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Bedoui à Sétif: «Tout ce qui a été détruit par le terrorisme a été reconstruit»

par Notre Envoyée Spéciale A Sétif : Ghania Oukazi

«Nous avons un taux de raccordement en gaz de ville de 66% à l'échelle nationale et il est de près de 95% dans des wilayas comme Sétif, nous consommons 50% de notre gaz que nous produisons.»

C'est ce qu'à déclaré Nouredine Bedoui hier à partir de la localité de Zraia dans la commune de Baydha Bordj où il s'était arrêté pour mettre en marche le gaz de ville au profit de 1400 foyers si l'on compte avec ceux de la localité de Ouled Si Lakhal. Il avait aussi allumé un chauffage au niveau d'une école de Zraia pour montrer, disent ses cadres, que «le développement local touche toutes les régions du territoire national même les plus reculées.» Le ministre de l'Intérieur a été accueilli à son arrivée par de nombreux citoyens avec banderoles en mains réclamant la construction d'un lycée, des logements et un statut de commune à leur localité. «Je leur promets d'avoir un lycée parce que si sa construction relève de mes prérogatives, la décision d'accorder le statut de commune à Zraia relève des prérogatives du président de la République,» nous a-t-il précisé. En s'arrêtant devant le tableau de présentation du programme quinquennal de la wilaya de Sétif dont le budget est de plus de 1 200 milliards de dinars, Bedoui a tenu à faire remarquer que «durant les années 90, personne ne pensait qu'on allait atteindre un taux de raccordement en gaz de ville et une disponibilité en eau potable aussi élevés, mais aujourd'hui, c'est devenu une réalité.» Il insistera pour mettre en avant le taux de raccordement en gaz de la wilaya de Sétif qui a atteint 95% et touche 60 communes, «celui à Zraia qui est de 100%.». Le ministre a précisé que «dès sa prise de fonction en 99, le président de la République a décidé d'accorder tout ce qu'il faut pour que les besoins des citoyens en gaz de ville et autres soient satisfaits, il n'a pas voulu qu'on exporte toute notre production de gaz pour avoir des devises, les Algériens doivent savoir qu'on consomme 50% de cette production, ce n'est pas de la politique, c'est une réalité.»

«Les P/APC doivent réorienter les capacités de leurs communes»

Bedoui pense ainsi qu'avec «la disponibilité de l'AEP et les raccordements en gaz ainsi que toutes les infrastructures de base et les structures socioprofessionnelles qui ont été construites, l'Algérie a atteint aujourd'hui la phase de réhabilitation de son développement local, elle doit aujourd'hui passer à l'étape supérieure.» Etape pour laquelle il exhorte les autorités locales et particulièrement celles communales pour, dit-il, «réorienter tous nos moyens et toutes nos capacités vers la création de richesses et de petites et moyennes entreprises, chaque région selon ses spécificités.» Bedoui est conscient que ni les walis ni les chefs de daïras encore moins les P/APC n'ont la présence d'esprit d'aller vers les quartiers et en recenser les besoins, les capacités, les compétences de la ressource humaine existante. Pourtant, dit-il, «il faut que ça se fasse !». Il rappelle que «le président de la République a tenu à ce que l'Etat accorde le plus gros budget aux besoins sociaux des citoyens, il faut qu'il soit rentabilisé pour le développement local.» Il assure que «tout ce qui a été détruit par le terrorisme durant les années 90, a été reconstruit, aujourd'hui que la paix a été instaurée et la stabilité acquise, les citoyens doivent comprendre qu'il faut absolument préserver les acquis et rentabiliser tout ce qui a été construit, il faut lancer les investissements productifs, les prix actuels du pétrole sont une aubaine pour nous pour qu'on se mette à produire.» Bien qu'il reconnaît qu'«on n'est pas arrivé au summum du développement», il a affirmé qu'«on a enclenché une dynamique de développement local qui permet de produire dans tous les domaines.» Le ministre n'a pas manqué de lancer que «Sétif est une région que j'apprécie, j'y ai été wali de 2004 à 2010.» Les Sétifiens le lui rendent bien en l'applaudissant bien fort et en le comblant d'éloges. Ils voient même en lui? le futur Premier ministre. «Il le mérite bien !» disent beaucoup d'entre eux. L'on rappelle pour la circonstance que Bouteflika semblait lui aussi avoir une affection particulière à cette région. «Il est venu 11 fois en visite dans la wilaya de Sétif,» fait savoir une députée. Des observateurs avaient, à l'époque des sorties du président, estimé que Sétif était importante pour lui parce qu'elle a le nombre le plus élevé d'électeurs à l'échelle nationale (après Alger). Son entourage a réfuté cette explication et pense plutôt que le président apprécie les Sétifiens parce que dit-on «ils sont ambitieux et bosseurs.»

«C'est fini les constructions illicites»

Le ministre de l'Intérieur a instruit les autorités locales précisément celles communales pour «ne toucher les budgets communaux que pour répondre aux besoins sociaux des citoyens.» Sa réflexion était adressée au P/APC d'El Eulma qui lui avait demandé de l'argent pour construire une trémie. «La trémie ne relève pas de vos prérogatives, occupez-vous des besoins des citoyens et de ceux inhérents à la commune que vous gérez,» lui a-t-il répondu. Dans la commune de Baydha Bordj, il a d'ailleurs refusé d'inaugurer une école primaire avant qu'il ne lui soit précisé qu'il y a un budget de plus d'un milliard pour la réalisation d'une cantine.

Il a lancé à l'encontre de «ceux qui construisent sans autorisation que leurs constructions seront désormais détruites. Il précisera que «la décision ne concerne pas que Sétif mais l'ensemble du pays, c'est fini les constructions illicites !»

Bedoui a dû se rendre compte que les autorités locales n'attendent que les visites officielles pour «descendre» sur le terrain. Les ministres ne se retournent peut-être pas derrière eux pour voir le nombre de personnes qui les suivent dans leurs déplacements à travers les différentes wilayas. Les autorités locales continuent de donner à ces visites pourtant censées être «d'inspection et de travail», un cachet folklorique, de zerda et même de loisirs. Groupes folkloriques de tout genre, fantasia, baroud, youyous, des enfants avec des bouquets de fleurs même dans les régions où rien de vert ne pousse? Ceci, sans compter le nombre de voitures qui constituent le cortège officiel et les quantités de carburant utilisées? Lourde facture pour les caisses locales à chaque visite officielle. «Pour que ça marche, il faut changer les mentalités !» disent des cadres. Dur défi?

Le ministre de l'Intérieur a rencontré en fin de journée les représentants de la société civile au niveau de l'université Ferhat Abbas de Sétif. Il restera dans la wilaya jusqu'à demain mardi pour commémorer le 8 mai 45 en présence d'autres ministres.