Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

FLN: Ould Abbès rappelle les lignes rouges du parti

par Yazid Alilat

Bousculé sur son passé de moudjahid, de plus en plus contesté à la tête du parti, notamment pour avoir interdit aux militants de s'exprimer librement et d'être vague sur la date du prochain congrès, le SG du FLN, Djamel Ould Abbès, a délivré des messages clairs, qui rappellent la période du parti unique, hier samedi à Aïn Benian (20 km à l'ouest d'Alger), à ses détracteurs.

Dans la foulée d'une cérémonie commémorative à la mémoire du chahid Larbi Ben M'hidi, Ould Abbès a sonné le rappel des militants du parti et rappelé leur devoir. Dans une allocution, il a appelé les militants et les représentants du parti au sein du Conseil de la nation et de l'APN, ?'à rester fidèles aux principes du Front''. A l'adresse de ces cadres représentant le parti au sein des Assemblées nationales élues, il leur a signifié qu'ils doivent ?'être des hommes'', et doivent ?'rester vigilants''. ?'Le FLN est fier de ses militants, il ne les renierait jamais'', a-t-il poursuivi, avant de relever que ?'le parti est une grande maison''. Et puis, il ne pouvait ne pas revenir sur l'actualité brûlante du parti, notamment le rappel à l'ordre qu'il a lancé contre certains cadres, dont un membre du Conseil de la nation, qui a été convoqué par la commission de discipline pour avoir demandé la démission d'une ministre du gouvernement Ouyahia. Pour ce membre du Conseil de la nation comme pour les autres, Djamel Ould Abbès a rappelé que seul le président Bouteflika nomme les ministres.

Une manière comme une autre pour rappeler aux ?'récalcitrants'' que le chef du FLN n'est autre que le président de la République, et qu'à ce titre, c'est lui qui nomme et démet de ses fonctions un ministre. Au sein du plus vieux parti algérien, la polémique enfle, ces derniers jours, par rapport à la prochaine présentation devant la commission de discipline du sénateur Abdelwahab Benzaïm.

La semaine dernière, celui-ci avait publiquement appelé la ministre de l'Education nationale à démissionner, créant un tollé au sein du parti, mais qui a, surtout, provoqué la réprobation du SG du FLN. Après un temps d'arrêt, le sénateur Benzaïm a violemment critiqué le SG du FLN, hier samedi, dans une lettre ouverte, l'accusant de violer la Constitution. ?'J'ai défendu ma liberté de mener ma mission dans le cadre de la Constitution qui dispose dans son article 126 que l'élu parlementaire ne peut faire l'objet de pression en raison des opinions qu'il a exprimées'', indique-t-il, avant de préciser que ?'la violation de la Constitution, la convocation d'un membre du Conseil de la nation par écrit pour juger son opinion et les menaces du secrétaire général Djamel Ould Abbès constituent un précédent dangereux dans l'histoire de la démocratie''. Benzaïm va plus loin en soulignant que ?'des conditions particulières ont fait de vous le secrétaire général du parti...

Les principes du FLN, inscrits dans la Déclaration du 1er novembre, sont des principes de liberté, d'indépendance et de dignité''. Il a appelé enfin M. Djamel Ould Abbès à ?'aller se reposer''. De son côté, le SG du FLN défend sa position et estime, dans une déclaration à L'Expression hier samedi, que ?'neuf dossiers ont été déjà présentés devant la commission de discipline. C'est la première fois que le parti aborde cet aspect disciplinaire, il y avait un laisser-aller, des dépassements''. Pour autant, le SG du FLN estime qu'à ?'travers ce genre de déclarations d'enlever «X ou Y», il (Abdelwahab Benzaïm, NDLR) s'immisçait dans les prérogatives du président de la République'', avant de déplorer que ?'beaucoup de militants de ce type ont désappris la démocratie au sein du parti''. Bref, plus que jamais, Ould Abbès se positionne comme le seul ?'timonier'' à la tête du FLN, récusant et sanctionnant tout écart de conduite des militants du parti. ''Ce sont des mœurs tout à fait inédites au sein du FLN'', avait commenté mercredi dernier M. Abdelaziz Ziari, haut cadre du FLN et ancien président de l'APN. Il ajoute : ?'C'était dans la nature même du parti qu'il y ait différents courants et positions. C'est-à-dire qu'il y ait une large marge de manœuvre. Je ne parle pas des grands principes au sujet desquels il faut de la discipline''. Hier samedi, Djamel Ould Abbès n'a pas voulu en rajouter à cette polémique, s'abritant derrière le ?'président Bouteflika, qui nomme les ministres et leur donne leur feuille de route».