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Constantine - Encadrement religieux dans l'insertion des détenus

par A. Mallem

Selon les déclarations que nous a faites hier, l'Imam-instructeur Mohamed Chaâb, l'impact de l'encadrement religieux dans les établissements pénitentiaires peut être considéré comme très positif. Détaché pour faire ce travail auprès des pensionnaires de ces établissements de la wilaya de Constantine, notre interlocuteur affirme avoir commencé à assurer cette mission depuis l'année 2002.

« Dans le milieu carcéral, ce travail s'avère très ardu, difficile en tous points de vue, et même dangereux car nous sommes exposés aussi à une violence toujours possible de la part des détenus qu'à servir potentiellement de proie pour des prises d'otages qu'on ne peut pas écarter », dira-t-il.

Cette déclaration a été faite en marge d'une demi-journée d'étude sur l'impact de l'encadrement religieux dans l'insertion et la rééducation des détenus de ces établissements de la wilaya de Constantine, principalement ceux de Constantine et El-Khroub, organisée par la direction de wilaya des Affaires religieuses. « Nous disons que les résultats du travail d'encadrement sont satisfaisants, a poursuivi notre interlocuteur, en ce sens qu'il arrive parfois qu'une quinzaine de détenus apprennent intégralement le Coran au cours d'une année d'apprentissage-rééducation. Notre mission qui porte aussi un cachet psychologique indéniable, vise ni plus ni moins le changement des mentalités, la façon de pensée chez des gens qui ont commis des fautes graves au sein de leur société et qu'il s'agit de rééduquer pour les aider à se réinsérer plus tard dans cette société. Aussi, nous ne sommes pas loin de considérer le détenu comme un malade qu'il faut soigner et que nous, nous possédons la moitie du médicaments qui doivent le guérir, tandis que l'autre moitié est dans les mains des responsables. Et nous pensons que ce médicament peut se traduire sous forme de stimulant. A ce sujet, je souhaite que la loi sur l'encouragement des détenus à faire des efforts pour réussir leur insertion, notamment par l'apprentissage du Coran, et bénéficier de la relaxe, loi qui a été promulguée par le président de la République, doit entrer en application, car cela pourrait changer fondamentalement la mentalité vengeresse du détenu et sa vie tout court ». L'Imam Chaâb a souhaité également un assouplissement au niveau du parloir de la prison. « C'est une question sensible et nous souhaitons que le « parloir rapproché» soit instauré pour servir de stimulant aussi à des détenus lauréats de concours religieux afin de leur permettre un face-à-face avec les membres de sa famille qui lui rendent visite ». Mme Samia Mokhnache, représentante des encadreurs religieux, active auprès des détenues de la prison du Coudiat depuis l'année 2012. Elle avoue également qu'au début de la mission, « le contact avec les femmes détenues est très laborieux et les conditions de travail sont très difficiles pour les mêmes raisons évoquées par l'Imam ». « Notre objectif principal c'est d'arriver à « sauver » cinq, sinon trois ou deux éléments sur les dix cas que nous « traitons ». Et selon des méthodes psychologiques, nous arrivons à instaurer un climat de confiance entre nous et les détenues qui finissent par s'engager volontiers dans le programme d'apprentissage du Coran que nous leur proposons ».

En dernier lieu, notons durant les deux heures d'évaluation du travail mené par les encadreurs religieux dans ce domaine, un état des lieux a été fait. Et M. Abdelhakim Khalfaoui, chef du service de la culture islamique à la direction des Affaires religieuses, organisateur de l'évènement, nous a expliqué que cette demi-journée d'étude rentre dans le cadre d'une convention de collaboration passée entre le ministère des Affaires religieuses et le ministère de la Justice concernant cet aspect de l'encadrement religieux dans les prisons. « Cette fois nous avons jugé utile de réunir les directeurs des établissements pénitentiaires du Coudiat, de Boussouf et d'El-Khroub, le juge d'application des peines, les cadres des affaires religieuses comme les Imams et les mourchidate ».