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Le conflit perdure: Les médecins résidents reçus aujourd'hui au ministère de l'Enseignement supérieur

par Yazid Alilat

Le statu quo perdure toujours dans le bras de fer entre le ministère de la Santé et le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra), aucune des deux parties n'ayant fait des concessions. Plusieurs réunions ont été tenues entre les deux parties.

Le Camra a organisé plusieurs marches de protestation, sans grand effet, puisque la crise persiste.

Au-delà des revendications d'un statut particulier pour le médecin résident, des conditions d'hébergement dans le sud du pays ou les Hauts-Plateaux, ainsi qu'un plateau technique adéquat, c'est bien sûr le service civil qui est le nœud gordien de ce conflit qui dure maintenant depuis plus de trois mois. Ce lundi, pour trouver une issue à ce bras de fer, une réunion est prévue au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS) entre une représentante du ministère et une délégation du Camra. Cette réunion, qui sera présidée par Mme Fissah, chargée de la post-graduation au MESRS, devra être focalisée sur les prochains examens, notamment le DMS. En plus clair, «cette réunion a été programmée pour convaincre les résidents à passer leurs examens», a révélé à Le Quotidien d'Oran un résident membre du Camra. Or, «la situation est toujours bloquée, il n'y a aucune avancée», a-t-il constaté. «Pour nous, comme action prochaine, nous allons boycotter une seconde fois l'examen du DMS », annonce-t-il. «Nous allons boycotter cet examen, a-t-il affirmé, il n'y aura pas de promotion sortante en avril». C'est au mois d'avril que les médecins résidents en poste dans le sud du pays ou dans les Hauts-Plateaux ou au nord, terminent leur service civil et sont remplacés par les résidents qui ont réussi leurs examens. «Il y aura entre 1000 et 1500 médecins ayant terminé leur service civil, qui vont sortir au mois d'avril», explique le médecin résident. «Ce qui va augmenter la pression sur le ministère de la Santé, qui doit leur trouver des remplaçants rapidement, car il ne peut laisser les structures hospitalières, dans le Sud notamment, sans médecins». Et, comme les médecins résidents restent sur leur position et boycottent pour la seconde fois l'examen du DMS, «il n'y aura donc pas de promotion au mois d'avril pour remplacer les médecins qui auront terminé leur service civil», explique encore la même source. Pour autant, il estime que «l'année blanche ne va arranger personne». Globalement, les revendications des médecins résidents portent essentiellement sur l'abrogation du caractère obligatoire du service civil et son remplacement par un autre système de couverture sanitaire pour l'intérêt du patient et l'épanouissement socioprofessionnel du médecin spécialiste, le droit à la dispense du service militaire, le droit à une formation de qualité pour le médecin résident, la révision du statut général du résident, le droit aux œuvres sociales, ainsi que le droit à l'agrément d'installation à titre privé de spécialiste en biologie clinique.

Une première proposition du ministère de diminuer le nombre de spécialités concernées par le service civil avait été, rappelons-le, rejetée par le Camra qui a indiqué que sa revendication porte essentiellement sur l'abrogation du caractère obligatoire et le réaménagement non la suppression du service civil.

Bref, les deux parties campent sur leurs positions et aucune solution ne pointe à l'horizon. La situation va se compliquer dans les prochaines semaines avec la fin du service civil pour plus d'un millier de médecins dans le sud du pays, ce qui va augmenter la pression sur le ministère de la Santé, qui est resté jusque là inflexible, en dépit de trois marches nationales (Alger, Oran et Constantine) des médecins résidents.

Le SG du RND Ahmed Ouyahia avait, le 17 février dernier à Biskra, vivement critiqué les médecins résidents et la grève du Camra. «Ils ne sont encore que des généralistes», a-t-il dit avant d'ajouter devant ses militants que «c'est grâce aux études que leur offre l'Algérie qu'ils deviendront spécialistes». Selon lui, certaines revendications «ne sont pas logiques». «Il est facile d'annuler le service civil, mais est-ce que nous voulons un désert médical en Algérie ?» Pour sa part, le SG du FLN, Djamel Ould Abbès, avait affiché sa sympathie pour les revendications des médecins résidents, mais a déploré la méthode. Dans ses déclarations à la presse, il avait indiqué avoir eu des échanges avec le professeur Hasballaoui, ministre de la Santé, mais n'a pas détaillé ces discussions. Depuis le début, cette grève avait été déclarée illégale par la justice.