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Affaire du rapt du bébé Leith Kaoua: La perpétuité contre trois accusés, deux sages-femmes relaxées

par Abdelkrim Zerzouri

Les trois accusés principaux dans l'affaire de l'enlèvement du bébé Leith Kaoua, sur lesquels pesaient les lourdes charges d' «association de malfaiteurs, rapt d'un bébé, faux et usage de faux, corruption et complicité», ont été condamnés à la perpétuité, très tard dans la soirée du jeudi 1er février, le verdict ayant été prononcé aux environs de 23 heures par le tribunal criminel de Constantine, alors que deux sages-femmes ont bénéficié de la relaxe. Le représentant du ministère public avait requis 20 ans de prison ferme contre deux accusés, 15 ans contre un troisième et 3 ans d'emprisonnement contre les deux sages-femmes.

L'affaire de l'enlèvement du bébé Leith Kaoua a défrayé la chronique un certain mois de mai 2013, une affaire qui fut très médiatisée, notamment l'élan de solidarité manifesté envers les parents du bébé disparu par la population des quatre coins du pays. Pour rappel, donc, l'enquête déclenchée dans le sillage de l'enlèvement du bébé permettra au bout de deux longues semaines de tortures morales pour les parents de retrouver sain et sauf le bébé Leith Kaoua, alors âgé de neuf jours (au moment de sa disparition), au niveau de la localité de Tamalous, wilaya de Skikda, chez une dame, fonctionnaire de l'OPGI. Cette dernière est décédée des suites d'un malaise cardiaque lors de son incarcération et ne figurait pas, de ce fait, parmi les accusés qui comparaissaient devant le tribunal criminel, le jeudi dernier. C'est le mari de cette dame, accusé principal dans cette affaire, qui avait enlevé le bébé à 5 heures du matin et l'a offert à sa femme, stérile, avec la complicité d'autres personnes, dont un intermédiaire et un agent du CHUC, soit les deux autres accusés qui ont également écopé de la perpétuité. D'après le déroulement du procès et les déclarations de l'accusé principal, ce dernier cherchait à adopter un bébé et un intermédiaire le mettra en contact avec un agent du CHUC pour lui trouver ce qu'il cherche, moyennant de l'argent, bien sûr. L'agent du CHUC lui annoncera qu'il lui a trouvé un bébé sur mesure, car la maman qui vient d'accoucher est une étudiante et elle voulait, elle-même, se débarrasser de son enfant, selon les dires de l'accusé principal. Ce dernier tentera, ainsi, de se disculper de l'accusation du rapt d'un bébé. «Je ne cherchais qu'à faire du bien en adoptant ce bébé», insistera-t-il à répéter. Notons, que l'accusé principal voulait l'inscrire en tant que son fils sur son livret de famille, en mettant en scène un accouchement de sa femme, avec tous les documents nécessaires falsifiés, dont un arrêt de travail de maternité pour sa femme. Mais, la concernée avait subi une ablation de l'utérus et ne pouvait pas avoir d'enfant.

C'est l'une de ses amies qui a eu de forts soupçons au sujet de ses capacités à procréer, et qui a justement alerté les services de sécurité compétents quand elle a appris que son amie stérile a mis au monde un bébé, leur faisant part de ses doutes, en faisant un lien avec la disparition du bébé Leith Kaoua, qui a sonné l'alerte et la compassion de la population à travers tout le pays. Le bébé fut retrouvé, et les tests ADN ont confirmé qu'il s'agit bien de Leith Kaoua, dès lors l'enquête avait pris une tournure accélérée avec l'arrestation des personnes impliquées les unes après les autres. Plus d'une centaine de témoins ont été appelés à la barre lors du procès jeudi dernier. Les avocats de la défense tenteront de plaider les circonstances atténuantes pour leurs mandants, mais au bout de la délibération, le juge prononcera la peine maximale contre les trois principaux accusés, la perpétuité, et la relaxe pour les deux sages-femmes. Les trois accusés principaux auront à payer, chacun d'entre eux, 100 millions de centimes de dédommagement à la partie civile.

Les accusés condamnés ont dix jours pour interjeter appel devant le tribunal criminel, selon les derniers amendements du Code de procédures pénales qui ont introduit la création de nombreux mécanismes juridiques dont le tribunal criminel d'appel au niveau de chaque Cour, qui statuera à nouveau sur les faits et le fond de l'affaire. Alors qu'une audience spéciale sera consacrée pour l'accusée décédée lors de son incarcération afin de déclarer l'extinction des poursuites judiciaires engagées contre elle.