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Tébessa: Comment inverser la tendance ?

par Ali Chabana

De l'avis de certaines voix, la wilaya de Tébessa demeure cette lointaine région peu propice, n'offrant pas les opportunités adéquates à qui compte s'y installer.

Pour ces gens-là, la wilaya est plus tournée vers des activités de transactions commerciales entachées, frappées du sceau de l'informel, de par sa situation de wilaya frontalière. Tébessa est plus exposée que d'autres wilayas à des clichés noircis.

Un point de transit ouvert à des activités d'échange commercial ponctuel sans ancrage économique. D'autres y voient, par contre, une région très peu connue, nécessitant plus de promotion et plus d'intérêt des centres de décision.

C'est ce que les autorités locales tentent d'insuffler à des opérations de dotation et d'équipement dans l'optique d'inverser la tendance, d'une image négative que certaines pratiques veulent donner à la wilaya. Ces derniers font appel aux opérateurs économiques pour faire fructifier leur capital, certes, mais surtout dans le but de garantir une certaine relance socioéconomique, autrement dit le gage de munir la wilaya d'un tissu industriel dense, de créer des entreprises, mieux encore, des postes d'emploi. Des efforts se font pour doter la région d'une réputation autre que celle du paradis de la contrebande et de trafic tout acabit. La région recèle toutes les ressources naturelles et humaines pour en constituer un pôle d'excellence dans l'exploitation minière, par exemple, et ne pas rester éternellement un simple pourvoyeur de matières premières. Des potentialités susceptibles de donner un tout autre souffle à des programmes de développement plus performants, plus rentables, plus orientés vers des objectifs fixés, d'essor et de croissance de la wilaya. Un sous-sol riche en ressources minérales, des infrastructures de base qui se mettent en place, réseau routier, structures aéroportuaire et ferroviaire.

Des ressources humaines à valoriser, issues de la formation professionnelle et de l'enseignement supérieur, une manne que les pouvoirs publics doivent rentabiliser et préserver.

Et pour que tout cela marche, il faudrait cette dose primordiale de bonne gouvernance, de gestion performante, d'évaluation et suivi systématiques des projets réalisés ou en phase de lancement. Ici, les gens de Tébessa se sentent souvent frustrés en se comparant à d'autres villes du pays. Avec sa façade de frontière terrestre de près de 300 km, du Nord au Sud, la wilaya de Tébessa avait depuis longtemps la chance de devenir une bande frontalière d'échange économique avec l'étranger, comment se fait-il qu'on reste toujours sclérosés, dépendants des autres pour l'acquisition de nos produits de consommation ? Tébessa aurait pu fructifier davantage sa position de zone de transit, en instaurant des activités diverses avec nos voisins tunisiens, où est ce fameux programme de redonner vie à des communes frontalières, qui périclitent dans le sous-développement, les insuffisances et les disparités ? « Où sont ces élus qui doivent, eux les premiers, défendre leurs localités et revendiquer leurs droits ?»

Nous dira un ancien cadre de l'administration en retraite. Des jeunes diplômés partagent la même opinion et se disent prêts à se mêler à l'aventure, pour le bien de leur wilaya, si toutefois l'occasion leur sera offerte. «Vraiment, je commence à perdre espoir, après tant d'années de non activité, l'usure du temps qui passe a fait de moi un élément se sentant passif, alors qu'au moment de ma sortie de l'université, j'avais un grand projet de me rendre utile.

Un sentiment que je garde vivace en moi-même». Sur ce, le jeune Mourad, ingénieur en électromécanique, lance un appel pressant plein d'espérance aux responsables, qu'il n'est jamais trop tard pour rattraper le temps perdu et remettre la machine sur le bon rail !