Remise de clés. C'est tout ce qu'on peut retenir de la visite du ministre de l'Habitat. Connu pour son bon sens de la communication, Abdelwahid Temmar aura été avare en paroles, hier à Oran. D'entrée de jeu, la presse s'est fait signifier un point d'ordre : «Pas de questions». Le décor du point de presse implanté sur le site AADL aura été sans utilité.

Grincement de dents du côté des journalistes venus en nombre pour couvrir la visite de Temmar. Après avoir fait le pied de grue durant deux bonnes heures en raison du retard mis par la délégation pour rallier le point d'amorce du circuit, le site de 2.700 logements AADL à Aïn El-Beïda, et après avoir installé dictaphones, micros et trépieds autour du pupitre posé dans le chapiteau faisant office d'un point de presse, les journalistes sont repartis désenchantés. Eux qui espéraient que leur patience allait être récompensée par une plus grande disponibilité de leur interlocuteur en la personne du ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville. Ils n'ont eu droit finalement qu'à une déclaration stéréotypée et à sens unique. Le même fait, ou plutôt non-fait, s'était produit lors de la visite d'il y a deux mois et demi. A la différence près que cette fois-ci, il n'y avait ni point de synthèse sur le secteur local ni déclarations «chemin faisant» pour compenser un tant soit peu la non-tenue d'une conférence de presse.

TEMMAR «ALLERGIQUE» AUX POINTS DE PRESSE A ORAN ?

Le mince espoir d'accrocher le ministre au second et dernier point du circuit, à l'USTO, s'est rapidement volatilisé, Temmar ayant embarqué dans son véhicule aussitôt la courte cérémonie de remise de clés levée. Au virage, non loin de l'entrée principale de l'Université des sciences et de la technologie d'Oran Mohamed-Boudiaf, un groupe de quelques dizaines de manifestants, des femmes pour la plupart, l'attendait, pancartes en main. «Faites-nous sortir de l'enfer !» Ce sont des familles occupant des caves à l'USTO. Un problème vieux de vingt ans. Bravant le cordon sécuritaire, les protestataires chauffés à blanc s'agitent, donnent de la voix et se mettent en travers du passage du cortège. Serein, le ministre s'arrête, descend et va à leur rencontre. Avec le wali à ses côtés, il prend langue avec eux. Sans aucun complexe ni à priori, malgré une certaine brutalité et une vulgarité dans le verbe et la gesticulation de l'autre franc. D'autres mécontents du relogement de Bir El-Djir s'y mêlent, dossiers avec lettres de recours en main. Le branle-bas s'apaise et s'estompe au bout de dix minutes d'échange. Le ministre et le wali regagnent leur véhicule sous les acclamations et les youyous, les concernés ayant eu suffisamment d'assurances que leur cas sera pris en charge à très brève échéance.

LE CORTEGE INTERCEPTE PAR LES OCCUPANTS DES CAVES

Il est midi moins quart. La visite ayant débuté vers 10h prend fin sur fond d'ambiance d'un dénouement, plutôt heureux, d'un fait qui est arrivé tel un cheveu sur la soupe. Auparavant, dans sa brève déclaration faite au sortir du chapiteau où il venait de remettre des clés pour un échantillon de souscripteurs du quota de 820 logements sur un total de 1.500, relevant d'un programme de 2.700 unités AADL implanté à Aïn El-Beïda, le ministre de l'Habitat a tenu à préciser que cette visite a pour mobile de «donner un encouragement moral aux autorités locales pour le grand effort consenti dans la concrétisation du programme de logement à l'indicatif de la wilaya, sous toutes ses formules». «Nous sommes venus en signe d'encouragement à la wilaya d'Oran après la nouvelle dynamique que nous avons relevée. A chaque fois où il y a des projets réceptionnés et fin prêts pour être livrés, nous en distribuons les clés. A cet égard, nous devons affirmer ici même qu'Oran joue un rôle de précurseur et d'avant-coureur dans la livraison des projets de logements, notamment en ce qui concerne les programmes nouvellement inscrits». Et d'ajouter : «Cela entre dans le cadre du programme gouvernemental de son excellence le président de la République dont nous comptons en réceptionner 1,6 million d'unités à fin 2019. Nous venons donc pour encourager les pouvoirs publics locaux et les élus, mais aussi pour lever les contraintes et résoudre les problèmes exprimés. A cet effet, nous accordons la plus grande attention aux préoccupations des citoyens en premier lieu dont nous sommes au fait au jour le jour, notamment à travers le Facebook».

«ÇA SUFFIT AVEC LES CITES-DORTOIRS !»

Le ministre a clos son allocution succincte en soulignant que «nous implantons désormais les équipements sinon avant, en même temps, à tout le moins, que les blocs de logements, avec comme finalité de réceptionner des cités au sens propre du mot et non des habitations-dortoirs. La priorité étant pour les infrastructures scolaires, mais les autres services publics suivront à coup sûr, notamment après la levée du gel sur beaucoup de programmes publics, avec la mise à profit du fonds de wilaya. Le point de départ de la visite a été donné à partir du site de 2.700 logements AADL, implanté dans le nouveau pôle urbain d'Oran, en plein processus de construction, situé à la sortie ouest de la ville via le 4ème périphérique, où le ministre procèdera à la pose de la première pierre pour la réalisation de 13 équipements scolaires de différents paliers et à la remise des clés au profit des souscripteurs de 820 logements, relevant d'un programme de 1.500 de la formule location-vente. Il était question également de remises des clés au profit de 210 familles détentrices de pré-affectation, dans le cadre de la résorption du vieux bâti de la ville, sur un total de 416 recensées dans le secteur urbain de Sidi El-Bachir (ex-Plateau) et pré-affectées vers le programme LPL de Belgaïd. Le second point du programme a été le site de 2.500 logements AADL d'Aïn El-Beïda, où le ministre a présidé une autre cérémonie de remise des clés au profit, cette fois-ci, de 309 familles bénéficiaires, faisant partie de ce programme location-vente. Temmar s'est rendu à l'USTO où il a remis des clés au profit d'un échantillon de 191 bénéficiaires de logements de type LPA, dont les logements sont répartis sur 3 sites : 67 unités à Belgaïd, 44 à Haï Sabah et 80 à l'USTO.