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L’euro faiblit

par Akram Belkaïd, Paris

Où en sont les deux grandes monnaies internationales ? Pour l’euro, les temps semblent orientés à la baisse. A l’inverse, le dollar garde un cap haussier sans, pour autant, trop s’apprécier. Comme de coutume, les considérations de conjoncture économique et les nouvelles sur le plan géopolitique influent sur le marché des changes. Pour l’heure, et en attendant plusieurs rapports économiques, dont celui de la Réserve fédérale américaine (Fed), l’euro baisse par rapport au billet vert et plusieurs spécialistes pensent même qu’il pourrait passer au-dessous du seuil de 1 euro pour 1,20 dollar (actuellement, la devise européenne fluctue en moyenne autour de 1,2050 dollar).

Conjoncture et taux

La première raison qui explique un tel glissement est que la croissance économique en Europe demeure faible. Du coup, la Banque centrale européenne (BCE) ne va certainement rien faire qui puisse entraver l’activité. Même si l’institution financière va cesser son programme d’achats d’actifs sur les marchés d’ici la fin de l’année, elle n’envisage pas (encore) de remonter ses taux d’intérêt. Il faudrait pour cela que l’activité soit plus dynamique et que les pressions inflationnistes augmentent. C’est loin d’être le cas actuellement.

Or, pour les cambistes, c’est, entre autres, la perspective d’une hausse des taux d’intérêt qui leur fait acheter une devise. Si les taux en Europe restent modérés, cela signifie que les rémunérations d’actifs libellés en euros seront moins élevées. Cela profite donc au dollar car la situation est différente aux Etats-Unis. Là-bas, la croissance est forte, la création d’emploi reste soutenue (ce qui va conforter la consommation) et la Fed pourrait bientôt augmenter ses taux, si elle ne le fait pas dès cette semaine. Pour les banquiers centraux américains, il est temps de donner un petit coup de frein à l’inflation (par le biais de l’augmentation des taux d’intérêt). Cela profite donc au dollar.

Une autre raison qui explique la désaffection (très relative) à l’égard de l’euro est que le vieux continent reste marqué par une phase d’incertitude. Certes, les négociations liées au Brexit avancent quand même mais la situation reste encore confuse et on a encore du mal à connaître l’impact du retrait britannique sur la marche de l’Union européenne. Bien sûr, la Grande-Bretagne n’a pas adopté l’euro mais Londres reste une place financière importante et la monnaie unique dépend aussi des milliards d’euros qui y sont échangés chaque jour sous la forme de multiples transactions en divers marchés. Or, ces derniers n’aiment guère l’incertitude et la règle actuelle chez nombre d’opérateurs est de s’exposer le moins possible au « risque euro ».

Potentiel d’appréciation

Les temps, pas si lointains, où l’on s’interrogeait sur l’avenir de l’euro ne sont plus de mise. La crise grecque, les tensions sur les dettes publiques, les impacts de la crise des subprimes : tout cela semble appartenir au passé. L’euro, à 1,20 dollar voire 1,19 dollars, ce n’est pas non plus une catastrophe. Mais il faut aussi se souvenir qu’il fut une époque, là aussi peu éloignée, où l’on évoquait un euro à 1,40 voire à 1,50 dollar. Pour reprendre une vieille expression, la devise européenne est donc loin de son « potentiel d’appréciation ».