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Sahara occidental: «Alger n'a pas à s'immiscer dans les négociations»

par Moncef Wafi

L'Algérie a de nouveau réitéré son soutien à la cause sahraouie, «un devoir de solidarité à l'égard du peuple sahraoui pour l'exercice de ses droits légitimes», a déclaré, ce jeudi, à l'APS une source autorisée au ministère des Affaires étrangères. Réagissant aux dernières déclarations du ministre des Affaires étrangères marocain, Nasser Bourita, concernant le soutien de l'Algérie au Front Polisario ainsi que sur son implication dans le processus de règlement du conflit, la même source a indiqué que «la question du Sahara occidental est une question de décolonisation», reconnue comme telle par les Nations unies, faisant le parallèle avec la lutte de libération de l'Algérie. Alger a, cependant, clairement fait comprendre que son soutien ne signifie pas forcément «qu'elle devrait être impliquée dans ces négociations». Dans une lettre adressée le 4 avril dernier au secrétaire général de l'ONU, le roi du Maroc Mohammed a notamment écrit que «le Maroc demande et a toujours demandé que l'Algérie puisse participer au processus politique, que l'Algérie puisse assumer une responsabilité pleine dans la recherche de la solution et que l'Algérie puisse jouer un rôle à la hauteur de sa responsabilité dans la genèse et l'évolution de ce différend régional».

Par ailleurs, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdelaziz Benali Cherif, a déclaré qu'Alger a pris acte avec «satisfaction» de la volonté du SG de l'ONU, Antonio Guterres, réitérée dans son rapport au Conseil de sécurité, de relancer le processus de négociation et de faciliter des négociations directes, de «bonne foi et sans conditions préalables», entre le Maroc et le Front Polisario. Il a également indiqué que «l'Algérie continuera à soutenir résolument et à accompagner de bonne foi les efforts du Secrétaire général de l'ONU et son envoyé personnel Horst Köhler, visant à parvenir à une solution juste et durable du conflit du Sahara occidental fondée sur l'exercice par le peuple du Sahara occidental de son droit inaliénable à l'autodétermination» en conformité avec «la doctrine et la pratique des Nations unies en matière de décolonisation et la légalité internationale».

Benali Cherif a aussi indiqué que l'Algérie prend acte avec «préoccupation» des graves violations des droits de l'homme et dénonce «le recours à la torture perpétrée contre des Sahraouis dans le Sahara occidental occupé, ainsi que de la persistance des restrictions imposées aux visiteurs étrangers y compris les journalistes et les défenseurs des droits de l'homme dans l'accès au territoire du Sahara occidental». A ce propos, un député espagnol, Enric Bataller, après son retour d'un voyage officiel aux camps des réfugiés sahraouis, en compagnie d'autres parlementaires de divers groupes politiques, a appelé à ce que les prérogatives de la Mission de l'Onu pour l'organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso) soient étendues à la protection et à la défense des droits de l'homme de la population sahraouie. Le parlementaire a indiqué que durant son séjour dans les camps, il a été informé par le Comité national sahraoui des droits de l'homme de la grave situation des prisonniers politiques, du manque de garanties des procès et de nombreux autres cas de répression quotidienne subie par la population vivant dans le territoire occupé. Par ailleurs, le député du parti Compromis a souligné que «le peuple sahraoui doit reprendre le contrôle de ses ressources naturelles».

Le porte-parole des AE a ajouté qu'Alger se préoccupe du refus marocain «également mentionné dans le rapport du Secrétaire général» de permettre à la Mission de l'Union africaine (UA) de retourner à Laâyoune et de reprendre sa collaboration avec la Minurso. Rappelons que l'Assemblée des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA avait, lors de sa 30ème Session ordinaire de janvier dernier, tenue à Addis-Abeba, appelé instamment le Maroc à permettre à ladite Mission de retourner à Laâyoune. De même, la vie des cinq prisonniers sahraouis, au 27e jour de leur grève de la faim illimitée dans les prisons marocaines, sont «en danger», a alerté jeudi l'Association des amis de la République arabe sahraouie démocratique (AARASD), demandant au Maroc l'application du droit international humanitaire. Parmi leurs revendications, l'AARASD énumère dans un communiqué leur transfert à proximité de leur famille résidant dans le territoire occupé du Sahara occidental, dénonçant leur mise à l'isolement, les privations, les mauvais traitements et l'absence de suivi médical.