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Le président de l'ABEF confirme: Les gros dépôts d'argent, même en devises, acceptés par les banques

par Yazid Alilat

  Huit jours après la diffusion d'une note de la Banque d'Algérie (BA) enjoignant aux banques primaires de ne plus refuser les gros dépôts de fonds et d'accepter les retraits de grosses sommes d'argent, le président de l'association des banques et établissements financiers (ABEF), Boualem Djebbar, a confirmé que dorénavant les banques doivent accepter les gros dépôts de fonds sans demander leur origine ni des justificatifs.

Il a expliqué hier mercredi à la radio nationale, après quelques interrogations relevées dans certains milieux bancaires et financiers, que «les banques sont en démarchage pour capter les ressources et maximiser la bancarisation de l'économie». Pour clarifier la démarche de la banque d'Algérie, il a ajouté que «les banques sont régies par un certain nombre de réglementations édictées par la BA, dont les instructions relatives au dispositif de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme». «La note de la BA vient pour lever des ambiguïtés et fausses interprétations de ce dispositif», a-t-il précisé. Plus explicite, le président de l'ABEF et P-DG de la Badr rappelle que «cette note dit clairement aux banques de ne pas demander l'origine des fonds lors des dépôts en dehors des connaissances des clients lors de l'ouverture d'un compte» et que cette note signifie qu'il «n'est plus question de demander l'origine des fonds lors des dépôts, même lors du retrait de sommes importantes. Les clients peuvent le faire quand ils veulent». M. Djebbar a expliqué que «ce qui est demandé aux banques, c'est d'être flexibles en matière de dépôts de fonds et de permettre au client de retirer son argent sans lui demander ce qu'il veut en faire». Il a précisé que la note de la Banque d'Algérie en matière de facilitation des dépôts de fonds concerne également les fonds en devises, pas seulement les dépôts en dinars.

Mercredi dernier, la Banque d'Algérie avait rendu publique une note adressée aux banques primaires dans laquelle elle relève que «le système bancaire est interpellé, de nouveau, à se déployer à travers ses différents outils et instruments, à capter et canaliser toute épargne potentielle, aux fins de réduire la liquidité monétaire en circulation, notamment informelle, et d'instaurer la confiance avec la clientèle épargnante». Plus explicite, la note relève qu'«il est apparu qu'au nom d'une interprétation, souvent abusive et non fondée, des dispositions de la loi régissant le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, certains guichets bancaires ont été à l'origine de refoulement de capitaux de manière arbitraire, sans justifications réglementaires. Il faut donc cesser d'exiger, lors de tout dépôt de fonds en caisse auprès de leurs guichets, des justificatifs, au-delà de ceux relatifs à l'identité du client dans le cadre des exigences réglementaires en matière de connaissances». La note de la BA souligne que «de même, les retraits demeurent libres d'utilisation. Les banques sont invitées à faire preuve de diligence en matière de mise à disposition des fonds clientèle». Sur la circulation de la monnaie fiduciaire, le président de l'ABEF a souligné que «les banques ont leur guichets pour accueillir les fonds et l'épargne des ménages, peut-être pas comme on le souhaite». Il a en outre confirmé que la monnaie fiduciaire qui circule sur les circuits non bancaires et détenue par les ménages est de 2.700 milliards de dinars sur les 4.700 milliards de dinars en circulation. «Ce n'est pas de l'argent informel, mais ce qui est gardé par les ménages chez eux pour les besoins des transactions quotidiennes». «Le reste étant de l'argent hors circuit bancaire. La stratégie des banques vise les deux catégories de cet argent. Le meilleur moyen de les capter c'est de développer les instruments d'épargne et de paiement des clients», explique M. Djebbar. Sur la question de la liquidité bancaire, il a expliqué que «pour les banques, la liquidité se mesure par rapport à des ratios prudentiels de la BA. Mais, il y avait de la liquidité qui a été absorbée au fur et à mesure des activités des banques, dont les crédits à l'investissement à moyen et long terme, qui ont permis d'absorber cette surliquidité». «A partir de 2014, il y avait donc moins de recettes provenant des hydrocarbures. Donc la liquidité a diminué en 2015 et 2016. Nous ne sommes plus dans la courbe de 2014, mais on est sur une progression positive à deux chiffres» en matière de crédits à l'économie, souligne le président de la l'ABEF qui a indiqué qu' «en 2015, on a fait un peu moins de 20% et 14% 2016, et en 2017 on a fait 12% d'évolution des crédits par rapport à 2016, soit un encours de 8.800 md de DA comparés aux 7900 md en 2016». Selon M. Djebbar, «75% de ces crédits sont à moyen et long terme, souvent avec des différés importants, voire sur dix ans, donc la remboursabilité de ces crédits n'est pas dans l'immédiat, mais il faut attendre la réalisation des projets». «Mais, précise-t-il, il y a des crédits impayés. On est à 10% cumulés depuis l'existence des banques en Algérie, pour tous types de crédits (banques, Cnep, Ansej...) non remboursés, avec un taux de risque net de 2% à 3%, ce qui est une norme universellement admise». Sur l'opération de mise en conformité fiscale clôturée le 31 décembre dernier, M. Djebbar a souligné qu'elle a permis de récolter 100 md de DA, et que «nous devons faire plus d'effort pour capter l'argent» et le bancariser.