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Conférence à Bruxelles: «Quand l'Algérie était seule, face au terrorisme»

par Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med

  Retour sur un fragment de mémoire douloureuse de l'Algérie des années 1990 pour exorciser le mal et redoubler de vigilance, face à la menace de l'hydre terroriste.

Saisissant l'occasion du débat autour de la question de l'Islam en Europe, l'Association les Amitiés belgo-algériennes (LABA) a consacré, à Bruxelles, un cycle de conférences mettant en débat plusieurs thématiques dont la question féminine (Femmes et Islam), l'Islam et la modernité ou encore, comme ce fût le cas jeudi dernier, l'expérience algérienne face au terrorisme des années 1990-2000.

« Quant l'Algérie était seule face au terrorisme » a été le titre générique de cette rencontre, durant laquelle, des témoignages de journalistes, d'une enseignante, d'une ingénieure chercheuse et d'une écrivaine ayant vécu la terrible tragédie qui a frappé l'Algérie, ont servi au débat. Au-delà de l'hommage à la mémoire et la résistance, dans la solitude, des Algériens à l'hydre du terrorisme, il a été question du présent et du futur de l'Algérie, en ces moments de vives interrogations du rapport de l'Islam - politique et société. En évoquant le vécu actuel du pays et de la conjoncture internationale, notamment celle vécue par une bonne partie des pays à majorité musulmane, les présents se sont interrogés sur le risque ou pas d'un retour de la « bête immonde du terrorisme » dans le pays. De l'avis général, l'Algérie est immunisée contre le fléau du terrorisme islamiste, tant elle a vécu seule l'horrible décennie du dernier siècle et payé un lourd tribu, dans toutes les strates de la société: paysans, travailleurs, enfants, cadres chercheurs, universitaires, écrivains, artistes, journalistes...près de 200.000 martyrs et des centaines de milliers de handicapés, d'exilés et de traumatisés à vie. Cependant, le débat a été unanime sur le fait de ne « jamais baisser la garde » face aux multiples tentatives des mouvements radicaux islamistes qui, eux, sont toujours en éveil et à l'affût de la moindre faiblesse des sociétés musulmanes, en particulier.

L'actualité nous le rappelle régulièrement, via les attentats terroristes, violences sociétales et guerres dans des pays détruits par le fameux « printemps arabe ». Presque 20 ans après s'en être sortis, seuls, de « leur tragédie », les Algériens font, aujourd'hui, preuve de résilience, de compassion et de solidarité avec les peuples frappés par le terrorisme, quelles que soientt sa nature et sa revendication. S'il n'y a aucune rancune contre cette communauté internationale qui non seulement avait abandonné l'Algérie à son triste sort, mais l'avait isolée dans un black-out total, il en reste, aujourd'hui, encore une « colère » et de multiples interrogations au sujet de la persistance de foyers et groupes armés terroristes qui frappent encore, au nom d'un islam obscur, en particulier des peuples et sociétés pauvres et fragiles. Et que dire, par exemple, du terrorisme d'Etat pratiqué par le gouvernement d'extrême droite israélien, à l'encontre de manifestant pacifiques palestiniens, sans que cette « communauté internationale » ne réagisse fermement ? Sans doute est-ce pour donner tout son sens au combat contre le terrorisme que cette rencontre-débat eut lieu au siège de la Délégation palestinienne, à Bruxelles, et à laquelle a assisté son Excellence l'ambassadeur palestinien ainsi que le premier secrétaire de l'ambassade d'Algérie à Bruxelles.

Rappelons que la présidente de l'Association «LABA», Mme Ghezala Chérifi, à l'origine de ce cycle sur l'Islam et société a tenu à remercier les autorités belges, notamment la Communauté Wallonie-Bruxelles et la région de Bruxelles capitale pour leur soutien et encouragements. Signalons, par ailleurs, que ce cycle de conférences se poursuit avec l'ultime rencontre du 8 mai consacrée à un hommage aux tirailleurs africains et maghrébins, durant les deux guerres mondiales avant de clôturer le 12 mai par une soirée musicale célébrant la mémoire de la défunte Warda El Djazaïria.