Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Tébessa: 10 ans de prison pour trafic de mercure rouge

par Ali Chabana

Le 17 juillet 2017, les éléments de la police de la Sûreté de la wilaya de Tébessa ont mis en échec une tentative de transaction d'une quantité de mercure rouge, matière dont le commerce est prohibé par la loi.

L'opération avortée avait eu lieu au quartier de l'Aqueduc au chef-lieu, au cours de laquelle trois mis en cause avaient été arrêtés. Le jour du procès, qui vient de se tenir, le premier accusé appelé à la barre argua qu'il exerçait comme «raki», une sorte d'exorciste et l'achat du produit en question entrait dans le traitement du cancer, et qu'il ignorait que le mercure était interdit. A ce moment-là, le magistrat président de la séance lui demanda «de qui aviez-vous acheté le mercure ?», l'accusé lui répondit qu'il l'avait acquis chez un herboriste. Le juge rétorqua « était-il logique d'acheter un flacon de mercure, avec une somme d'argent dérisoire (500 DA), pour le revendre ensuite à un prix astronomique (4 milliards de centimes) ?». Poursuivant le procès, un deuxième accusé dira que lui aussi ne savait pas que le mercure était interdit, mais qu'il l'utilisait dans une séance d'invocation du djinn !! avec des incantations et citation de versets du Coran ! Même chanson pour le troisième comparse qui, lui, savait que le partage des gains sera égal, une fois que le mercure sera écoulé. Et puis une quatrième personne fut appelée et qui n'était autre que l'épouse de l'un des accusés, et lui avait été signifié par l'instance judiciaire le délit de non-dénonciation. Celle-ci dira que son conjoint lui demandait toujours de dissimiler toutes les choses qu'il lui confiait, y compris cette fameuse fiole de mercure. Le rapport de l'enquête de la police signalait que la femme avait caché le mercure sous ses vêtements. Cela confirma d'après le juge que l'accusée savait la dangerosité du produit.

Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public dira que tous ces scénarios échafaudés par les accusés n'étaient autres qu'une tentative de se disculper de leurs responsabilités pénales, et qu'aujourd'hui on se retrouve en train d'évoquer une histoire de «djinn». Une affaire très sensible d'autant qu'elle est liée à un trafic d'un produit prohibé, entrant dans la fabrication d'explosifs. Après les délibérations de la cour, trois des accusés ont écopé chacun de la réclusion criminelle de 10 ans de prison ferme, au moment où la femme a bénéficié de l'acquittement.