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L'accord signé hier: Sonatrach rachète une raffinerie en Italie

par Moncef Wafi

Sonatrach a signé, hier à Rome, un accord avec Esso Italiana (filiale du groupe américain Exxon Mobil) pour l'achat de la raffinerie d'Augusta, en Sicile, d'une capacité de traitement de 198.000 bbl/j, et de trois terminaux pétroliers en Italie, plus précisément à Augusta, Naples et Palerme ainsi que de leurs systèmes d'oléoducs associés, offrant une capacité de stockage supplémentaire de 565 kb (565.000 barils) de gasoil et 309 kb (309.000 barils) d'essence. Un projet qui s'inscrit dans une stratégie de développement à l'étranger, a expliqué son P-DG, Abdelmoumen Ould Kaddour, aux ?Echos', quotidien français d'information économique et financière. Une acquisition rapportée, également, par le communiqué de la compagnie nationale des hydrocarbures qui confirme, ainsi, la nouvelle orientation à l'IUnternationale du groupe, annoncé en amont par son premier responsable. Lors de sa conférence de presse, tenue fin avril dernier, et consacrée à la présentation du bilan de la compagnie pour 2017, Ould Kaddour a annoncé que le raffinage du brut algérien, à l'étranger était plus rentable pour l'Algérie que l'importation des produits finis. Il a expliqué qu'elle consistait à raffiner, elle-même, le brut algérien à l'étranger pour ensuite ramener les produits raffinés et satisfaire la demande nationale. Une solution qualifiée de «la plus rapide possible», selon lui qui permet de réduire considérablement, le coût de l'importation des produits raffinés, estimé à environ 2 milliards de dollars, annuellement.

Cet achat acte, et définitivement, les négociations menées par Sonatrach pour l'installation du major américain ?Exxon Mobil' dans le pays. Concernant la compagnie américaine, le premier responsable de Sonatrach avait évoqué le sujet, lors des 11èmes Journées scientifiques et techniques de Sonatrach, déclarant que le contact avec ?Exxon Mobil' s'est concrétisé récemment, lors d'une visite d'une délégation de la compagnie coïncidant avec la présence en Algérie d'une délégation du Congrès américain qui s'était rendue à El Merk «et qui était très satisfaite». Selon le communiqué du groupe, l'accord conclu «est le fruit d'une procédure de mise en vente concurrentielle», alors que «le transfert de la propriété de la raffinerie et de ses actifs, à Sonatrach, interviendra à la fin 2018, sous réserve du respect de certaines conditions» dont, en particulier, le feu vert «des autorités en charge de la concurrence».

Le choix a été porté sur Augusta puisqu'il répond à plusieurs critères dont la capacité à traiter des bruts légers, à l'instar du ?Sahara Blend' algérien, de l'Arabian Light (Arabie saoudite) ou de l'Azeri (Azerbaïdjan) ainsi que du fuel résiduel issu de la raffinerie de Skikda. Le site est capable de traiter 10 millions de tonnes par an, ce qui en ferait la 2ème raffinerie de Sonatrach, et pourra également «traiter directement des produits qui sont excédentaires en Algérie en vue de réimporter des produits, aujourd'hui en déficit, comme le gasoil et l'essence», précise la même source d'informations. Selon les termes de cet accord, Sonatrach collaborera étroitement avec ?Esso Italiana Srl' et ?Exxon Mobil' «pour assurer la continuité effective de l'exploitation de la raffinerie pendant la période de transition ainsi qu'à son issue». Avec cet accord, «l'autonomie de la consommation en diesel et en essence de l'Algérie est, quant à elle, augmentée de plusieurs jours de consommation», ajoute le communiqué, permettant de couvrir les déficits en carburant «sur toute la période du plan à moyen terme 2018-2022», explique Sonatrach.

Rappelons que pour répondre aux besoins nationaux en produits raffinés, la compagnie des hydrocarbures a lancé un vaste programme de développement de l'industrie pétrochimique en 2 axes : la réhabilitation des vieilles raffineries pour porter les capacités installées de 22 à 27 millions de tonnes, par an, et la réalisation de nouvelles raffineries. Le plan de réhabilitation qui coûte 4,5 milliards de dollars à Sonatrach, concerne les raffineries d'Alger, Arzew et Skikda. Le Premier ministre, Ouyahia, avait déclaré que 11,5 millions tonnes de carburants sont raffinés en Algérie, insuffisant, tout de même, face à la demande actuelle estimée à 15 millions de tonnes.