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Migrants subsahariens: Des associations dénoncent une nouvelle vague d'expulsions

par Moncef Wafi

L'expulsion des migrants subsahariens d'Algérie est revenue à l'actualité avec l'intervention de la «Plate-forme Migration Algérie» (PMA), un panel de 21 associations internationales et algériennes, qui s'est alarmé de la reprise des interpellations et de leurs conséquences, sur le plan humanitaire. Selon le texte de la PMA, repris par l'AFP, cette nouvelle vague d'arrestations qui a commencé depuis le 10 février dernier, contraint les émigrés africains à se cacher dans leurs domiciles «accentuant leur situation d'extrême vulnérabilité», si la campagne se poursuit. La ?Plate-forme' se préoccupe de leur situation sanitaire et médicale qui «risque de devenir rapidement préoccupante, en raison de la rupture d'accès aux soins et de ravitaillement en nourriture». Le collectif d'associations indique qu'«après une vague d'expulsions massives, en septembre et octobre, les interpellations ont repris, dans la rue et les transports en commun, mais aussi sur les chantiers de travail et dans les lieux de vie des migrants», a précisé la même source d'informations.

La PMA revient sur le caractère de ces expulsions «sans distinction de nationalité» qui, affirme-t-elle, séparent parfois les familles et isolent des mineurs.

Un sujet déjà abordé par des ONG puisque après ?Amnesty International' (AI), c'est ?Human Rights Watch' (HRW) qui avait dénoncé un profilage ethnique, dans l'expulsion de plus de 3.000 migrants africains, depuis le 25 août 2017. «Rien ne justifie de regrouper des gens, en fonction de leur couleur de peau, puis de les déporter en masse», avait déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HRW, reprochant aux autorités algériennes de ne pas leur donner la possibilité de contester cette mesure.

L'ONG évoque, parmi les personnes expulsées, des migrants ayant vécu et travaillé, pendant des années, en Algérie, des femmes enceintes, des familles avec des nouveau-nés et environ 25 enfants non accompagnés.

Selon la PMA, des centaines de Nigériens, Maliens, Ivoiriens, Camerounais, Libériens et Guinéens, dont des femmes enceintes et des enfants, ont été arrêtés le 10 février et transférés dans un centre de rétention de la banlieue d'Alger, avant d'être transportés, en bus vers Tamanrasset.

Les associations ajoutent que les migrants ont été emmenés en camion, 4 jours plus tard, à la frontière avec le Niger, à environ 400 km, plus au sud, et ont été ensuite contraints de rejoindre «à pied, en plein désert», la localité de Assamaka, au Niger, à une quinzaine de kilomètres de la frontière.

Pour rappel, le ministre de l'Intérieur a, également, tenu à rappeler que des «mesures strictes» ont été prises, par la Commission nationale chargée du dossier, en vue d'éradiquer les réseaux criminels «qui se livrent au trafic et à l'exploitation des femmes et des enfants, sur notre territoire, à des fins criminelles». Il indiquera, par ailleurs, que certains de ces criminels ont été arrêtés, l'année dernière et qu'activant aux frontières avec le Niger et le Mali, ils travaillaient de concert avec des Algériens. Messahel avait, aussi, évoqué ces organisations, «une mafia organisée, comprenant des Algériens, qui encadre les opérations de migration clandestine vers l'Algérie ».

Un réseau à l'origine du flux migratoire clandestin de Nigériens, en Algérie, avait été démantelé, en 2016, avait rapporté le ministre de l'Intérieur, de la Sécurité publique, de la Décentralisation et des Affaires coutumières et religieuses du Niger, Mohamed Bazoum, qui avait précisé que sa tête pensante se trouvait à Tamanrasset. Les autorités de Niamey soupçonnaient l'existence de réseaux criminels nigériens qui exploiteraient ces personnes alors qu'un réseau spécialisé dans la traite d'enfant avait été démantelé, à Tamanrasset et ses membres, des étrangers, arrêtés par les services de sécurité algériens. Niamey avait, également, expliqué que ses services de sécurité avaient découvert des réseaux criminels qui exploitaient, notamment, les enfants et les femmes, dans la mendicité et la prostitution. L'Algérie a, d'ailleurs, recensé 6.000 enfants mineurs, non accompagnés et 3.000 femmes seules exploitées dans le cadre de la prostitution.