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Pour faire face à la pression: Du nouveau pour le contrôle technique automobile

par Yazid Alilat

Le nouveau système de contrôle automobile imposé par l'Etablissement national de contrôle technique automobile (Enacta), aurait atteint ses limites. « Surbookées » et contraintes de travailler selon un système de quotas, outre des contrôle de 20 minutes chrono, les agences de contrôle technique automobile n'arrivent plus à répondre à la forte demande des automobilistes. Certaines agences dans le grand Alger, contraintes de ne contrôler qu'un quota déterminé de voitures, ferment leurs centres souvent avant 12h. Les automobilistes qui doivent refaire le contrôle technique de leurs véhicules, pointent vers 2h ou 3h devant le portail des centres techniques, et attendent qu'un préposé leur ouvre le portail vers 6h. Ceux qui ont pu entrer, pourront procéder au contrôle technique de leur véhicule, et ceux qui pointent vers 8h, seront tout simplement invités à rebrousser chemin et revenir le lendemain, très tôt. Dans d'autres centres techniques, il y a, par ailleurs, des chaînes de plusieurs centaines de mètres, et les centres de contrôle technique, le plus souvent, ferment vers la fin de la matinée. Ce qui a engendré une situation déplorable, à la limite de l'anarchie, provoquée, justement, par le système des quotas qu'imposent les nouvelles normes du contrôle technique de véhicules introduit, en 2017 par l'Enacta. Fatalement, et devant la grogne des automobilistes, qui risquent jusqu'à 6 mois de prison et le retrait de leur permis s'ils sont pris en défaut de non renouvellement du contrôle technique de leur véhicule, l'Enacta, sans reconnaître son erreur, a revu à la hausse le nombre de brigades et les horaires de travail dans les centres de contrôle techniques. Dans un communiqué diffusé, hier, samedi, l'Enacta a indiqué que « les agences de contrôle technique agréées par le ministère des Travaux publics et des Transports procéderont, dans l'immédiat, au renforcement de leurs brigades et à l'étalement de l'amplitude horaire de travail, et ce, jusqu'à absorption de la demande conjoncturelle et la normalisation définitive de la situation ». « Cette procédure vise à faciliter aux automobilistes l'accomplissement de cette mesure réglementaire, dans les meilleures conditions », ajoute la même source. Le nouveau système de contrôle technique automobile, qui impose, notamment, un délai incompressible de 20 minutes par véhicule, a été introduit, en janvier 2017. « Pour l'année prochaine, il y aura un nouveau système automatisé de contrôle, avec l'implémentation d'un nouveau logiciel de l'Enacta, car on a constaté des dépassements des agences, et on va apporter des solutions informatiques à ces pratiques », avait annoncé, fin 2016, le DG de l'établissement, M. Abdallah Leghrieb. Il a expliqué, alors, dans une intervention à la Radio nationale qu'avec le nouveau système automatisé, « si la visite ne se fait pas dans les 20 minutes, il n'y aura pas d'impression du PV, car avec le nouveau système, il y aura le contrôle technique de toutes les parties du véhicule. Dans le cas contraire, il n'y aura pas d'impression du PV. » Dès lors, il estime que « tous les cas de fraude seront éliminés par le nouveau système informatique, et il y aura même des mouchards pour signaler ces pratiques douteuses, car on veut donner un maximum d'objectivité au contrôle technique et réduire les accidents de la route. »

Selon le directeur de l'Enacta, la nouvelle version du logiciel (8.8) est prête et « on va l'implémenter dans le système. » Or, le nouveau système de contrôle automobile prend du temps, et l'Enacta n'a pas prévu, dans ses prévisions le nombre important du parc national de voitures, un peu plus de 6 millions de véhicules, pour le ministère de l'Intérieur, qui se base sur le nombre de cartes grises émises. D'où ces files interminables de voitures, devant les centres de contrôle, qui, souvent, terminent leur service entre 12 et 13h, le quota quotidien de véhicules étant atteint.

Travailler jusqu'à minuit

Pourtant, il y a un an, presque jour pour jour, le 3 avril 2017, l'ancien ministre des Travaux publics et des Transports Boudjemaa Talai, avait supprimé le système des quotas, permis le contrôle, hors wilaya et instruit les agences à travailler jusqu'à minuit, pour répondre à la forte demande des automobilistes. « Nous avons autorisé le contrôle technique automobile, sans limite géographique, rallonger le temps de travail jusqu'à minuit et supprimer les quotas imposés aux agences de contrôle », avait expliqué l'ex-ministre. « Ces mesures sont contenues dans un décret qui avait été adopté par le gouvernement », avait-il expliqué, ajoutant que le nouveau décret remplace l'ancien texte qui a fixé des quotas aux agences de contrôle. « Nous avons rallongé le temps de travail dans les agences jusqu'à minuit, sans toucher, toutefois au temps de contrôle des véhicules qui est fixé à 20 minutes ». Que s'est-il alors passé depuis le départ de M. Talai, après les législatives de mai 2017 ? Les contrevenants au contrôle technique automobile obligatoire s'exposent, non seulement, à une amende de 20.000 à 50.000 DA, mais aussi à une peine d'emprisonnement d'une durée de 2 à 6 mois, outre le retrait du permis de conduire et son annulation en cas de récidive. « Le contrôle technique périodique des véhicules automobiles, rendu obligatoire par la loi n° 87- 09, du 10 février 1987 relative à l'organisation, la sécurité et la police de la circulation routière, est devenu effectif à partir de février 2003. Il est effectué dans les agences de contrôle agréées par le ministère des Transports, conformément aux dispositions du décret n° 88-06, du 19 janvier 1988, fixant les règles de la circulation routière, modifié et complété », indique l'Enacta sur son site Internet.