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Yves Bonnet répond à Nacer Boudiaf

par Y.B.

Je vous remercie de me donner l'occasion de préciser ma pensée au sujet de Mohamed Boudiaf.

«Le destin de Mohamed Boudiaf est à la fois glorieux et tragique et il appartient désormais à l'histoire de l'Algérie comme un de ses plus grands hommes.

Il appartient de ce fait à l'Histoire tout court. Tout dans son parcours incite à l'admiration, sa participation à la guerre de libération de l'Algérie, l'accord qu'il donne pour revenir dans son pays après un exil de plusieurs dizaines d'années, l'œuvre de redressement politique et moral accomplie en quelques mois, l'exemple d'intégrité qu'il incarne.

S'agissant de son œuvre, par conséquent, il ne subsiste aucune ambiguïté.

S'agissant de son assassinat, je ne dispose d'aucun élément, puisque je n'ai pas eu accès à son dossier. Je n'y ai d'ailleurs aucun droit. Tout ce que je peux dire repose sur l'appréciation des faits tels qu'ils sont connus et des conclusions de la commission d'enquête. Rien de plus. J'ai exprimé une conviction : c'est tout. Il m'apparaît en effet à la fois étrange et intéressant que l'homme qui a commis ce crime vive toujours, détenu je ne sais où, dans des conditions que j'ignore. Or lui sait. C'est donc une situation sans précédent.

Je maintiens le terme d'incurie et mon étonnement de l'absence de sanctions : c'est en Algérie et sans doute dans un climat extraordinairement compliqué que se trouve l'explication. Quant à l'implication de services étrangers, elle me parait hautement improbable, dans la mesure où le criminel vit toujours et représenterait en pareille hypothèse un danger. Si M. Nacer Boudiaf pense à la France à ce sujet, je peux le rassurer: si tel avait été le cas, nous le saurions depuis longtemps

Je comprends et partage, s'il le permet, l'insatisfaction de M. Nacer Boudiaf. Pour lui, pour sa famille, je crois qu'il peut trouver le plus solide motif de fierté dans le souvenir de son père, auquel il me semble «vu de ma fenêtre» qu'il n'est pas suffisamment honoré par sa patrie».

Amicalement à vous

Yves Bonnet