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Guerre au Yémen: De Bab El Mandeb au Canal de Suez, la peur du péril persan

par Ghania Oukazi

«La guerre au Yémen, on ne l'a pas choisie, elle nous a été imposée; nous faisons face à des menaces sur notre sécurité nationale, si c'était une guerre de l'Arabie Saoudite, on l'aurait liquidée en un mois».

Des sources militaires saoudiennes l'ont bien précisé aux visiteurs algériens. « Les Saoudiens connaissent parfaitement le Yémen, non seulement c'est un pays voisin mais les Yéménites sont nos proches, nous partageons la même culture », nous disent nos interlocuteurs. Ils rappellent que « ce sont des Yéménites qui ont fait un coup d'Etat contre leur pouvoir, ce n'est pas une guerre conventionnelle, c'est une guerre contre des milices », soutiennent les sources militaires saoudiennes à Riyad. « Les Houthis pensaient à instaurer un Etat à Saada (sud du Yémen), selon les idées de Khomeiny qui encouragent la création d'un Etat islamique », est-il dit. Nos interlocuteurs notent que «l'Iran a ouvert des centres culturels au Yémen alors que ce pays est arabe, on respecte la civilisation perse mais l'Iran n'a lancé aucun projet de développement, il s'est contenté de lancer les réseaux sociaux, il est clair que l'agenda remis aux Houthis est pour mettre à l'étroit les pays du Golfe et semer l'anarchie». Les interlocuteurs des invités algériens de l'Arabie Saoudite affirment que « nous n'avons pas d'intérêts au Yémen mais nous sommes contre l'hégémonie houthie parce qu'elle a brisé la souveraineté nationale yéménite ». Ils font savoir que « les Houthis veulent aider l'Iran à prendre Bab El Mandeb, un passage maritime pour 65% du trafic international dont 34% d'hydrocarbures, depuis la crise, on accompagne les bateaux qui y transitent pour leur assurer la sécurité, parce que si Bab El Mandeb est fermé, le canal de Suez le sera aussi ! » Nos interlocuteurs militaires affirment alors que « l'Iran menace ainsi le monde ». Pour eux, « lancer des missiles balistiques iraniens sur Riyad et La Mecque est pour déplacer la guerre vers des zones stratégiques, les Iraniens par l'intermédiaire des Houthis veulent gagner en distances? » Le 26 mars 2015, l'alliance militaire arabe a libéré, selon eux, 90% des territoires yéménites des mains des Houthis. « En ce début de 2018, l'Etat yéménite contrôle plus de 85% des territoires, moins de 15% seulement sont occupés par les Houthis », indiquent-ils. Ils sont sûrs ainsi que «les Houthis en tant que force militaire ont été détruits mais comme groupe terroriste, ils continuent d'agir et on continue de lutter contre ». A la question combien coûte la guerre au Yémen ? « Nos forces militaires dépensent tant qu'il faut protéger un Etat moderne, elles ont des responsabilités vis-à-vis de l'Arabie Saoudite (?) », est-il dit. Toujours selon des sources militaires, l'alliance militaire arabe a, depuis le déclenchement de la crise au Yémen, fait évacuer 66.000 élèves yéménites et vidé des villages entiers (Abdelmalek Badreddine El Houthi, chef des milices, a permis à l'aile armée houthie, dirigée par Abou Ali El Hakma, d'enrôler un nombre important d'enfants yéménites qui ont entre 9 et 17 ans). Nos interlocuteurs indiquent que « l'aviation saoudienne aide l'armée yéménite, la guerre n'est pas la nôtre pour que notre armée intervienne par voie terrestre ». Les responsables saoudiens pensent continuer la guerre « jusqu'au retour de la légitimité au Yémen, c'est un engagement éthique et historique que nous avons pris ». Ils soulignent que « la stratégie militaire de lutte contre le terrorisme doit avoir le souffle lent et beaucoup de patience ». Mais, précisent-ils en dernier, « nous sommes pour la solution politique de la crise ».