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Trafic de 25.000 comprimés d'ecstasy: 20 ans de réclusion pour les principaux accusés

par M. Nadir

  Jeudi dernier, le tribunal criminel près la cour d'Oran a condamné les éléments d'un réseau de trafic d'ecstasy à des peines de 20 et 14 ans de réclusion criminelle à l'issue d'un long procès au cours duquel un seul accusé, en l'occurrence le chauffeur de la voiture transportant les stupéfiants, a reconnu les faits.

Faits qui remontent, selon le dossier d'accusation, au vendredi 5 février 2016 lorsque les services de l'ANP de Sidi Bel-Abbès reçoivent une information selon laquelle un réseau de trafic de drogue s'apprête à convoyer une quantité d'ecstasy de Maghnia à Oran.        Les éléments de la gendarmerie nationale prennent leurs dispositions pour surveiller tous les accès et dressent des barrages sur tout l'itinéraire menant de la cité de la Mekerra à la capitale de l'Ouest. Le lendemain samedi, aux environs de 4h du matin, une Renault Laguna, roulant à tombeau ouvert, force le barrage installé sur l'autoroute Est-Ouest, à proximité de Sidi Yacoub, provoquant le branle-bas de combat dans les rangs de la gendarmerie nationale qui lancent aussitôt une opération de ratissage. La voiture est retrouvée abandonnée à une vingtaine de kilomètres, près de Sidi Brahim, et un bidon bleu contenant des comprimés d'ecstasy, 300 mètres plus loin : «On m'avait averti de la présence d'un autre barrage à Aïn El Berd (23 km plus loin, Ndlr), alors j'ai laissé la voiture pour continuer à pied à travers les villages. J'ai aussi abandonné le bidon parce qu'il était trop lourd?», avouera plus tard le chauffeur de la Laguna, R. Mourad, 26 ans. Dans le jerrican de 30 litres, les gendarmes trouveront 29.468 comprimés d'ecstasy. Extrêmement bien informés, les enquêteurs parviennent dès l'après-midi du même samedi à mettre la main, dans un appartement de Cap Falcon, sur le chauffeur présumé en compagnie de quatre autres personnes suspectées de complicité dans le trafic : Y. Kheireddine dit Mini, 28 ans, D. Ali, 34 ans, S. Boualem, 33 ans, oncle de Mourad, et une certaine Narimane, petite amie du chauffeur. Si la jeune fille est relâchée un peu plus tard, les quatre hommes ainsi que sept autres, interpellés ultérieurement, seront inculpés d'importation et de trafic de drogue en bande organisée suivant les articles 19 et 17 (alinéas 1 et 3) de la loi 04-18 relative à la prévention et à la répression de l'usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes.

Lors du procès, Mourad réitérera ses aveux en tentant de disculper ses coaccusés dont il clamera l'innocence : «Ils n'ont rien à voir avec le trafic, j'en ai cité certains par vengeance alors que les autres ignoraient que je transportais de l'ecstasy», tentera-t-il de faire accroire. A la barre, les autres accusés dont il a été prouvé qu'ils avaient accompagné Mourad dans son périple, diront qu'ils pensaient escorter une marchandise de cuivre d'Oran à Maghnia. Sauf qu'ils étaient tous munis de téléphones dotés de puces anonymes et qu'ils sécurisaient la route de Maghnia vers Oran : «Or, relèvera le président d'audience, le trafic de cuivre se fait dans le sens contraire. C'est de la drogue qu'on amène de Maghnia et non pas du cuivre.» Ce à quoi les accusés répondront qu'ils «ouvraient» la route à Mourad parce que «la Laguna était trafiquée (numéro de série modifié, Ndlr) et n'avait pas de papiers». Dans son réquisitoire, le ministère public dira sa conviction que les faits établissaient la culpabilité des accusés contre lesquels il requerra des peines allant de 12 ans à la perpétuité, suivant l'implication supposée de chacun dans ce réseau de trafic de psychotropes. Après délibérations, le tribunal prononcera 20 ans de réclusion contre R. Mourad et D. Ali et des peines de 12 à 15 contre 7 autres accusés. Seuls deux mis en cause bénéficieront de l'acquittement.