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Cour des comptes: Le syndicat des magistrats revient à la charge

par Moncef Wafi

  A quarante-huit heures du verdict de la justice concernant la plainte déposée par l'Administration contre le syndicat national des magistrats de la Cour des comptes (SNMCC), ce dernier, dans son communiqué rendu public lundi dernier, a de nouveau dénoncé l'attitude de l'institution constitutionnelle qui œuvre «par tous les moyens» à interdire aux magistrats leur droit syndical par le biais de la justice.

Rappelons que le verdict sera rendu aujourd'hui, selon toute vraisemblance, d'après Ahmed Chikhaoui, le président du syndicat, contacté par le Quotidien d'Oran, qui reste confiant d'autant, affirme-t-il, que le ministère du Travail avait indiqué que cette affaire est strictement interne au syndicat.

Le SNMCC a également tenu à signaler la politique de restriction et de provocation à l'encontre des magistrats et son refus d'ouvrir le dialogue. Ahmed Chikhaoui résume une situation qui n'a pas évolué depuis plus d'une année suite à l'attitude de la Cour des comptes qui a décidé d'entraver leur droit syndical après la fin du mandat du bureau sortant. «66 magistrats ont demandé au président de la Cour de faciliter la tâche pour organiser une Assemblée générale extraordinaire (AGE) en vue de procéder au renouvellement du bureau syndical», indique notre interlocuteur qui ne s'explique toujours pas le refus «incompréhensif» à cette requête. Ou si, puisque, estime-t-il, la raison première est dans la volonté de la Cour de refuser l'existence même d'un syndicat. Face à cette situation, rappelle-t-il, les magistrats ont organisé leur AGE le 2 avril 2017 en présence d'un huissier de justice. Si cette assemblée a donné naissance au nouveau bureau, elle est également responsable, même indirectement, de la suspension de deux magistrats, membres de ce même bureau. «Nous avons saisi toutes les instances et essayé de communiquer avec l'administration, à ouvrir les portes du dialogue, à participer à trouver des solutions aux problèmes internes socioprofessionnels que vivent les magistrats, mais en vain», précise-t-il encore.

Il n'hésite pas à qualifier la situation au sein de la Cour de «critique», énumérant tour à tour le problème de la gestion des carrières, le recrutement «on ne dépasse pas 200 magistrats sur tout le territoire national», la promotion, l'ingérence de l'administration ainsi que la marginalisation du rôle du Conseil des magistrats de la Cour des comptes.

Chikhaoui ira plus loin en dénonçant les problèmes de gestion quotidienne pour mener à bien les missions dont ils ont la charge ainsi que la dignité des magistrats qui n'est pas respectée, selon lui, en citant en exemple le cas des collègues de Constantine qui avaient demandé, en 2015, la protection de la Cour des comptes face à des intimidations d'un justiciable. Le communiqué du SNMCC tient aussi à dénoncer le secrétaire général «qui dépasse ses prérogatives» en décidant «de notre sort», explique encore notre interlocuteur en proposant des présidents de chambres dont la deuxième à laquelle il est soumis en tant que justiciable, ce qui est contradictoire avec l'indépendance du conseil et de ses magistrats. Le même document syndical signale que les magistrats sont surveillés par des agents de sécurité à leur entrée et sortie de la Cour donnant une image dégradante et avilissante des magistrats. Face à ces «dépassements», le président du CNMCC affirme que les magistrats continueront la lutte en utilisant tous les moyens légaux disponibles sachant que leur statut ne leur confère pas le droit à la grève.