Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Ils réclament des «garanties»: Les médecins résidents optent pour la poursuite de la grève

par M. Aziza Et Yazid Allilat

Les médecins, pharmaciens et dentistes résidents maintiennent le cap, en décidant de poursuivre la grève déclenchée depuis déjà cinq mois. Mi-satisfaits, les résidents ont estimé que les réponses, voire les propositions faites par le ministre de la Santé, lors de sa dernière rencontre avec les délégués nationaux du CAMRA, dont l'application a été conditionnée par l'arrêt de la grève, manquaient de clarté et de précisions.

Des propositions qui demeurent, selon les résidents formelles en l'absence d'un PV de réunion co-signé par les deux parties, et en l'absence d'un témoin sur les engagements du ministre. Plutôt, en l'absence d'un membre de l'inspection du Travail et de la Fonction publique, rectifie Lyes Merabet, le président du SNPSP qui a accueilli les résidents dans les locaux du Syndicat des praticiens de la Santé (SNPSP), pour exprimer une fois de plus, son soutien absolu aux jeunes médecins, et leur donner, ainsi, la possibilité d'expliquer et de clarifier leur position et leur point de vue.

Pour le président du SNPSP, cette rencontre malgré « les insuffisances » est une bonne initiative du moment que la réunion a été présidée par le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, lui-même. Il a été question, aussi, de « nouvelles propositions » qui peuvent être un bon début à une série de négociations pour une sortie de crise définitive.

Le SNPSP appelle à ce que les canaux du dialogue demeurent ouverts, étant donné que les médecins résidents sont toujours disposés à dialoguer et négocier.

Les médecins résidents ont précisé, lors de la conférence de presse d'hier, qu'ils ont obtenu « un compte-rendu » au lieu d'un « PV de réunion de conciliation ». Le porte-parole du CAMRA, le Dr Taileb Mohamed a affirmé qu'il y a eu tout de même, des réponses positives notamment celle relative à la révision totale du statut des médecins résidents, une des revendications principales des grévistes. Malheureusement « il y a eu un bémol, sur le compte-rendu c'est écrit, correction de quelques insuffisances du statut des résidents ».      

Ils ont justifié ceci, affirme l'orateur, par le fait qu'ils ne veulent pas déplaire au reste des syndicats mais regrette-t-il « ils préfèrent nous déplaire ».

Concernant la formation, les médecins résidents ont affirmé qu'il y a un déficit énorme en matière de ressources humaines « encadreurs » et en matière de moyens. « Un professeur à l'étranger forme ou encadre, seulement, 3 à 4 résidents, en Algérie le professeur peut former entre 70 à 90 résidents, dans certaines structures de santé, ce qui crée des lacunes et des insuffisances ». En matière de documentation, les résidents n'arrivent, toujours pas, à comprendre la fermeture, depuis trois ans, de la base de données du système national de documentation en ligne ?SNDL' qui permettait aux résidents d'avoir accès aux publications, apparemment pour des raisons relatives aux restrictions financières.

Ce qui pousse, selon le Dr Taileb, les jeunes résidents à s'auto-documenter, en achetant des publications dont les prix varient entre 400 à 300 euros, alors que leur salaire ne dépasse pas les 250 euros. Interrogé, sur cette grève qui a trop duré, le porte-parole du CAMRA a précisé que la balle est dans le camp du ministère de la Santé et des autorités. Autrement dit, la balle est dans le camp de ceux qui sont payés pour trouver des solutions aux dysfonctionnements qui rongent le système de santé publique en affirmant « les résidents sont payés pour assurer des soins aux malades et non pas pour trouver des solutions aux problèmes qui se sont accumulés depuis des années et qui ne cessent de fragiliser le secteur de la Santé» regrette-t-il.

Le CAMRA répond aux critiques de Mohamed Yousfi

Le porte-parole du CAMRA a exprimé son mécontentement et celui de ses collègues quant aux propos tenus, récemment, par le président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), Mohamed Yousfi, qui a accusé les médecins résidents d'avoir outrepassé leurs prérogatives. Et ce, en revendiquant la réforme du Service civil, alors que cette revendication relèverait, exclusivement des prérogatives des médecins spécialistes. Le Dr Taileb a répondu en affirmant que les médecins résidents sont à 100 % concernés par le Service civil, alors que 5%, seulement, membres de syndicat représentant les médecins spécialistes sont concernés par cette disposition obligatoire. Le SNPSP regrette le fait que la famille de la Santé soit divisée. Lyes Merabet précise dans ce sens, qu'il faudrait, aujourd'hui, se rassembler autour des choses essentielles « soutenir nos jeunes médecins ».

Pourtant, rappelle-t-il « nous avons déjà travaillé dans le cadre de l'intersyndicale, où on a pu rassembler cinq formations syndicales de la Santé, entre autres le SNPSSP, le SNPSP, le SNAPSY et les enseignants professeurs des paramédicaux (SNPEPM) » affirme-t-il, en enchaînant « je le dis, encore une fois, on s'est vu lâchés, en cours de route, et ce n'est pas fortuit qu'on retrouve ces configurations syndicales dans un quota de mission ?Hadj', à l'exception du SNPSP ». Il poursuit «ce n'est pas fortuit, aussi, de voir des cadres syndicaux placés au ministère de la Santé, et d'autres sont dans des missions dans le cadre des comités nationaux, à New-York, à Genève et en Afrique du Sud ». « Nous avons tenu des assemblées générales, à travers tout le pays, à la suite des dernières propositions du ministère. Nous, les délégués, avons discuté avec la base de ces propositions », a indiqué au ?Le Quotidien d'Oran' le Dr Hamlaoui Sadek, membre du CAMRA. Il poursuit: « à la suite de ces assemblées générales, le principe de la poursuite de la grève a été décidé ». Mais, précise t-il, « nous restons ouverts à toute discussion ou proposition du ministère ».

Jeudi, le ministre de la Santé, Mokhtar Hasbellaoui, avait, dans une première réaction à la décision du CAMRA de poursuivre la grève, maintenu les portes du dialogue ouvertes. Il avait annoncé avoir instruit son cabinet pour la tenue d'une nouvelle réunion avec les représentants du Collectif en vue d'apporter les « éclaircissements nécessaires » pour qu'ils reprennent le travail. « J'ai instruit mon cabinet, a-t-il dit en marge du 24ème Congrès national de la Société algérienne de médecine interne, pour programmer une nouvelle réunion avec les représentants du CAMRA, en vue d'apporter les éclaircissements nécessaires, pour que nos jeunes médecins résidents reprennent le travail ». Pour le Pr Hasbellaoui, les médecins résidents, qui avaient tenu des assemblées générales après la réunion de dimanche, ont abouti à d' «autres conclusions», et pour eux «certains points soulevés restaient ambigus».

Le démenti du CAMRA

Par ailleurs, le Dr Hamlaoui a démenti l'information selon laquelle les résidents en médecine dentaire auraient décidé d'interrompre la grève. Selon des déclarations de Khadidja Messaadi, membre du CAMRA, citée par l'APS, les résidents en médecine dentaire, exerçant dans la wilaya d'Alger, auraient décidé d'arrêter la grève à la suite des assemblées générales tenues, jeudi. La décision de suspendre la grève a été prise, à la faveur des garanties données, respectivement par le ministère de la Santé et celui de l'Enseignement supérieur, a expliqué Khadidja Messaadi.

Elle a, toutefois, souligné que les résidents en médecine dentaire, de la wilaya d'Oran ont décidé, quant à eux, de « poursuivre la grève » pour exiger des « éclaircissements sur certains points », qui restent en suspens, alors que dans les wilayas de Constantine et Annaba, des assemblées générales seront organisées, au cours de la semaine prochaine, pour décider de la reprise ou non de la grève, a-t-elle précisé.

Le démenti est venu, hier, vendredi, à travers un communiqué fait par les résidents en médecine interne, qui ont dénoncé, dans ce communiqué, « l'imposture » et la « manipulation » de certains médias. « Nous, l'ensemble des résidents en médecine dentaire, dénonçons l'imposture et la manipulation faites par certains médias pour nous déstabiliser et créer des conflits entre résidents en sciences médicales », indiquent-ils, dans ce communiqué transmis au «Le Quotidien d'Oran». Les résidents en médecine dentaire ajoutent que : « nous apportons, par ce document, notre entier dévouement à la cause des médecins résidents et nous réaffirmons notre total engagement et maintien de la grève jusqu'à la satisfaction de toutes les revendications ».

Le même document a rappelé que les résidents en médecine dentaire des facultés d'Alger, d'Oran et de Constantine se sont rassemblés, jeudi 5 avril, en assemblée générale pour « discuter de la suite du mouvement ainsi que du PV de la dernière réunion du bureau national, afin de définir les modalités de nos revendications ». « La position des résidents en médecine interne, sur la poursuite ou pas de la grève, a été mal interprétée », a expliqué, par ailleurs, le Dr Hamlaoui. « Nous poursuivons la grève, mais nous restons ouverts », a-t-il ajouté.