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Guelma: Un 19 mars 1962?

par Mohammed Menani

L'indélébile feuille de route de la nation algérienne, définie dans la proclamation du premier novembre 1954, renferme un panel de résolutions à mettre en œuvre en vue de parvenir à arracher la patrie au joug colonial et de concrétiser la renaissance de l'Etat national, favorisant le retour du peuple algérien sur la scène internationale dont il fut si longtemps et sciemment exclu.

Un lourd tribut de sang a été payé pour le recouvrement de notre souveraineté dont nous célébrons aujourd'hui le 56ème anniversaire de la cessation des combats. Le 18 mars 1962, les accords d'Evian furent signés, prévoyant un cessez-le-feu applicable au lendemain sur tout le territoire, y compris le Sahara algérien. Une période de transition avait été clôturée par un référendum d'autodétermination qui consacra l'indépendance de l'Algérie. Une œuvre humaine à dimension universelle venait d'être accomplie par le peuple algérien.

A travers ce devoir de mémoire, c'est toute la fulgurante épopée qui revient à l'esprit, une marche ininterrompue de 132 années dans la résistance et l'insurrection permanente où le peuple algérien dans son soulèvement révolutionnaire authentique avait écrit dans les pages de l'Histoire universelle, l'une des strates les plus glorieuses du combat de l'Homme pour sa dignité et son droit au progrès. La commune de Bordj Essabat jouit cette année de l'insigne honneur d'abriter les festivités officielles locales commémorant le 56ème anniversaire de la fête de la victoire, marquées par des activités socioculturelles, les baptisations de lieux publics ou encore les visites de chantiers ouverts dans le cadre du développement local.

L'indépendance du pays a été arrachée à un prix incommensurable en vies humaines parce que nous n'avons compté que sur nos potentialités et nos valeurs intrinsèques, et quand bien même nous héritions d'une «terre brûlée» avec son lot de misères, d'invalides, de chômeurs, d'analphabètes, de veuves et d'orphelins, ainsi qu'une économie dévastée, mais le peuple était libre après avoir subi les affres de la longue nuit coloniale asservissante et déshumanisante. Aujourd'hui, la marche de ce grand héros qu'est le peuple continue son avancée imperturbable et tout porte à croire que malgré les vicissitudes de la vie et les tentations du temps, il ne fait que suivre le cheminement de son destin, sans se départir, ni de sa feuille de route attachée au premier novembre 1954, ni de sa mémoire collective d'où il puise toujours ses forces identitaires de ressourcement. Les grands peuples se mesurent à la détermination et à la fermeté dans la résistance aux crises multiples pour savoir se relever et continuer leur marche dans un comportement moral ayant le cœur à l'ouvrage pour rattraper les temps perdus.

Les grands peuples se mesurent aussi aux flux des actes accomplis et tranchés quotidiennement par de responsables engagés qui amorcent des missions de grande envergure en matière de développement global durablement maîtrisé, n'espérant obtenir en retour que la satisfaction morale du devoir accompli. Cette notion de moralité et du devoir accompli n'est toujours pas lisible sur le fronton de l'organe de contrôle populaire qui bat de l'aile dans une discorde -qui ne constitue aucunement un indice référentiel aux règles de bienséance- et est alimentée par des conflits de chapelle, des intérêts réduits et l'égocentrisme des uns et des autres.

La 4ème session ordinaire de l'exercice 2017 fut escamotée et l'année nouvelle épuise son premier trimestre sur fond de reniement de l'intérêt général, où les démons du chaos et les doctes de l'unanimisme malmènent les valeurs de l'échiquier local à travers l'exclusion inappropriée des idées de l'acceptation de la différence, la notion de partage et la sagesse de cohabitation sans heurts. C'est uniquement dans les rangs de la sagesse et de l'abnégation que l'on peut caresser l'espoir de notre renouveau national, adossé à la fidélité au serment donné à nos martyrs, en vue de relever les défis les plus complexes. Dans cette dimension, l'on se doit de renouer avec les valeurs pérennes de notre histoire et avec la confiance en nos capacités ajustées aux vertus du travail et de la sueur. Les démissions déguisées, la léthargie, l'insouciance et l'incurie provoquée n'ont pas droit de cité sur le chemin des peuples qui avancent.