Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Blida: Les lycéens ne veulent pas d'enseignants remplaçants

par Tahar Mansour

La wilaya de Blida vient de publier un communiqué dans lequel elle revient sur la grève des enseignants de la wilaya affiliés au Cnapeste et donne les raisons qui ont poussé la direction de l'éducation à remplacer les enseignants grévistes et à entamer la procédure menant à leur licenciement. Ainsi, il est rappelé que la grève a débuté le 27 novembre 2017 à travers plusieurs lycées et CEM de la wilaya et, le même jour, la direction de l'éducation (DE) a organisé une réunion avec l'association des parents d'élèves alors qu'une invitation a été envoyée aux membres du bureau de wilaya du Cnapeste qui ont refusé d'y assister. Toujours selon la wilaya, plusieurs syndicats ont appelé à la fin de la grève sans y parvenir. Le 6 décembre, l'inspecteur du travail a appelé, lui aussi, les grévistes à rejoindre leurs postes de travail mais sans résultat et, le même jour, la DE a adressé une invitation au dialogue qui s'est heurtée au refus de la part des membres du bureau. En date du 10 décembre, le tribunal administratif déclare la grève illégale et ordonne la reprise des cours, mais cela n'a pas été suivi d'effet. Toujours est-il et afin de trouver une solution à ce conflit qui a trop duré et dont les élèves payent un lourd tribut, une commission ministérielle s'est déplacée à Blida et a entamé ses travaux en présence d'un représentant du wali, mais les membres du Cnapeste ont refusé d'y participer et ont exigé la présence de représentants nationaux de leur syndicat. Devant cet état de fait, la DE a envoyé des mises en demeure aux enseignants grévistes afin qu'ils rejoignent leurs postes de travail mais, si certains ont obtempéré, d'autres, au nombre de 428, continuent leur mouvement et il a été décidé alors de les remplacer en puisant dans les listes d'attente de recrutement et de les prendre en charge financièrement par le biais du fonds de wilaya. Ils ont donc été 428 enseignants remplaçants qui ont déjà pris fonction dans les lycées, alors que les procédures de licenciement contre les grévistes ont été lancées.

Des centaines de lycéens protestent

Par ailleurs, ils étaient plusieurs centaines de lycéens de nombreuses communes de la wilaya à s'être rendus, avant-hier dimanche, devant le siège de la direction de l'éducation de la wilaya de Blida pour protester contre le remplacement de leurs enseignants par d'autres « qui n'ont aucune formation pédagogique », selon les protestataires. Ce mouvement est venu suite au remplacement des 428 enseignants grévistes à travers nombre de lycées de la wilaya qui exigent le départ de la directrice et la satisfaction de leurs doléances. « Nous ne pouvons pas accepter que nos enseignants soient remplacés par d'autres qui n'ont aucune formation pédagogique et qui ne savent même pas comment débuter un cours. Je passe mon bac cette année et je n'ai même pas terminé le programme du 1er trimestre », déclare un élève.

Les services de sécurité n'ont pas tardé à intervenir pour contenir tout dérapage, mais les lycéens sont restés plutôt calmes.

Nous apprenons quand même que des cas de saccage de gares ferroviaires ont été enregistrés suite au refus de laisser les lycéens monter dans les trains pour rejoindre leurs camarades devant le siège de la DE. Quant aux enseignants grévistes, ils sont décidés à aller jusqu'au bout de leur mouvement. « Nous ne baisserons pas les bras car nous sommes dans notre droit », dit un membre du bureau Cnapeste de Blida. « Nous ne nous laisserons pas intimider par le licenciement, nous défendrons notre dignité jusqu'au bout », lance un autre enseignant. Quoi qu'il en soit, la situation est préoccupante à plus d'un titre et toutes les parties devraient essayer de trouver un terrain d'entente pour éviter le pourrissement qui ne profiterait en rien aux élèves.