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Ouyahia: Nouvelle politique des subventions au 2ème semestre 2019

par Ghania Oukazi

«Si le gouvernement a moins de pressions financières, cela ne veut pas dire qu'il a moins d'activités sur le terrain, il a réglé de nombreux problèmes des citoyens», s'est défendu Ouyahia devant les journalistes venus nombreux hier au Centre international des conférences (CIC) Abdelatif Rahal de Club des Pins d'Alger.

Et à ceux qui pensent, dit-il, que «le gouvernement gère les affaires courantes ou les affaires stratégiques, ce sont des commentaires, on respecte tout le monde, majorité et opposition». Y a-t-il crise entre la présidence de la République et le gouvernement ? «Le 1er ministre est nommé par le président, si ça ne marche pas, la solution est très simple, il l'enlève !», répond-il. Le récent remaniement partiel du gouvernement lui fait dire qu' «il a été fait pour régler la situation de 4 ministères, le président a sifflé la fin des supputations de ceux qui ont rêvé d'autre chose, il y a eu la surprise(?), on travaille, on s'acquitte d'un devoir, ou pensez-vous que c'est le ministre qui fait face à des problèmes qui doit partir ?» La ministre de l'Education a, dit-il, eu de la patience et du courage pour régler les problèmes, celui de la Santé continue le dialogue. On n'acceptera jamais de désertification médicale de nos hôpitaux, les spécialistes doivent être sur tout le territoire, le service militaire est un devoir national mais les résidents ont eu la garantie qu'il sera tranché du service civil, à l'Enseignement supérieur, certains problèmes sont réglés, d'autres s'ils continuent leur grève, ils se retrouveront dehors d'ici la fin de l'année !, tous les Algériens font leurs études avec l'argent du contribuable !», prévient-il.

Ouyahia va au fond de sa pensée en soutenant que «plus on s'approche de 2019, plus la fièvre politique monte». A ceux qui veulent qu'il parte, il dit «parfois certains intérêts dérangent, comme la décision de la hausse du budget de l'Etat, la guerre menée contre certains milieux aussi?»

«Un problème sensible»

Il affirme à propos du soutien des prix des produits de large consommation que «la politique des subventions a évoluée, nos moyens ne sont plus ceux d'hier, elle est à corriger, il faut définitivement clarifier que les couches défavorisées n'en seront pas victimes, les pouvoirs publics feront tout leur possible pour épargner la classe moyenne (colonne vertébrale d'un pays)». Il annonce l'existence de «deux chantiers, le premier au ministère des Finances en coordination avec la Banque mondiale pour profiter de l'expertise de certains pays et le second au niveau du ministère de l'Intérieur parce qu'il a bien avancé en informatique, on va faire un recensement économique de tous les Algériens sur cette base, il y aura des lacunes au début mais on avancera, on saura qui est qui, qui en a besoin, de quel niveau de subventions ?» Il promet que «durant cette année, il n'y aura aucun changement dans les subventions». La mise en œuvre des résultats des deux chantiers interviendra, selon lui, au 2ème semestre de 2019. «On ne doit pas s'aventurer, c'est un problème sensible, il lui faut du professionnalisme et de la vigilance», dit-il. A propos de la réduction des importations, il reconnaît que «le décret rendu public comporte certaines lacunes, ça va prendre 2, 3 ou 5 années pour produire et créer de l'emploi ? Le montage serait venu sans cette restriction ? On doit analyser !», pense-t-il. Il prévient qu' «on va assainir tous les 3 ou 6 mois, plus la production nationale couvre le marché local, plus on diminue de l'importation». Il trouve cependant le chiffre de 10 milliards DA de réduction des importations par an que «c'est un optimisme à saluer mais un peu difficile à atteindre parce que la structure de nos importations est constituée de segments lourds comme l'alimentaire, l'équipement, beaucoup d'autres choses, on ne peut d'un coup réduire de 25%, on risque une crise du marché». Si l'importation des pièces de montage de véhicules a augmenté, dit-il, «on va arrêter l'importation du ciment et dans quelques années, celle du rond à béton(?). On exporte (100 000 tonnes) de ciment vers le Niger, vers la Gambie aussi et bientôt les produits sidérurgiques.» Il refuse aussi de croire qu'il y a 30 milliards DA qui circulent dans l'informel. «Impossible ! Si le marché est parallèle, c'est qu'on ne peut pas le quantifier !», dit-il.

Le partenariat du complexe d'El Hadjar avec un groupe émirati (51/49) lui permettra, selon lui, de construire 118 hectares, de produire des nouveautés, d'ici à 2020, on aura 13 000 tonnes de produits sidérurgiques (Oran avec les Turcs, Djedjen avec les Qataris et El Hadjar les Emiratis)». Interrogé sur les prix des véhicules importés par les concessionnaires, le 1er ministre affirme que «ce n'est pas le gouvernement qui a apporté les prix de vente mais a évalué les frais de montage d'un véhicule(?), 60 000 voitures étaient importées par an, l'Etat l'a arrêté, on a 6 ateliers de montage, 2 ou 3 marques produisent, d'ici 2 ans, on arrivera à 250 000 véhicules, c'est un tournant dans le marché de véhicules, ça va s'organiser».

«C'est une lourde facture»

Ouyahia se prononcera sur la situation sécuritaire du pays «en général» en indiquant qu'«au sud du pays en particulier, la reconnaissance de nos partenaires internationaux, la situation sécuritaire interne, le savoir-faire en matière de lutte antiterroriste grâce à nos services de sécurité et à notre armée, grâce à la concorde et la réconciliation décidée par le chef de l'Etat, nous fait plaisir, mais demandons-nous à contrario quel en est le coût ? C'est une lourde facture, c'est un combat terrible, la bataille continue à ce jour, tout autant que la vigilance, au Sud, des milliers de militaires sont déployés, si nous avons gagné la bataille à l'intérieur, nous sommes au niveau d'un volcan aux frontières (?), les quantités hebdomadaires d'armes interceptées par l'ANP aux frontières sud du pays sont énormes?» Aux agences qui veulent relancer le tourisme au Sud, il lance «dans cette conjoncture, une seule opération de prise d'otages étrangers cassera 20 ans de travail sécuritaire !» Le 1er ministre condamnera les raids sur la Syrie, affirmera que l'armée ne fait pas partie du G5 au Sahel «pour des considérations constitutionnelles mais il y a une coordination, elle a des contacts avec toutes les armées présentes au Sahel».

A propos de la réaction «tardive» de certains Etats après la catastrophe aérienne, le 1er ministre fait savoir que «les autorités françaises de différents niveaux, y compris le président Macron, nous ont adressé leurs condoléances, on ne compte pas les choses à ce niveau, notre rôle est de construire des relations, améliorer nos relations avec la France, c'est positif pour les deux pays».

Cependant, «les Marocains veulent faire de nous une partie prenante dans le conflit du Sahara Occidental, doit-on glisser dans cette position ?» interroge-t-il. Il évoquera dans cet ordre d'idées «la sagesse du président dans la résolution des problèmes et pour construire des relations».

Interrogé sur les récentes déclarations de l'ambassadeur de France regrettées par l'Algérie, Ouyahia répond «les relations avec la France sont importantes, enregistrent une évolution positive depuis 2012, année de la signature de la déclaration par les deux présidents». Le rapport de Human Rights lui fait dire que «l'organisation ne s'est jamais distinguée par une déclaration positive à l'égard de l'Algérie, elle-même parle de migrants illégaux, celui qui est illégal l'est en Algérie, en Asie et ailleurs, l'Algérie est destinataire de flux migratoires par les régions subsahariennes, elle n'a aucune gêne à les traiter, les migrants illégaux seront renvoyés chez eux, il y va de la sécurité du pays». Il note que «nous continuons à organiser les rapatriements et ceux qui nous traitent de racistes, nous démentons cette affabulation en disant que l'Algérie continue de recevoir ses amis africains, il y a 10 000 étudiants africains dans les universités algériennes pour un flux moyen d'un millier par an». Il estime alors que «je crois qu'on n'est pas un tableau où il n'y a que de mauvaises choses à relever».