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Bilan 2017, prévisions 2018: De l'alarmisme à l'optimisme sans égal

par Ghania Oukazi

Du discours alarmant et alarmiste qu'il a tenu en septembre dernier devant l'APN, le 1er ministre est passé hier à un optimisme sans égal pour affirmer que «malgré les difficultés financières du pays, l'année 2017 a enregistré des résultats respectables».

Ahmed Ouyahia a fait hier le point sur la situation politique, économique, sociale et sécuritaire du pays. Il a commencé par renouveler les condoléances du gouvernement aux familles des victimes de la catastrophe aérienne survenue mercredi dernier à l'aéroport militaire de Boufarik. «Nous exprimons notre solidarité aux familles et à notre armée qui se sacrifie pour la sécurité du peuple et du pays,» a-t-il dit.

Chiffres à l'appui, le 1er ministre se placera très loin de l'alarmisme qu'il a exprimé lorsqu'il a présenté en septembre dernier son plan d'action devant l'APN. «Les difficultés financières des dernières années ont conduit au gel de nombreux projets dans de nombreux secteurs. Avec le concours aux emprunts du Trésor public auprès de la Banque Centrale (en octobre 2017), le gouvernement a procédé au dégel de plus de 1500 projets pour un montant total de plus de 260 milliards de DA,» rapporte-t-il.

«Malgré les difficultés financières du pays, l'année 2017 a enregistré des résultats respectables,» a-t-il assuré. Mieux encore, Ouyahia se projettera sur 2018 pour affirmer que «d'ici à la fin de l'année, les résultats au plan économique et social seront mieux que ceux de 2017.» Parce que, a-t-il soutenu, «l'Etat a augmenté son budget d'équipements, donc il y aura hausse des investissements, les pluies garantissent aussi de meilleurs rendements dans l'agriculture.» Il nuancera néanmoins ses propos pour souligner que «la crise n'est pas réglée, l'Etat continue par le Trésor public de s'endetter auprès de la Banque Centrale.» Il fait savoir ainsi qu'en 2017 «le Trésor public a emprunté de la Banque Centrale 2200 milliards de dinars dont 570 ont été alloués au budget de l'Etat et le reste attribué aux banques, à la construction des logements AADL et au paiement des créances de Sonelgaz et Sonatrach». Il répond à ses détracteurs «qui ont lié le financement non conventionnel à une hausse indéniable du taux d'inflation en affirmant que «le taux d'inflation était de 6,4% en octobre 2017, en décembre de la même année, il est descendu à 5,5%, en janvier 2018 à 5,2 et en février dernier à 4,9%.» Il avoue que le taux de chômage a aussi augmenté. Le 1er ministre ne nie pas que «la crise des hydrocarbures a été mortelle, plus difficile que celle de 1989 mais les décisions du président ont été pragmatiques, je rappelle le paiement de la dette extérieure, le programme des réformes, l'endettement public interne.» Il estime alors que «l'endettement public interne (non conventionnel) n'est pas une aventure, avec le programme des réformes, il permet de rééquilibrer les finances de l'Etat, lui assurer ses dépenses et relancer l'économie».

Plus optimiste que jamais, Ouyahia promet de rendre public le bilan du gouvernement d'ici à la fin de l'année, et précise-t-il «celui du 4ème mandat du président de la République, celui de 20 années de réalisations du programme du président (2000 - 2018)». Il fait remarquer au passage que «ce n'est que dans quelques jours que débutera la 5ème année du 4ème mandat du président».

Interrogé sur la récente sortie du président «si elle a été pour qu'il demande un 5ème mandat ou pour faire ses adieux,» le 1erministre répond «c'est désolant !, si on le voit on pense à ça, si on ne le voit pas, on demande où il est, ça été une occasion pour les citoyens de le voir, il est vrai qu'il n'a plus ses forces de 2008, on ne cache pas les vérités !» Il continuera sur le sujet «si on le voit à la télévision quand il reçoit des étrangers, on dit que c'est une poupée (doumia), qu'on a trafiquée les images, c'est tragique ! C'est authentiquement algérien malheureusement !». Il interroge alors «vous voulez rentrer le président dans les élections ? Laissez-le gérer les affaires du pays, le reste n'est que supputation !».

L'on apprend que dès que la conférence a pris fin, la présidence de la République a demandé à certains spécialistes-observateurs de faire une analyse des réponses du 1er ministre. «Est-ce que la presse a qualifié le président de poupée (doumia) comme il l'a avancé ? Quand ?,» a-t-on interrogé. Encore une fois, les propos de Ouyahia sont disséqués. Chez les Bouteflika, le diable est vraiment dans le détail...