Réunis, hier matin, en assemblée générale extraordinaire sous l'égide de leur bureau de wilaya du Syndicat national des pharmaciens d'officine (SNAPO), les pharmaciens de la wilaya de Constantine ont fermement dénoncé les inspections «mixtes», considérant qu'ils font face à de véritables «agressions» de la part des contrôleurs membres de ces missions d'inspection qui présentent, par ailleurs, un caractère non réglementaire, ont-ils dit sans ambages. Plusieurs d'entre eux que nous avons interrogés ont déploré la présence avec les inspecteurs de la direction de la santé publique de la wilaya, qui est le seul organisme habilité par la réglementation à effectuer des inspections dans les officines, d'agents de la sûreté et de la direction du commerce de la wilaya. «Ces personnes, estime une pharmacienne qui gère une officine à la cité Boussouf de Constantine, viennent inopinément, sans exhiber ni ordre de mission ni carte professionnelle et demandent à vérifier les ordonnanciers et d'autres documents.

Ils ouvrent les tiroirs et vérifient leur contenu et se rendent dans tous les coins de la pharmacie. Ce sont des dépassements intolérables», a considéré notre interlocutrice.

Parmi les autres cas de ce genre, M. Bouherid, porte-parole du SNAPO de Constantine, nous a cité le cas d'un pharmacien d'Aïn Abid auquel les inspecteurs de la direction du commerce ont exigé de leur fournir la facture d'achat de bandelettes. Chose qui ne relève pas de leur compétence, mais de celle de la direction de la santé. «Donc, ces inspecteurs empiètent sur les fonctions de notre tutelle car leur compétence s'exerce uniquement sur les produits parapharmaceutiques». Indigné lui aussi, ce syndicaliste a soulevé aussi l'autre point d'ordre que les inspecteurs, et avec eux la tutelle, semblent avoir complètement ignoré dans le déclenchement de leurs missions de contrôle. «Soit par négligence, soit par mépris envers notre organisation, ces messieurs font fi de l'autorité du SNAPO et son droit à être informé de toute initiative touchant les pharmaciens car, autant que les pharmaciens, nous avons été également surpris par ces contrôles». C'est pour cette raison, a-t-il ajouté, que «nous allons interpeller en urgence les instances concernées au niveau local, à savoir la direction de la santé publique, et nos instances nationales, pour demander de nous éclaircir sur les statuts de ces nouveaux inspecteurs en nous définissant et délimitant leurs attributions et le rôle de chacun d'eux».

Beaucoup d'autres points ont été soulevés au cours de cette assemblée générale, comme celui des dons de médicaments que les contrôleurs mixtes prétendent leur interdire formellement. Et à la fin, le représentant du SNAPO nous a déclaré que les décisions qui seront prises à la majorité des pharmaciens qui ont assisté à cette assemblée générale vont être consignées dans un rapport qui sera transmis aux instances nationales du SNAPO et à la tutelle de wilaya, la DSP, ainsi qu'au wali, et leur demander d'intervenir, chacun à son niveau, pour faire cesser les dépassements des contrôleurs mixtes. «Et dans l'éventualité de la poursuite de ces inspections mixtes, les pharmaciens vont se réunir à nouveau pour décider de la démarche à suivre. Et je ne vous cache pas, nous a révélé le représentant du SNAPO, que les pharmaciens sont décidés à réagir et ils n'ont pas caché que leur réaction pourrait se traduire par une grève générale».