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Algérie - Etats-Unis: La bureaucratie plombe beaucoup de projets

par Yazid Alilat

Le poids de la bureaucratie et les obstacles contenus dans la loi sur les hydrocarbures plombent beaucoup de projets de partenariat algéro-américain.

C'est ce qu'a déclaré hier lundi à la radio nationale M. Smail Chikhoune, président du Conseil d'affaires algéro-américain, selon lequel les responsables algériens ne font pas assez pour encourager les investisseurs américains à s'installer sur le marché algérien. Il a affirmé que les Etats-Unis achètent de moins en moins de gaz et de pétrole d'Algérie, la facture étant passée de 18 milliards de dollars à moins de trois milliards de dollars, ?'car ils produisent les shale, et à partir de 2020, ils vont exporter eux-même leur pétrole''. Selon M. Chikhoune, ?'l'Algérie doit être attractive et s'adapter à ce qui se fait dans le monde pour attirer plus d'investissements dans ce domaine''. Il a ainsi relevé que ?'c'est bien de réviser la loi sur les hydrocarbures, car il est temps de le faire'' pour attirer les investisseurs, car ?'un forage coûte en moyenne 15 millions de dollars. C'est de l'argent perdu pour l'entreprise s'il n'y a pas de découvertes, et donc il faut que le risque soit partagé, car l'Algérie ne rembourse pas les frais d'exploration des compagnies étrangères''.

Pour situer la place de l'Algérie dans ce marché mondial de l'exploration des hydrocarbures, il a cité le cas de la Norvège, un géant gazier, qui rembourse à hauteur de 80% les compagnies pétrolières dans le cas de non-découvertes d'hydrocarbures sur son territoire, en onshore ou offshore. Revenant sur la rencontre mercredi dernier à Houston (Texas) entre des responsables de Sonatrach et des représentants de compagnies pétrolières américaines, M. Smail Chikhoune a expliqué qu'''on a réalisé une journée Algérie, et cela a permis à Sonatrach et Alnaft de rencontrer la partie américaine et discuter des nouvelles technologies, dont les services aux puits''. ?'On a réussi, puisque Sonatrach a rencontré beaucoup de compagnies américaines, et elles vont venir en Algérie pour des partenariats'', a-t-il affirmé, avant de souligner qu''on essaie d'attirer ces compagnies non seulement pour le conventionnel, dans l'offshore également, mais également le non conventionnel.'' ?'Il faut trouver de véritables partenaires pour l'offshore'', a-t-il précisé, alors que ?'pour le non conventionnel, a-t-il dit, il faut prendre son temps et aller voir les nouvelles techniques utilisées pour éviter les problèmes sur l'environnement''.

M. Chikhoune a par ailleurs annoncé qu'Exxon Mobil, la première compagnie pétrolière mondiale, ?'est en discussion avec Sonatrach. Ils ont réussi à attirer la première compagnie pétrolière au monde, et les discussions avancent bien pour un partenariat.

Et donc, il faut prendre son temps avec cette loi sur les hydrocarbures, c'est légitime et il faut énormément discuter avec les experts pour savoir ce qui est bien pour l'Algérie.''

D'autre part, le président du Conseil d'affaires algéro-américain a estimé que, sur le volet investissements, ?'il faut être attractif.'' Mais, ajoute-t-il, ?'il y a toujours le problème de la bureaucratie, et il y a des moments où c'est sclérosant'', avant d'annoncer que des responsables de la chambre de commerce américaine sont actuellement en visite en Algérie ?'pour ramener énormément de compagnies américaines, notamment à la rencontre en automne prochain lors de la semaine de l'Algérie à Washington DC (10-13 septembre), pour attirer également plus d'investissements.''

Sur la question de la modestie des investissements américains en Algérie, M. Chikhoune a estimé que certains projets rencontrent énormément d'obstacles bureaucratiques. Il a pris l'exemple du mégaprojet agricole d'El Bayadh, qui ?' est en cours. Le projet avance, et un autre va démarrer. Il y aura un second projet qui va démarrer, à Biskra''. Pour autant, le président du Conseil d'affaires algéro-américain a déploré que le projet d'El Bayadh soit ?'victime de la bureaucratie, avec beaucoup d'autorisations.'' Pour illustrer la nature de ces obstacles bureaucratiques, il a évoqué le cas des gros tracteurs de 600 CV. ?'Pour ramener des tracteurs de 600 CV, il a fallu trois mois pour les faire sortir. Ce sont des obstacles, et quand il s'agit d'un projet en cours, il faut accélérer les procédures'', a-t-il fait observer, avant de souligner que ?'cela reste assez bureaucratique, et il y a beaucoup de perte de temps pour lancer un projet''.

Le projet d'El Bayadh porte sur une superficie totale de 20.000 hectares, avec un coût de 200 millions de dollars. Il s'agit de produire progressivement sur 20.000 hectares du blé dur, des fourrages, de l'orge, l'ensilage de maïs et de la pomme de terre, en plus de 5.000 ha pour l'élevage bovin. Les productions attendues à terme, c'est à dire dans sept ans, mais dorénavant un peu plus avec les blocages bureaucratiques, sont selon la fiche technique du projet, 200 millions de litres de lait par an, 297.000 tonnes de pomme de terre au bout de la sixième année, 50.000 tonnes de maïs en grains, 54.000 tonnes de blé dur et également 4.000 tonnes d'amandes. Dès lors, M. Chikhoune estime qu'il faut ?'assouplir les lois pour attirer les investisseurs. D'autant que les risques ne sont pas partagés, contrairement à certains pays.'' Pour le secteur pharmaceutique, ?'cela marche bien, et les entreprises américaines sont là, présentes sur le marché algérien'', a-t-il par ailleurs affirmé.

Quant au retard dans la mise en exploitation d'une ligne aérienne Alger-New York, il a affirmé que ?'nous ne connaissons pas les raisons exactes, et pourquoi il y a cette lenteur et pourquoi cette ligne n'arrive pas à voir le jour''. ?'C'est le souhait du conseil, car elle va faciliter les déplacements des hommes d'affaires et investisseurs''.