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Oran: Peine aggravée pour vol de voiture via Ouedkniss

par M. Nadir

  Condamnés en novembre 2017 par le tribunal criminel d'Oran à quatre ans pour association de malfaiteurs, vol qualifié, et faux et usage de faux, B. Hasni et L. Mohamed Farès ont recomparu en appel, ce mardi, suite au double pourvoi introduit par le ministère public et la défense.

Les deux hommes étaient poursuivis dans la cadre d'une affaire de vol de voiture via le site internet Ouedkniss. Selon le dossier d'accusation, les faits remontent à août 2016 lorsqu'ils ont mis en vente sur le célèbre site un Volkswagen Caddy appartenant à Farès. Après que la victime, un certain Mehdi, eut acheté le véhicule, le 30 août au soir, au prix de 316 millions de centimes, les deux accusés auraient utilisé le système GPS pour tracer le véhicule et le récupérer, le lendemain matin près du marché Michelet, grâce à une clef contrefaite. Dès qu'il a constaté la disparition de sa nouvelle voiture, Mehdi a porté plainte auprès de la police qui n'a eu aucune peine à mettre la main sur les suspects, grâce au numéro de téléphone de Hasni qui se trouvait sur le portable de la victime.

Après enquête et instruction, le parquet a estimé qu'il existait suffisamment d'éléments à charge pour mettre en détention les deux suspects sous les chefs d'inculpation cités plus haut.

A la barre du tribunal criminel d'appel d'Oran, B. Hasni, 36 ans, a choisi d'endosser toute la responsabilité en tentant d'innocenter son acolyte. Lequel a rejeté les charges qui ont été retenues contre lui, affirmant que Hasni avait volé son véhicule et était seul responsable de ce crime.

Thèse que la partie civile et le ministère public n'ont évidemment pas partagée. La première a affirmé que les preuves accumulées démontraient la culpabilité des deux accusés qui étaient, par ailleurs, cités dans une autre affaire de même type: «Si comme il le prétend, il a été victime du vol de sa voiture, pourquoi Farès n'a-t-il pas porté plainte auprès de la police ?», s'est interrogé l'avocat de la partie civile en affirmant sa conviction que les deux accusés avaient voulu arnaquer le client.

De son côté, le ministère public a estimé que les deux accusés étaient également coupables: «Ils se partageaient les tâches. Farès se chargeait de procurer la voiture et de la mettre en vente sur Ouedkniss tandis que Hasni s'occupait de la transaction», a-t-il notamment affirmé en requérant huit ans de prison et 1 million de dinars contre chaque accusé. L'avocat de L. Mohamed Farès a plaidé l'acquittement pour absence de preuves accablantes contre son client: «Notre client ne sait pas vendre, ne veut pas vendre, c'est pour cela qu'il a chargé Hasni de la transaction. Et celui-ci a fait des aveux», a-t-il argumenté en soulignant qu'on ne peut considérer une affaire qui n'a pas encore été jugée (évoquée par la partie civile, ndlr) comme une preuve à charge. Quant au défenseur de Hasni, il plaidera les circonstances atténuantes pour vol, et seulement pour vol: «Il n'y a pas lieu de parler de constitution de malfaiteurs puisqu'il n'a pas été prouvé que les deux se sont entendus pour voler la victime. Et on ne peut parler de faux et usage de faux, étant donné que nous n'avons pas de corps de délit (la clef contrefaite, en l'occurrence, ndlr)», a soutenu l'avocat, en mettant l'accent sur la situation sociale précaire de son client.

Les plaidoiries n'ont cependant pas convaincu le tribunal criminel d'appel qui a aggravé la peine contre les deux accusés, en la portant de quatre à cinq années de prison ferme assortie d'une amende d'un million de dinars. Les condamnés devront également rendre à la victime les 316 millions de centimes qu'il avait versés lors de l'achat du Caddy.