Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Le ministre des Moudjahidine: La restitution des crânes de résistants «en bonne voie»

par Moncef Wafi

La restitution des 37 crânes des résistants algériens tués durant la deuxième moitié du XIXe siècle par l'armée française et conservés depuis près de deux siècles au musée de l'Homme de Paris, est «en bonne voie», a affirmé, hier, le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni. Depuis Oum El Bouaghi, où il assistait à la cérémonie commémorant le 61ème anniversaire de la disparition de Larbi Ben M'hidi, le ministre a rappelé qu'une commission technique chargée de ce dossier est «à pied d'œuvre», expliquant que cette dernière «a entamé son travail après la présentation par l'Algérie d'une demande officielle à la France» à propos de cette question. Un sujet qu'on croyait clos après la visite du président français Macron à Alger, décembre dernier, qui avait indiqué à cet effet que la question est close puisqu'il a convenu avec ses interlocuteurs algériens de leur restitution. «Je souhaite qu'on ravive la relation avec le travail mémoriel entre nos deux pays, que la restitution des crânes soit décidée, je la déciderai, je suis prêt», avait-il notamment déclaré. Cependant, les dernières déclarations de l'ambassadeur français ont relancé la polémique autour de cette affaire.

En effet, «certains médias» ont rapporté que l'ambassadeur de France avait affirmé que l'Algérie n'avait pas encore déposée de demandes officielles pour la restitution des crânes. Faux, a tenu à rectifier l'ambassade, démentant, mardi dernier, les propos attribués à l'ambassadeur Xavier Driencourt. «Le 27 février 2018, certains médias ont relayé une information erronée concernant les propos tenus par l'Ambassadeur de France, M. Xavier Driencourt, lors d'une conférence de presse à Annaba le 26 février, au sujet de la demande officielle faite par l'Algérie à la France de restitution de crânes de résistants algériens conservés au Museum d'histoire naturelle de Paris », indiquait la chancellerie française dans un communiqué.

Le texte précise qu'au contraire, et rapportant les déclarations de Driencourt, une demande officielle est faite par l'ambassade algérienne à Paris auprès du Quai d'Orsay dans le courant du mois de décembre comme première étape. «La deuxième étape, c'est une procédure qu'on appelle de déclassification du patrimoine national français. La troisième étape, c'est le vote d'une loi par l'Assemblée nationale et par le Sénat pour restituer ces crânes des combattants algériens à l'Algérie.

Le projet de loi est en cours de dépôt actuellement. La quatrième étape, ce sera le vote de la loi». Le ministre des Moudjahidine a également répondu à une question relative à la récupération des archives de l'Algérie détenues en France assurant qu'«il y a une volonté entre les deux parties pour étudier le dossier à travers des spécialistes dans le cadre d'une commission mixte». Rappelons aussi que Zitouni avait souligné que «l'Algérie ne construira pas ses relations futures avec la France sur la base de déclarations mais sur du concret», évoquant justement ces dossiers relatifs aux archives et aux 2 200 disparus Algériens durant la guerre de libération nationale.

La récupération des crânes des chefs de la résistance algérienne et l'indemnisation des victimes algériennes des essais nucléaires français effectués dans le sud algérien font également partie de ces dossiers «complexes et sensibles». S'il reconnaît qu'ils «requièrent de la patience», le ministre des Moudjahidine certifie que l'Algérie «n'acceptera pas de marchander ni de tourner la page».