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Education nationale: 469 enseignants ont reçu leur radiation à Blida

par Ghania Oukazi

La direction de l'Education de la wilaya de Blida a envoyé par voie postale, des lettres de radiation à 580 enseignants grévistes, 469 les ont reçues. «111 d'entre eux (5%) ne les ont pas encore reçues,» nous a précisé, hier, la directrice de l'Education de la wilaya de Blida.

C'est le point de situation établi hier, mardi, par la direction de l'Education de la wilaya de Blida. «Nous établissons quotidiennement, avec les chefs d'établissements des points de situation, sur le fonctionnement des écoles et sur le mouvement de grève des enseignants, pour connaître exactement, l'évolution des choses et pour pouvoir réagir en conséquence et à temps,» nous disait, hier, Mme Ghenima Ait Brahim, la directrice de l'Education de la wilaya de Blida. Nous l'avons rencontrée, au siège de l'Académie, juste à son retour d'une réunion «pour faire le point» avec le wali, le contrôleur financier et le trésorier. «Nous avons vu que les choses étaient, quelque peu, rentrées dans l'ordre et les fonctionnaires ont été payés,» assure-t-elle.

Ait Brahim a été mis, ces derniers temps, sous les feux de la rampe parce qu'elle a eu à «gérer» les conséquences d'une longue et pénible grève, dans les CEM et les lycées de Blida. Tout aussi longue d'ailleurs que celle décidée à Bejaïa, peut-être moins que celle menée à Tizi Ouzou. Où en est la grève ? «Il n'y a plus de grève puisque nous avons procédé, à partir du 8 février dernier, conformément à la loi et à la réglementation, en vigueur, à la radiation de 580 enseignants dans les lycées sur les 12.000 en poste, on a aussi radié une enseignante d'une école primaire et 32 autres dans de CEM, on en parle pas beaucoup parce que les matières qu'ils enseignent n'ont pas trop d'impact sur le cursus scolaire de l'élève, celle du primaire a été remplacée le lendemain de son absence, » nous fait-elle savoir. Comparé au nombre de 10.100 enseignants radiés, dans la wilaya de Béjaïa, le chiffre avancé, à Blida, paraît minime. En plus des ponctions des salaires des deux derniers mois, 580 lettres de radiation ont été donc signées, par le contrôleur financier et envoyées, par voie postale, aux enseignants grévistes, jusqu'à hier, 469 les ont déjà reçues et 111 autres pas encore. 428 suppléants ont été désignés, à ce jour, pour remplacer les enseignants grévistes. Suppléants « encadrés par un collège inspectoral et pris en charge, financièrement, par une subvention du wali, au même titre que les professeurs stagiaires», explique la directrice de l'Education.

«Il n'y a plus de grève de l'enseignement, à Blida»

Ait Brahim précise que «nous n'avons pas, encore, remplacé tous les enseignants radiés par des suppléants parce que nous avons quelques petits problèmes pour certaines matières comme les mathématiques, par exemple, mais d'ici jeudi, on aura remplacé tout le monde.» Autre précision importante à ses yeux «les élèves ne sont pas restés, sans enseignants, dans certains cas, on a jumelé deux classes pour permettre aux professeurs d'assurer les cours aux élèves. Précaution a été prise, selon elle, pour que les classes de Terminales ne soient pas prises par des suppléants, on a donc, aussi, jumelé les classes concernées,» assure-t-elle. Ceci étant, la directrice de l'Education tient à rendre un grand hommage aux suppléants et, dit-elle, «de l'avis même des élèves, ils sont excellents en tous points de vue, en pédagogie, en premier bien-sûr, ont fait preuve de disponibilité, ils ont participé, directement, à la prise en charge de l'école, dans des moments difficiles, je leur rends hommage pour leur dévouement.» D'ailleurs, elle tient à les rassurer, en affirmant que «nous comptons les garder, s'il n'y a pas de concours pour les postes dans le Moyen et le Primaire, ils seront placés, selon la plate-forme, que nous avons et bien-sûr par ordre de mérite.»

Ait Brahim avoue avoir été, profondément, peinée de voir, le jeudi dernier, les élèves en train de manifester dans la rue «alors qu'ils devaient être en classe, ça fait mal au cœur de vivre une telle situation, je les ai fait rentrer dans les locaux de l'Académie, j'ai discuté avec eux, ils m'ont écoutée avec intérêt ». Elle en appelle au sens de responsabilité des parents pour, dit-elle, «qu'ils prennent en charge leurs enfants, qu'ils les sensibilisent pour qu'ils se remettent, sérieusement, à étudier, on peut tout rattraper, il n'est jamais trop tard pour bien faire.» Ce qui est sûr, selon notre interlocutrice, est que «les élèves dont les enseignants ont fait grève, prenaient tous les jours des cours particuliers, on les retrouvait à 200 dans des garages de villas, on a appris, aussi, que les enseignants grévistes leur assuraient certains cours.» Des cours de rattrapage seront, aussi, assurés par les établissements scolaires «les mardis après-midi, les samedis et la première semaine des vacances, dans les lycées touchés par la grève, on peut, même, donner des cours tard, c'est-à-dire jusqu'à 18h,» nous dit la directrice. La directrice affirme avoir mis en place depuis hier «des cours du CNEG, pour aider les élèves à suivre leurs cours à distance, nous leurs avons déjà remis un numéro de compte pour pouvoir le faire.»

Possibilité de recours pour les enseignants radiés

L'on a appris, au passage, que pour la première fois depuis le déclenchement de la grève, la présidente de la Fédération des parents d'élèves s'est réunie, hier, à Blida, avec l'Association des parents d'élèves «dans le but de sensibiliser les parents sur le sort de leurs enfants. » Il est noté au passage que l'Association des parents d'élèves tenait ses réunions en boucle, pour tenter de désamorcer la situation. La directrice de l'Education espère que «tout va rentrer dans l'ordre, aujourd'hui (hier ndlr), c'est calme, à Blida, il n'y a plus de grève, tous les élèves ont repris leurs cours.» Elle nous fait savoir que «entre actions qui seront menées, tout de suite, le déplacement des inspecteurs dans l'ensemble des établissements de la wilaya, nous allons organiser des journées de sensibilisation et rassurer les élèves pour que tout marche comme il se doit, dans les établissements scolaires.» Elle tient à affirmer que «les enseignants radiés ont deux mois pour introduire des recours, auprès de la direction de l'Education de la wilaya, s'ils ont gain de cause ils seront repris dans leur poste et les suppléants qui les ont remplacés assureront des cours de soutien pour rattraper les retards.» Elle rappelle que « dès le déclenchement du mouvement de protestation par le Cnapeste, ce sont 700 enseignants, répartis sur 36 lycées dont 13 concernés par un nombre très important de grévistes, je note que 200 d'entre eux avaient repris le travail à peine quelques jours après, et tout un lycée qui avait repris ses cours normalement.» Sur les 49 lycées que compte Blida, 13 n'ont pas été touchés par la grève. «Les 370 écoles primaires n'ont pas, non plus, posé de problèmes tout autant que 143 CEM,» indique-elle.

Ait-Brahim est persuadée que «ce long mouvement de grève n'avait aucune raison valable pour être mené, nous n'avons pas de problèmes socioprofessionnels, dans le secteur, tout allait bien, on a assaini toutes les situations en suspens, je suis à la loupe deux services : celui des personnels et celui des traitements (paies), chaque jour, je me réunis avec les chefs de bureaux, je descends aussi chez le contrôle financier pour tout mettre à jour.» Ait Brahim se dit que «quelle qu'en soit l'évolution des événements, mon bureau est toujours ouvert pour les partenaires sociaux, le dialogue est toujours le bienvenu et l'idéal pour résoudre les problèmes, il faut qu'on pense, tous, à l'élève et à son bien, c'est primordial pour la société et le pays.»