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Médecins résidents: Retour à la case départ

par Yazid Alilat

Pour les médecins résidents, qui ferraillent depuis deux mois, avec une grève ouverte à l'appui de revendications socioprofessionnelles, pour obtenir gain de cause notamment sur les dossiers du service civil et du service national, c'est vraiment la douche écossaise dimanche à la fin des travaux de la commission intersectorielle mise en place par le ministère. En fait, c'est un simple retour à la case départ, puisque les négociations de dimanche entre les deux parties, dont le Collectif des médecins résidents algériens (Camra), se sont soldées par un échec total, si ce n'est un durcissement de la position des grévistes.

Les représentants du ministère de la Santé ont mis sur la table deux propositions: une prime d'installation de 20.000 DA pour les médecins résidents affectés dans le grand Sud et une limitation à 28 spécialités l'obligation du service civil. Deux propositions rejetées en bloc par les représentants du Camra qui ont dénoncé des «manœuvres malsaines» du ministère de la Santé. La proposition de révision à la baisse des spécialités où est maintenue l'obligation du service civil a été qualifiée par le Dr Taileb Mohamed, membre du bureau national du Camra, de «tentative de division» des médecins résidents. C'est également «une manœuvre malsaine» des pouvoirs publics, estiment les grévistes, selon lesquels le ministère espère ainsi que les médecins résidents des 18 spécialités qui ne seront plus concernés par le service civil reprendront le travail et se désolidariseront des autres grévistes.

«La grève va se poursuivre et les résidents ne céderont pas aux tentatives d'intimidation», a déclaré le Dr Taileb, qui a dénoncé également un certain «chantage moral» du ministre de la Santé. Celui-ci, dans une allocution à l'ouverture des travaux de la commission dimanche, avait notamment appelé les médecins grévistes à reprendre «le travail dans l'immédiat», avant de menacer: «chacun de nous doit assurer et assumer ses responsabilités». Le ministre, qui a rappelé que son département «ne fermera jamais les portes du dialogue», a également souligné qu'on ne peut travailler «sans se référer aux lois de la République et à la réglementation en vigueur» dans le secteur de la Santé. Au passage, il a écarté toute revalorisation salariale. «Nous avons réglé grâce à ce cadre juridique certaines préoccupations», a-t-il souligné, mais sans aborder directement la pierre d'achoppement des négociations, le caractère obligatoire du service civil, entre son département et les représentants des médecins résidents.

Pour les médecins résidents affectés dans le cadre du service civil dans quatre wilayas du Grand Sud, le ministère, sur proposition du Premier ministre, avait annoncé l'octroi d'une prime de 20.000 dinars. «Une mesure insuffisante», estime d'autre part le Camra, alors que pour les autres propositions formulées par la commission intersectorielle, «la plupart sont des droits déjà acquis et garantis par la loi. Ils nous donnent des droits, puis nous les retirent et nous les redonnent par la suite pour faire croire à l'opinion publique qu'ils ont cédé», proteste le Dr Taileb.

Pour autant, les représentants du ministère de la Santé ont confirmé, lors des travaux de cette commission, le caractère non négociable des points concernant le caractère obligatoire du service civil et le statut du résident. Il y a également le point relatif au service national pour les médecins résidents qui ont plus de 30 ans, qui reste insoluble et irrite les concernés qui exigent d'être considérés comme le reste des citoyens ayant bénéficié de la dispense de faire le service national. «En conclusion, aucune mesure incitative, aucun changement dans la forme actuelle du service civil avec, de surcroît, la demande du comité de geler la grève afin de poursuivre le dialogue», a indiqué dans un communiqué diffusé dans la soirée de dimanche le Camra. Bref, un échec de ces négociations sur l'essentiel des revendications des médecins résidents. Dans l'intervalle, la grève se poursuit, même si la menace de la levée du service minimum dans les hôpitaux et établissements de santé ne sera pas mise à exécution. Pour le moment.