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Médecins résidents: Sit-in et marches, aujourd'hui, à Oran et Constantine

par Abdelkrim Zerzouri

Continuant leur cycle de protestation à travers différentes régions du pays, les médecins résidents organisent, aujourd'hui, dimanche 13 mai, à 10h, deux rassemblements régionaux, l'un au Centre hospitalo-universitaire Dr Benbadis (CHUC), à Constantine et le second au CHU d'Oran, avec une marche prévue dans les deux wilayas. Dans le sillage de ces mouvements de protestation, les deux bureaux régionaux du Collectif autonome des médecins résidents algériens (CAMRA) tiennent à réaffirmer leur engagement et leur détermination pour le maintien de l'arrêt de l'activité de garde jusqu'à la satisfaction des revendications soumises depuis six mois et qui n'ont pas, encore, trouvé écho satisfaisant auprès des pouvoirs publics. Usant de voies et moyens officieux, notamment, à la suite du refus des représentants de la CAMRA de se joindre à un round de négociations, la tutelle a bien essayé de faire revenir en arrière les médecins résidents à propos de cette décision de l'arrêt de l'activité de garde, allant jusqu'à proposer un ?deal' autour de l'un des points de revendication qui n'a pas lien avec le volet salarial, sans arriver à convaincre des grévistes intransigeants dans leur démarche globale. « Cela fait douze jours que nous avons laissé, avec grande amertume, nos stéthoscopes, et nos bistouris, en lançant un dernier cri de détresse à nos aînés, à nos tutelles, un cri qui est censé bouleverser les abysses de l'âme et engendrer, inéluctablement, de grandes introspections et de sages réactions », relève dans un communiqué le comité des médecins résidents d'Oran, non sans se désoler en constatant que « malheureusement, nous n'en avons pas vu beaucoup ! Nous avons vu des services ralentir et des internes doubler du travail ! nous avons vu des généralistes rendre leurs blouses sous le poids de la pression, et d'autres appelés des coursives du chômage à combler les vides de ces milieux devenus hostiles et dysfonctionnant sans notre présence ». Une complainte chargée de peine et de désespoir. « Nous avons perdu 6 mois de formation, boycotté 2 sessions de DEMS, nous sommes au chômage, sans salaires et sans études, nous sommes allés trop loin pour revenir en arrière », laissent entendre des médecins résidents contactés, hier, par nos soins.

Certains diront que l'arrêt de l'activité de garde, en sus de son usage comme moyen de pression « additionnel » à la grève, est une réponse à la déclaration du Premier ministre qui a considéré que les médecins résidents sont des étudiants et non des salariés. Pour sa part, le Dr Dridi, représentant du bureau régional du CAMRA Constantine, nous a confié que le Collectif devrait faire paraître, cette semaine, une lettre adressée au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, dont l'intervention est directement sollicitée pour trouver une solution au conflit qui perdure, et qui risque d'avoir des conséquences désastreuses sur plusieurs plans. « Nous avons, certes, sollicité à travers les médias l'intervention du président de la République, mais cette fois c'est à travers une lettre que nous lui adressons, directement, et nous attendrons sa réaction, sa réponse, qui permettra de désamorcer le conflit », espère notre interlocuteur.

Celui-ci estime que les négociations peuvent aboutir à la satisfaction, de toutes les parties, si seulement on y mettait de la bonne volonté dans l'action. «Il ne faut pas croire que les médecins résidents se trouvent dans une situation confortable avec cette grève qui dure depuis six mois, c'est seulement parce qu'on nous oblige à rester sur cette voie de la contestation, en refusant de répondre favorablement à nos doléances, des doléances fondées, légitimes et pas du tout du domaine de l'impossible », souligne le Dr Dridi.

Rappelons que les revendications essentielles des médecins résidents, selon le représentant se situent au niveau du service civil (d'une durée de (1) un à (4) quatre ans), un point qui a presque trouvé solution, restent juste quelques détails à régler, dont le réarrangement du calendrier des primes, pour passer au second point, non moins important, en l'occurrence celui ayant trait au service militaire. Là, également, les choses avancent, même si c'est lentement.

La proposition de la diminution du service civil d'une année (réduction résultant de l'année passée sous les drapeaux) est presque admise par les grévistes, et ne reste que le traitement de la question liée au salaire des médecins résidents qui seront appelés au service militaire. Ce sont, ainsi, deux points principaux de la plate-forme des revendications qui peuvent trouver solution si les plus hautes autorités du pays y mettent de leur poids. Les autres dossiers, à l'enseigne du droit syndical, du statut du médecin résident, des œuvres sociales et l'amélioration de la formation pédagogique, peuvent se traiter en cours de route. L'essentiel est de mettre fin à cette grève qui fait mal aux médecins résidents, aux hôpitaux et à toute la population.