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Football - Incidents à Constantine et Oran: Des remèdes appropriés à appliquer d'urgence

par A.L.

Décidément, les stades algériens sont devenus très dangereux pour tout le monde, y compris les services de sécurité, contraints d'y faire face.

Une fois de plus, la violence a fait des siennes, cette fois à Constantine et à Oran, sous les caméras de la télévision. Et pourtant, compte tenu du contexte lié aux tragiques conséquences du crash de l'avion militaire, il aurait été plus sage de reporter ces deux matches à gros enjeu sportif.

En cette fin de saison, en raison des sanctions sportives, titre, coupe et relégation, la tension monte de plusieurs crans et touche plus particulièrement les supporters, joueurs, dirigeants et les arbitres qui se trouvent dans ces stades devenus de véritables chaudrons. D'après ce que nous voyons, ce qui se passe dans les stades européens où aller voir un match constitue un loisir et une sortie familiale, chez nous, c'est une authentique expédition où on ne sait jamais comment elle va se terminer. En Algérie, tout le monde veut gagner, bafouant ainsi le principe même du sport où il y a toujours un vainqueur et un vaincu.

Dans cet article, il n'est pas question de s'interroger sur les multiples raisons de ces désolants et inadmissibles dérapages, cette mission revient aux sociologues, bien mieux qualifiés que nous pour apporter des réponses. Il y a des questions à poser pourtant.

A titre d'exemple, on se demande comment des pseudo-supporters ont pu accéder aux tribunes du stade Hamlaoui de Constantine les poches pleines de gros cailloux balancés par la suite sur le terrain, à la consternation générale, et plus particulièrement des arbitres et des joueurs qui n'ont pu se consacrer sur le jeu. D'ailleurs, le coach français du MCA, Casoni, a tout à fait raison de s'exclamer : «Ne me parlez pas de football». Effectivement, les lois du jeu prévoient l'arrêt des matches dans ces cas de figure, ce que les arbitres, uniques décideurs en la matière après concertation avec le délégué, n'ont pas appliqué, ce qui constitue une grave anomalie et une entorse aux règlements.

Décidément, le football n'est qu'un prétexte à cette inadmissible et éternelle violence qui a fini par lasser les vrais sportifs, et pas seulement ceux qui ont encore le courage d'aller au stade. En effet, on a appris que de nombreux téléspectateurs ont pris ce vendredi la décision d'éteindre leurs téléviseurs, une façon de «préserver» leurs familles et, surtout, leurs enfants.

Tant à Constantine qu'à Oran, on a eu à déplorer des bagarres entre les fans des équipes en lice, ainsi que des affrontements avec les services d'ordre, l'intervention de ces derniers ayant permis, heureusement, de limiter les dégâts. Selon un communiqué de la Sûreté d'Oran, les trois mineurs qui ont pénétré sur le terrain ont été appréhendés, alors que sept policiers ont été admis à l'hôpital pour recevoir les soins nécessaires après des blessures légères suite à des affrontements avec supporters en dehors du stade Ahmed Zabana. Dans le même communiqué, la Sûreté a précisé que deux téléphones et des papiers administratifs appartenant aux arbitres de la rencontre ont été récupérés après que le vestiaire de ces derniers a été vandalisé.

Aussi, la Sûreté d'Oran a nié tout envahissement de terrain par les supporters et s'est félicitée de la bonne réaction du service de sécurité qui était mis en place. Par ailleurs, à Constantine, selon un premier bilan, par moins de 70 supporters du MCA ont été arrêtés et de nombreux blessés ont été dénombrés dans le camp de la police.

Pourquoi toute cette violence et quels sont les remèdes appropriés à appliquer ? Faut-il, comme l'ont suggéré de nombreux sportifs, arrêter les compétitions ? On pourrait poser d'autres questions tant le phénomène de la violence est récurrent et très grave. Aux grands maux les grandes remèdes, dit-on. Il convient dès lors de réfléchir à toute une batterie de sanctions appropriées afin de juguler ce véritable cancer qui risque de tuer le sport.