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EL-BAYADH: Cap sur l'agriculture saharienne

par Hadj Mostefaoui

  La wilaya d'El-Bayadh peut se targuer d'avoir une double vocation agro-pastorale, eu égard à la diversité de ses régions steppiques, semi saharienne et saharienne. Des atouts considérables qui lui permettent d'entrer de plein pied dans l'ère de l'industrie agroalimentaire. Entamée au pas de charge peu après son arrivé en début de matinée de ce dimanche dans la wilaya d'El-Bayadh, la visite de M. Abdelkader Bouazgui, ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, a débuté par le centre d'élevage de la gazelle, implanté à plus d'une quarantaine de km au sud de Brezina. Cette structure, créée en 2010n est réservée à la protection et à la promotion de deux espèces menacées d'extinction, la gazelle Dorcas et Rhym. Sur site, le ministre a rappelé qu'il faudrait faire appel au centre national d'insémination artificielle afin de multiplier l'espèce et d'éviter les maladies, autorisant des lâchers en milieu saharien une fois l'enclos saturé. Toujours dans cette même commune, il a fait un détour à la ferme ?' Asrya ?', un périmètre agricole du lieudit »Dhayet El bagra» de 20.000 hectares de riches terres alluvionnaires dont plus de 5.000 ont été cédés à plus de 16 promoteurs au titre de la concession agricole inscrite dans le cadre de l'investissement agricole privé. Pour l'heure, la pomme de terre tient le haut du pavé, puisque 320 hectares sont exploités cette saison en attendant le lancement des filières ovine, laitière et céréalière. Il est prévu pour le mois de septembre prochain la pose de 18 pivots, suivie de l'acquisition de quelque 2 000 génisses pleines pour le début de l'année 2020. Concernant ce projet à caractère agro-industriel et pastoral qui s'inscrit dans une optique de développement local de l'agriculture, la culture de la pomme de terre a été déjà lancée avec des prévisions de récoltes saisonnières à long terme de l'ordre de 22.500 tonnes ainsi que de 900 tonnes pour le maïs, et de 400 autres pour la luzerne. Sur site, le ministre a rappelé aux investisseurs la volonté affichée de l'Etat qui est décidé à engager des sommes colossales afin que cette région puisse se tourner résolument vers le travail de la terre avec la mise en pratique de méthodes rationnelles telles l'assolement et la rotation des cultures afin d'atteindre de très hauts niveaux de productions et de garantir au pays une autosuffisance alimentaire.

Par la suite, le ministre s'est rendu sur le site d'une exploitation agricole d'une superficie de 140 hectares dont 92 en irrigué pour les cultures maraichères et 25 autres pour l'arboriculture, un espace qui compte 5.000 arbres fruitiers de différentes espèces au lieudit ?'Hassi Reggab», (commune de Sidi Amar), tout en faisant un détour au projet de chambre froide d'une capacité de stockage de 2.000 m³. Dans le cadre de l'extension du barrage vert et de la lutte contre la désertification, la Conservation des forêts a procédé au reboisement d'une superficie de 441 hectares non loin de cette concession agricole. En début d'après midi, le ministre a fait une brève escale au chantier de construction d'un silo de stockage de l'aliment de bétail. Dans la commune de Kef Lahmar, il s'est enquis de l'état d'avancement des travaux de reboisement en milieu steppique relatifs à la création d'une ceinture verte, d'une superficie de 150 hectares, réalisée et achevée dans le cadre de la lutte contre la désertification et l'avancée du sable. Le clou de cette visite a été incontestablement le projet de réalisation du 3e complexe de viandes rouges du pays, d'une capacité de production de 480.000 tonnes/an de viande d'origine ovine et de 12.000 autres d'origine bovine. La réalisation de ce complexe dont les travaux ont été lancés depuis le début de l'année 2014 a enregistré d'énormes retards, notamment en ce qui concerne la livraison et la pose des équipements industriels. Le ministre a pesé de tout son poids pour que cet ensemble, appelé à couvrir en viandes rouges tout l'ouest du pays, soit réellement livré et opérationnel le mois de septembre prochain.

A l'issue de sa visite marathon et lors d'un point de presse qu'il a animé, le ministre a rappelé les mesures préconisées par l'Etat pour mettre fin au sempiternel problème de l'approvisionnement des éleveurs en aliment du bétail ainsi que la nécessité pour les pouvoirs publics de clarifier la situation juridique du foncier pastoral appelé « terres arch », qui sera examiné au même titre que l'assainissement du foncier agricole.

En phase d'achèvement, conformément aux recommandations des récentes assises du secteur de l'agriculture, soulignant au passage que les terres accordées dans le cadre de la concession agricole et non exploitees seront récupérées par l'Etat et que le retour au travail de la terre n'est plus désormais un vain mot, il reste la seule issue garantissant l'autosuffisance alimentaire du pays.