'œuf la marche régionale prévue hier à Oran par le Collectif autonome des médecins résidents algériens (CAMRA). Un avertissement clair pour dissuader les manifestants d'investir la rue, notamment à Alger, où l'on annonce une action de protestation pour demain. Ainsi, les éléments des brigades antiémeutes déployés en nombre devant les accès de l'hôpital d'Oran avaient reçu des ordres formels pour empêcher les spécialistes en formation de sortir manifester dans la rue. Toutes les tentatives de briser le blocus imposé par les forces de l'ordre ont échoué devant la détermination des casques bleus. Les contestataires avaient réussi durant quelques minutes à forcer les portes du côté du service de pneumo-phtisiologie (Glatar), mais ils ont été violemment repoussés par les services de l'ordre. Le CAMRA déplore des cas de blessures parmi ses adhérents durant l'intervention des casques bleus. Des photos montrant de jeunes médecins avec des bandages sur la tête ont circulé sur les réseaux sociaux. Les nombreuses tentatives de briser le blocus ont totalement échoué. Les forces de l'ordre avaient employé, hier, les grands moyens. Les policiers ont ainsi fermé la rue des Frères Bouchakour reliant la place 11 Décembre 1960 (ex-Roux) au premier bd périphérique (ligne A), causant une congestion du trafic automobile. Les parents des patients hospitalisés dans le service de pneumo-phtisiologie ont trouvé des difficultés pour rendre visite à leurs proches. « J'ai été contraint de stationner ma voiture à des centaines de mètres de l'hôpital et de faire un long détour à pied pour rendre visite à un proche hospitalisé au Glatar», témoigne ce jeune homme. Le bilan de l'affrontement entre les services de l'ordre et les médecins résidents pouvait être plus lourd, mais heureusement, il y a eu l'intervention des sages des deux côtés pour apaiser les esprits.

Les contestataires ont toutefois scandé des slogans hostiles à la police, au pouvoir et au Premier ministre. «Pouvoir assassin !», «Oulache Smah oulach !», «Ouvrez les portes ya Hagarine !», etc. Après plusieurs heures de blocus, les médecins résidents ont réussi, aux environs de 14h30, à sortir par la porte principale de l'hôpital d'Oran. Ils ont arpenté le bd Docteur Benzerdejb sans but précis pour défier les services de l'ordre. Il est à noter que la marche régionale, qui a regroupé des résidents des établissements hospitaliers de trois wilayas de l'Ouest (Oran, Tlemcen, SBA), devait avoir lieu entre l'hôpital d'Oran et la direction de wilaya de la santé.

A Constantine, les médecins résidents ont tenu un rassemblement à l'intérieur du CHU Dr Benbadis, en face du service de gynécologie, sans tenter de faire le moindre pas hors de l'enceinte hospitalière, et y aller pour une marche dans les rues, comme ils l'ont fait le 28 février dernier. Les médecins résidents de la région ?Est' ont, donc, exprimé leur volonté et leur engagement dans cette action de protestation qui dure depuis près de 7 mois sous le triple signe de « fierté, dignité et solidarité ». « Pour ceux qui ont été blessés, humiliés, arrêtés arbitrairement, le doute et l'inquiétude pour celles et ceux qui ont boycotté bravement deux sessions de DEMS, dans un précédent unique dans l'histoire du pays, ces centaines de médecins résidents qui luttent jour après jour avec des mesures illégales de ponctions et de gel des salaires exercés par des administrateurs zélés, rien que pour ces sacrifices, le bureau régional de Constantine a rappelé son attachement au maintien de l'arrêt de l'activité de garde jusqu'à la satisfaction de nos revendications », tiendront à déclarer haut et fort les représentants des médecins résidents. Avant de se disperser dans le calme. Mais, dans l'ensemble, la situation reste très tendue. Surtout avec cet appel du CAMRA pour une action nationale, pacifique, le 15 mai, pour lancer un appel solennel à la présidence de la République pour intervenir. La réaction musclée des autorités, hier, pour empêcher la marche des résidents à Oran laisse clairement entendre qu'aucune marche ne sera tolérée, surtout pas à Alger. Bien sûr, le CAMRA n'a pas parlé dans son communiqué de marche, s'en tenant uniquement à l'expression d' « action nationale ». D'ici là, le CAMRA dénonce avec fermeté les actes d'intimidation, les manœuvres administratives et les menaces à l'encontre des représentants des médecins résidents. Dans son communiqué, le CAMRA n'y va pas de main morte pour dénoncer la tutelle et la corporation médicale. « Le statu quo menace d'implosion un système de santé déjà moribond, paralysé par la léthargie d'une tutelle qui tente par tous les moyens de discréditer notre mouvement et tromper l'opinion publique par des déclarations infâmes nous faisant porter la responsabilité de l'enlisement de cette crise sans précédent, euthanasié par la nouvelle loi de santé sous le regard complice d'une corporation médicale calfeutrée dans un silence coupable révélateur d'ambition funeste », peut-on lire dans le communiqué en question. Mais qu'elle le veuille ou non, la corporation se trouve entraînée dans ce conflit qui fait mal au corps entier de la santé. Des professeurs et des maîtres-assistants expriment ouvertement une lassitude au boulot qui devient de plus en plus insupportable. Et les 600 généralistes qu'on compte appeler à la rescousse ne seront d'aucun secours, ils ne pourront jamais combler le vide laissé par près de 15.000 résidents. La seule et unique solution réside dans la concertation et le dialogue serein entre les parties en conflit, comme le reconnaissent, étrangement, les uns et les autres.