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Aïn Témouchent: Surcharge aux urgences de l'hôpital Ahmed Medeghri

par Saïd Mouas

Les urgences médico-chirurgicales de l'hôpital Ahmed Medeghri d'Aïn Tméouchent, plus sollicitées par rapport aux urgences de la clinique Es-Sabbah conçue pour les petits soins, est un édifice construit au milieu des années 80 qui ne répond plus aux besoins actuels de la population de la localité.

D'autant que la majorité des 28 communes que compte la wilaya achemine leurs malades vers ce pôle de 18 lits seulement, lequel ne dispose toujours pas de tous les moyens adéquats pour faire face à la demande. Pourtant cette structure a connu tout au long de son fonctionnement une série d'aménagements souvent coûteux mais dont l'impact reste peu perceptible au vu de son état présent : salles de malades humides avec un système de climatisation défectueux, manque d'équipements, même pas de tables de nuit ni chaises pour les visiteurs, toilettes repoussantes, literie insuffisante?

Au plan de l'accueil, un seul bureau de consultation fait office de salle de tri relayée par deux autres salles de soins qui manquent parfois de médicaments ainsi qu'un bloc opératoire jouxtant 03 salles dont une de réanimation dotée de moyens élémentaires éventuellement inadaptés pour la prise en charge de malades lourds. Le tout encadré par des équipes médicales et paramédicales qui tentent tant bien que mal de secourir les nombreux patients venus souvent en catastrophe. Le personnel fait ce qu'il peut mais les conditions de travail obligent dans certains cas les toubibs de garde à évacuer des blessés vers d'autres hôpitaux voisins tout simplement parce qu'ils nécessitent des examens approfondis par des spécialistes non programmés au niveau du calendrier de garde dont l'élaboration continue en 2018 à prévoir des «gardes vides». Au total, ce sont 129 personnes dont 06 chirurgiens, 22 médecins généralistes et 71 paramédicaux qui assurent le fonctionnement des UMC lesquelles ont enregistré durant l'année 2017 un taux de fréquentation de 147,44% soit 5.923 malades, plus que leurs capacités.

Un fort potentiel parfois inopérant lorsqu'il s'agit par exemple de transférer vers une autre wilaya un malade qui nécessite dans l'urgence un scanner, une IRM ou une endoscopie voire une coronographie à cause des pannes récurrentes qui affectent le matériel d'exploration des hôpitaux de Témouchent. Il est de notoriété que la maintenance représente le talon d'Achille de nos établissements hospitaliers. Non, franchement si les citoyens n'ont plus confiance en leur médecine, ce n'est pas tant en raison de la faiblesse des effectifs de médecins mais parce que la gestion de nos unités de soins souffrent d'un flagrant déficit de management. Nous avons de grandes compétences médicales et chirurgicales mais la modernisation et le rendement des hôpitaux passent par une meilleure utilisation des ressources tant humaines que matérielles. Et à ce titre les responsables des structures de santé devraient faire l'effort de sortir de temps à autre de leur bureau afin de s'enquérir du fonctionnement des centres de soins et recenser les lacunes.

Les UMC d'Aïn Témouchent méritent une attention plus soutenue de la part des gestionnaires de l'hôpital. Aussi, si ces dernières (les UMC) s'avèrent obsolètes par rapport aux exigences de l'heure, pourquoi ne pas envisager dès maintenant une structure de remplacement plus conforme au statut du chef-lieu de wilaya. Ou, à tout le moins, aménager comme il se doit l'actuel pavillon des urgences en procédant par exemple à des extensions à l'intérieur du site. Juste pour demeurer dans le giron de l'hôpital Ahmed Medeghri et profiter évidemment de sa proximité.

Par ailleurs, d'aucuns souhaitent l'implication de l'établissement hospitalier Dr Benzerdjeb qui possède des atouts indéniables en la matière mais la création d'une unité de soins d'urgence au sein de ce fleuron local de la santé, au demeurant préconisée, a été renvoyée aux calendes grecques en raison de la crise financière. D'autant que l'EH Benzerdjeb, selon une source, traînerait une dette avoisinant les 80 milliards de centimes. N'a-t-on pas, il y a de cela plusieurs années, inauguré une plaque -elle existe toujours- au niveau du terrain mitoyen au cimetière juif situé face à l'entrée du bâtiment portant l'inscription « Urgences médico-chirurgicales », une aile de l'EH qui devait servir au départ à cette fin avant qu'elle ne soit convertie en bureaux administratifs.

En attendant, il est possible de cibler certaines spécialités médicales qui pourraient faire l'objet d'une permanence en cas de besoin notamment dans les domaines cardiovasculaire, ORL ou ophtalmologique. Une complémentarité dont bénéficieraient grandement les malades de la wilaya confrontés qu'ils sont à des situations d'urgence faute d'une prise en charge matérielle appropriée. Alors que la santé est à l'étroit, on n'a pas trouvé mieux, du reste, il y a une année, que de céder la première polyclinique de la wilaya, jouxtant l'hôpital Medeghri, à des œuvres sociales d'une importante institution. Ce n'est plus l'hôpital qui se moque de la charité mais la charité qui se moque de l'hôpital...