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Tribunal criminel d'Oran: La perpétuité pour trafic de 25 quintaux de kif

par M. Nadir

  A l'issue d'un procès qui aura duré près d'une heure (le temps des délibérations y compris), O. Omar, fellah de 34 ans, a été condamné, hier, à la prison à perpétuité par le Tribunal criminel d'Oran pour trafic de drogue.

Les faits remontent à juin 2014 quand un convoi de 3 véhicules, transportant quelque 25 quintaux de résine de cannabis, a été intercepté près de Boutlélis. Deux chauffeurs seront appréhendés alors que le 3ème prendra la fuite: A. Daya et O. Abderrazak seront jugés et condamnés à la prison où le premier cité, octogénaire, décédera quelque temps plus tard. Lors de la fouille des 3 véhicules (1 fourgon, et 2 voitures légères), les éléments des services de sécurité découvriront un extrait de naissance au nom de O. Omar, frère de Abderrazak, qu'ils tenteront, en vain, de localiser. Il sera interpellé quelques années plus tard et inculpé des mêmes chefs d'accusation que son frère, soit importation et transport de drogue, suivant les articles 19 et 17 (alinéa 3) de la loi 04-18 portant lutte contre le trafic de stupéfiants.

A la barre, Omar niera tout lien avec le trafic et maintiendra son innocence, en dépit du témoignage accablant de son frère que le juge ne cessera de lui opposer : «Abderrazak vous a impliqué, il a dit que la ?Golf' vous appartenait. Il a aussi affirmé que vous aviez l'habitude de vous rendre au Maroc avec des baudets chargés de carburant pour en revenir avec de la drogue.» «Tout cela est faux et je n'étais au courant de rien», répétera, inlassablement, l'accusé en affirmant qu'il ignorait être recherché par les services de sécurité.

Présent en tant que témoin, Abderrazak (déjà condamné à 20 ans) a rejeté les accusations du juge d'audience : «Je n'ai jamais impliqué mon frère et il est innocent des faits qui lui sont reprochés», dira-t-il avant d'être renvoyé au box des accusés par le juge qui n'a même pas tenté de le confondre. Dans un très bref réquisitoire, le représentant du ministère public réclamera la perpétuité contre l'accusé en se basant sur l'importance de la quantité saisie et les déclarations de Abderrazak, lors de l'enquête préliminaire.

Déclarations que l'avocat mettra en doute parce que «arrachées de force lors des interrogatoires» : «D'ailleurs, il s'est rétracté devant le juge d'instruction», rappellera-t-il en déplorant que le ministère public n'ait pas apporté d'autres preuves que les déclarations douteuses d'un autre accusé pour requérir une peine aussi lourde que la prison à perpétuité : «Pourquoi ne pas croire le témoin lorsqu'il vous affirme aujourd'hui que notre client est innocent ?», interroge-t-il en plaidant l'acquittement de l'accusé pour manque d'éléments probants de culpabilité.

A l'issue des délibérations, le Tribunal criminel de 1re instance déclarera O. Omar coupable et le condamnera à la perpétuité. En entendant la peine, l'accusé s'écroule sur le banc en se prenant la tête à deux mains?