Un deuxième important trafic de voitures de luxe a été démantelé dans la wilaya de Tlemcen après plusieurs jours d'investigation, a-t-on appris hier de source judiciaire. Ce coup de filet intervient, pour rappel, deux mois après un premier réseau démantelé en janvier dernier par la Gendarmerie nationale de Tlemcen. En effet, la semaine dernière, les éléments de la brigade de la Gendarmerie nationale de Terny (daïra de Mansourah) ont réussi à démanteler un réseau « hors norme » de trafic de cartes grises de voitures, notamment de luxe, de marque Renault, Mercedes, Volkswagen Caddy, Kia Picanto et Peugeot qui transitaient par les ports maritimes de Ghazaouet et Mostaganem avec la complicité d'étrangers et de ressortissants émigrés devenus membres actifs dans cette entreprise criminelle. Notre source souligne l'ampleur du réseau, puisque cela concerne le trafic de plus de 300 véhicules.

Pour l'heure, la Gendarmerie a procédé à 12 arrestations dont des courtiers et des agents administratifs communaux de Terny, Bouihi, Tlemcen, Chetouane et Oran. Près de 14 véhicules ont été saisis à Terny, Nedroma, Remchi, Tlemcen, Maghnia, Ouled Mimoun et Oran. Les investigations ont été lancées sur la base d'informations parvenues à la Gendarmerie de Terny portant sur des véhicules neufs immatriculés « 16-00 » en circulation avec de fausses cartes grises. Les éléments de la Gendarmerie de Terny appuyés par les éléments de la section d'investigation et de recherche de la Gendarmerie du Groupement territorial de Tlemcen ont dès lors commencé à suspecter et surveiller ces voitures portant ce genre d'immatriculation. Ils relèvent les numéros de plaques minéralogiques et exploitent les cartes grises des véhicules.

L'enquête a permis de découvrir que des agents administratifs communaux scannaient des imprimés vierges de cartes grises d'origine. L'exploitation première de ces informations a également permis de découvrir que les faussaires sont parvenus à accéder au système national d'immatriculation de véhicules. Il s'est avéré, en outre, que le réseau recourait à deux concessionnaire de véhicules établis à Es-Sénia (Oran) et Dar Beïda (Alger) pour le retrait de factures pro forma en vue de la constitution de dossiers de base complets pour l'établissement des cartes grises.    

Les véhicules étaient ensuite revendus dans la wilaya de Tlemcen et dans d'autres wilayas du pays « pour un faramineux prix », a souligné notre source. L'enquête se poursuit pour mettre au jour la dimension nationale de ce réseau « très bien organisé » qui bénéficie de complicités dans les rouages administratifs.

La justice de Tlemcen, qui redoute une augmentation de ces pratiques illégales surtout après l'allègement des procédures d'obtention de cartes grises prises récemment par les pouvoirs publics, veut lever un coin du voile sur le mystère qui entoure l'accès par les faussaires au système national d'immatriculation (un site pourtant bien protégé par un code secret) et l'implication d'ingénieurs des mines et de chefs de service communaux de cartes grises dans cette affaire de trafic de voitures de luxe. Les mis en cause seront prochainement présentés devant le procureur de la République du tribunal de Tlemcen.