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Sonatrach: Retour des compagnies étrangères, gaz de schiste et raffinage

par Moncef Wafi

  Les réserves de l'Algérie en pétrole et gaz sont «énormes», a tenu à rassurer le P-dg du groupe Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour, dans une conférence de presse consacrée à la présentation du bilan de la compagnie nationale des hydrocarbures pour 2017.

Un potentiel national en hydrocarbures «très important» qui continue d'attirer de plus en plus de partenaires étrangers, preuve en est la grande affluence des grandes compagnies pétrolières mondiales qui ont pris part, en avril dernier, à la 11ème édition des Journées scientifiques et techniques (JST) de Sonatrach qui s'est déroulée à Oran. Il soulignera, à ce propos, la volonté de la compagnie norvégienne Statoil de revenir en Algérie, pendant que des négociations sont menées pour l'installation du major américain Exxon Mobil dans le pays. Concernant la compagnie américaine, le premier responsable de Sonatrach avait évoqué le sujet, lors des 11e JST, déclarant que le contact avec Exxon Mobil s'est concrétisé récemment lors d'une visite d'une délégation de la compagnie coïncidant avec la présence en Algérie d'une délégation du Congrès américain qui s'était rendue à El Merk «et qui était très satisfaite». Pour autant, il a indiqué que la découverte de ces réserves de pétrole et de gaz «nécessite énormément de travail». Concernant le potentiel national en gaz de schiste et la place qu'occupe cette option énergétique dans la stratégie de Sonatrach pour 2020/2030, Ould Kaddour a affirmé que l'Algérie occupait la troisième place dans le classement mondial des réserves de ce type de gaz. Annonçant, à cet effet, que «tôt ou tard, nous serons amenés à utiliser le gaz de schiste», le P-dg du groupe a reconnu les erreurs commises à In Salah, il y a une dizaine d'années, estimant que «les expériences vécues doivent être prises en considération» pour éviter les mêmes erreurs «à l'avenir». Ould Kaddour a de nouveau confirmé cette alternative : «Nous y arriverons au gaz de schiste», toutefois en insistant sur l'aspect environnemental, expliquant que la technologie a extrêmement évolué depuis les premiers essais effectués à In Salah. «Si vous visitez actuellement les champs de gaz de schiste, vous allez constater à quel point ils sont propres et respectueux de l'environnement», a-t-il précisé. En octobre 2017, le ministre de l'Energie avait indiqué que le dossier est encore au stade d'étude et sera traité d'une manière «convenable» à l'instar de ce qui se fait dans les autres pays.

Le Premier ministre avait insisté, d'Arzew, sur la nécessité d'investir dans le domaine du gaz de schiste. «Nous estimons que Sonatrach dispose de capacités nécessaires pour expliquer aux Algériens qu'il ne s'agit pas là d'une démarche aventurière mais d'une option visant à garantir l'avenir en matière énergétique», a-t-il notamment déclaré. Ainsi, le ministre a tenu à prendre en exemple les nouvelles technologies permettant d'extraire le gaz du schiste avec moins de risques environnementaux.

Par ailleurs, et lors de cette conférence de presse, Abdelmoumen Ould Kaddour a affirmé que le raffinage du brut algérien à l'étranger était plus rentable pour l'Algérie que l'importation des produits finis. Il a expliqué qu'elle consistait à raffiner elle-même le brut algérien à l'étranger pour ensuite ramener les produits raffinés et satisfaire la demande nationale. Une solution qualifiée de «la plus rapide possible», selon lui, qui permet de réduire considérablement le coût de l'importation des produits raffinés, estimé à environ 2 milliards de dollars annuellement. Mustapha Mekideche, vice-président du Conseil national économique et social (CNES), avait annoncé, lui, une facture supérieure à ces 2 milliards, précisant que «c'est l'équivalent de nos exportations en hors hydrocarbures». Le Premier ministre avait donné le chiffre d'un milliard de dollars par an pour importer du carburant. Ouyahia expliquera cette situation par le manque de raffineries estimant toutefois que «l'entrée en activité prochaine des projets de raffineries permettra de cesser les importations des carburants dans quelques années». Des propos rassurants mais qui, depuis des années, n'ont guère dépassé le stade des bonnes intentions puisque déjà, en 2014, on avait annoncé, du côté de Sonatrach, que le pays cessera d'importer du gasoil en 2015 grâce à la réhabilitation de ses raffineries qui fonctionneront à plein régime à partir de cette date. En 2012, Sonatrach a importé environ 2 millions de tonnes de gasoil et 500.000 tonnes d'essence alors qu'on a eu recours aux importations pour combler le déficit créé par les arrêts pour entretien et rénovation des raffineries d'Alger, Skikda et Arzew. La secrétaire générale du ministère algérien de l'Energie, Mme Fatma Zohra Cherfi, avait indiqué dernièrement que 3 millions de tonnes de gasoil et essence sont importées par l'Algérie pour un milliard de dollars annuellement. A ce sujet, Ouyahia a expliqué que 11,5 millions de tonnes de carburants sont raffinés en Algérie, insuffisant tout de même face à la demande actuelle estimée à 15 millions de tonnes. Rassurant, le Premier ministre a de nouveau souligné que l'entrée en activité prochaine de plusieurs raffineries devra inverser la tendance. Il a ainsi évoqué la raffinerie d'Alger qui devrait être théoriquement livrée en décembre alors que les travaux de réalisation de la raffinerie de Hassi Messaoud seront entamés en janvier 2018. Il a aussi parlé de la raffinerie de Tiaret dont l'appel d'offres devrait être lancé «très bientôt (?). Une fois toutes ces réalisations finies, le pays deviendra exportateur de carburants», a-t-il tenu à rassurer.

Ainsi et pour répondre aux besoins nationaux en produits raffinés, Sonatrach a lancé un vaste programme de développement de l'industrie pétrochimique en deux axes : la réhabilitation des vieilles raffineries pour porter les capacités installées de 22 à 27 millions de tonnes par an et la réalisation de nouvelles raffineries. Le plan de réhabilitation, qui coûte 4,5 milliards de dollars à Sonatrach, concerne les raffineries d'Alger, Arzew et de Skikda.