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Mesures de sauvegarde de l'économie algérienne: Alger et Bruxelles cherchent des solutions conformes à l'Accord d'association

par Moncef Wafi

Revenant sur la dernière passe d'armes entre Bruxelles et Alger concernant le dispositif algérien de sauvegarde de l'économie nationale, la Commission européenne a confirmé que ces dernières «ont fait l'objet d'un échange de correspondance» en haut lieu.

Rappelons qu'au lendemain des déclarations de la Commissaire européenne du Commerce, Cécilia Malmstrom, devant l'Assemblée nationale française sur les mesures prises par l'Algérie et qualifiées de «non conforme à l'accord de libre-échange», le ministre du Commerce avait indiqué que des explications ont été données aux partenaires européens à propos des actions provisoires prises par l'Algérie pour réduire ses importations face aux difficultés financières «particulièrement au niveau de la balance commerciale et celle des paiements». Dans un rapport sur l'état d'avancement des relations entre Bruxelles et Alger, publié en prévision du 11ème Conseil d'association UE-Algérie qui se tiendra le 14 mai prochain dans la capitale belge, la Commission européenne a confirmé ces échanges de correspondances entre les deux parties. Citée dans le communiqué de la Commission européenne diffusé à l'occasion de la publication dudit rapport, la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a souligné que l'Europe analyse de manière conjointe avec l'Algérie «l'impact de ces mesures dans le commerce bilatéral et l'environnement des affaires en Algérie et cherchant des solutions conformes aux termes de l'Accord d'association». Federica Mogherini a également affirmé que le partenariat bilatéral «progresse et se consolide», expliquant que la réforme du système de gouvernance politique en Algérie «reste au cœur» de ce partenariat bénéficiant de l'appui de l'UE «pour sa mise en œuvre, en particulier dans les domaines de la justice et de la démocratie participative. Pour rappel, et au chapitre de la coopération bilatérale et depuis 2011, l'UE a fourni à l'Algérie une assistance financière totalisant 273,3 millions d'euros. Sur la période 2014-2017, la coopération entre l'UE et l'Algérie s'est concentrée sur la réforme de la justice, le renforcement de la participation des citoyens à la vie publique, la réforme du marché du travail et l'emploi, ainsi que la diversification de l'économie. Pour les années 2018 à 2020, cette coopération visera principalement les priorités du partenariat nouvellement définies comme le dialogue politique, la gouvernance, l'État de droit et la promotion des droits fondamentaux ou encore les échanges et l'accès au marché, le partenariat sur l'énergie, le changement climatique, l'environnement et le développement durable, le dialogue stratégique et la sécurité ainsi que les migrations et la mobilité. Le document européen souligne aussi la «volonté politique» de rapprochement des deux parties afin de faire face aux défis communs en matière de développement et de sécurité qui s'est traduite par de nombreuses visites à haut niveau échangées. L'exécutif européen a soutenu, dans son communiqué, que des «progrès tangibles» ont également été réalisés dans de nombreux domaines, s'étendant de la justice, à l'agriculture et à la pêche, en passant par la recherche et la protection civile, dans un cadre bilatéral ou régional. Ainsi, les taux de croissance économique en Algérie sont restés «relativement élevés» entre 2013 et 2016 malgré la chute drastique du cours des hydrocarbures, a affirmé la même source. La Commission européenne a fait remarquer, dans son rapport, que le niveau de la dette publique «reste bas» au regard des standards internationaux avec la dette publique extérieure qualifiée de «négligeable».

Bruxelles a rappelé également que, dans le domaine de la production gazière, des accords de partenariat avec des compagnies, y compris européennes, pour l'exploitation conjointe de gisements d'hydrocarbures et la réalisation de travaux additionnels pour augmenter les réserves exploitables ont été négociés ou sont en cours de renouvellement. En ce qui concerne les énergies renouvelables, on a souligné que «l'Algérie dispose d'un potentiel considérable, mais peu exploité», faisant remarquer qu'Alger a adopté «une stratégie nationale pour la promotion de ces énergies à grande échelle». Lors des travaux de la 10e session du conseil d'association Algérie-UE, Bruxelles a consacré 10 millions d'euros au volet énergétique à travers le développement des énergies renouvelables et de soutien à la promotion de l'efficacité énergétique en Algérie. Ce programme devant permettre de mettre en place un cadre institutionnel et réglementaire pour la production d'énergie à partir de sources renouvelables et pour la mise en œuvre de projets en faveur de l'efficacité énergétique. Il devra contribuer également à promouvoir les investissements privés (nationaux et étrangers) dans ce domaine. Sur le plan sécuritaire, la Commission européenne insiste sur le rôle de l'Algérie qui demeure un «acteur-clé» au niveau régional et international pour la sécurité. L'Europe a également salué la contribution algérienne à la stabilisation de son voisinage immédiat et son rôle «significatif» de médiation dans les crises malienne et libyenne. Mettant en exergue l'expérience de l'Algérie en matière de prévention de la radicalisation et de lutte contre l'extrémisme violent, l'UE a affirmé que le partage d'expériences avec l'Algérie est «une volonté commune» à cause des défis actuels des pays européens en matière de radicalisation et de terrorisme.