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Représentations diplomatiques de l'Algérie en Espagne: Le MAE accuse un député

par Moncef Wafi

  Le ministère des Affaires étrangères (MAE) s'est exprimé, par le truchement de son porte-parole, sur ce qu'il est convenu d'appeler le cas Noureddine Belmeddah, député de la communauté nationale à l'étranger (zone 4).

Dans une déclaration à l'APS, Abdelaziz Benali Cherif n'a pas été tendre avec le député d'obédience FLN, allant jusqu'à l'accuser d'être à l'origine d'une «campagne calomnieuse et injuste», contre les représentations diplomatiques de l'Algérie en Espagne, particulièrement l'ambassade à Madrid et le consulat à Alicante, suite au décès, le 29 décembre 2017, dans un centre de rétention administrative à Archidona, de Mohammed Bouderbala. Le MAE reproche au député la sur-médiatisation de ses prises de position à travers la presse nationale qui «a rapporté à de nombreuses reprises» ses déclarations, «de même qu'elle a repris la quintessence de certaines correspondances adressées par ce député à certaines institutions, concernant particulièrement des situations inhérentes à des citoyens algériens établis régulièrement en Espagne ou se trouvant dans ce pays de manière illégale», a expliqué Benali Cherif. On déplore, en haut lieu, que Belmeddah «n'a pas attendu le résultat final de l'instruction judiciaire espagnole» ni «les conclusions de la justice algérienne pour verser dans la surenchère et travestir la réalité de la situation».

De graves accusations portées contre le député qui aurait sapé, selon la même source, «tous les efforts déployés par notre appareil diplomatique pour la prise en charge de ce dossier». Rappelons qu'à propos de ce décès, la justice algérienne avait décidé d'ouvrir une enquête sur les circonstances de la mort de Mohammed Bouderbala, un migrant de 37 ans, originaire de Hadjadj, dans la wilaya de Mostaganem, retrouvé mort dans sa cellule de la prison d'Archidona.

Le ministre de la Justice, Garde des sceaux, Tayeb Louh, avait déclaré que «le parquet a ouvert une enquête afin d'élucider les circonstances de la mort suspecte d'un ressortissant algérien en Espagne, conformément à l'article 588 du code de procédure pénal de 2015». Il a indiqué, par ailleurs, que «les autorités espagnoles ont enquêté sur les circonstances mystérieuses» de ce décès, expliquant que «l'Algérie a ouvert à son tour une enquête sur l'affaire, en vertu du code de procédure pénale». La victime avait été interceptée en novembre dernier au large des côtes sud de l'Espagne et placée en détention dans le centre pénitentiaire de Malaga parmi les 500 migrants clandestins. Selon un porte-parole de la police, l'autopsie a révélé qu'il était mort «après s'être pendu à l'aide d'un drap».

La justice espagnole semble confirmer cette thèse puisqu'il ne sera pas considéré comme un crime possible. Le porte-parole du MAE, et pour étayer le travail des représentations diplomatiques algériennes en Espagne a indiqué que l'ambassade comme le consulat à Alicante «se sont mobilisés en entreprenant toutes les démarches requises pour suivre d'une manière efficiente le dossier ouvert par les autorités espagnoles suite à ce drame». Il rappellera, par ailleurs, que «le ministre des Affaires étrangères a, en personne, reçu en date du 3 janvier 2018, les membres de la famille de feu Mohammed Bouderbala» et que le Chargé d'affaires de l'ambassade d'Espagne à Alger «a été reçu le même jour au ministère des Affaires étrangères». Allant plus loin, Benali Cherif, qui évoque «une campagne contre l'ambassade d'Algérie à Madrid», «aux antipodes des mesures prises par l'Etat pour lutter contre l'immigration clandestine», accuse carrément l'action de Belmeddah qui, selon lui, «s'apparente à un activisme qui ne se fonde pas sur les dispositions de la loi, mais qui puise sa logique dans un populisme dangereux tant il peut être perçu par nos jeunes comme un encouragement à l'immigration clandestine».

Le MAE s'interroge aussi «le véritable objectif qui motive son action» à la lumière de ses déclarations au sujet «des prétendus obstacles bureaucratiques que notre ambassade à Madrid dresserait devant les ressortissants algériens désireux de convertir leurs permis de conduire». Pour le porte-parole, l'ambassade «ne fait qu'observer la procédure prévue par l'accord qui nous lie à l'Espagne, s'agissant de la conversion de ce document».