Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Session judiciaire: Spécialisé dans le vol de Chevrolet Sail: 12 ans de réclusion pour un réseau constitué de Blidéens et d'Oranais

par M. Nadir

Le tribunal criminel près la cour d'Oran a condamné, hier, cinq personnes à 12 années de réclusion criminelle pour association de malfaiteurs et vol qualifié. Selon le dossier d'accusation, H. Hocine, 37 ans, B. Sid Ahmed, 31 ans, B. Mokhtar, 35 ans, S. Mohamed, 29 ans, K. Brahim et T.L. Amine, 32 ans, s'étaient spécialisés dans le vol de voitures de marque Chevrolet, dont les portières ne sont pas difficiles à fracturer ni le système de contact compliqué à forcer. Entre 2014 et 2015, ce réseau serait ainsi responsable du vol de huit véhicules dans la wilaya d'Oran : quatre à Oran ville, trois à Gdyel et un Arzew. L'affaire a en fait démarré lorsque, en enquêtant sur un réseau de vol de voitures à Blida, des policiers de la ville des Roses ont été conduits à Oran, plus précisément à un parking d'Aïn Türck où ils retrouvent la voiture volée et tombent accidentellement sur une Chevrolet dont la disparition avait été signalée à Oran. L'hypothèse de l'existence d'un réseau activant entre les deux wilayas émerge et une enquête dans ce sens est diligentée ici à Oran ; enquête qui débouche sur l'interpellation de cinq personnes (des Blidéens et des Oranais) soupçonnés d'être derrière le vol des huit Chevrolet citées précédemment. Après l'instruction, six personnes seront inculpées d'association de malfaiteurs et de vol qualifié, suivant les articles 176, 177, alinéa 1, et 353, alinéa 3, 4 et 5, du code pénal.

Lors du procès, seuls B. Sid Ahmed et S. Mohamed avouent leur participation dans le vol d'une seule voiture (une Chevrolet à Haï Sabah) et désignent H. Hocine comme étant celui qui commit l'acte. Ils nient, cependant, leur implication dans le vol des 7 autres véhicules. Il faut dire qu'un habitant de Haï Sabah avait filmé l'opération grâce à son téléphone et avait remis l'enregistrement à la police. Quant aux autres accusés - dont certains ont été cités par Sid Ahmed - ils rejettent l'ensemble des charges qui pèsent sur leurs épaules et se défendent de faire partie d'un quelconque réseau de vol de voitures. H. Hocine jure également qu'il est innocent et qu'il est victime d'un complot ourdi par B. Sid Ahmed et S. Mohamed dans l'intention d'alléger leurs peines.

Pour la partie civile, les faits sont établis et démontrent que les six personnes se trouvant sur le banc des accusés sont coupables des faits qui leur sont reprochés et doivent en rendre compte. Plaidant, par moments, en lieu et place du ministère public, un avocat de la partie plaignante rappelle les aveux des deux premiers accusés et les faits rapportés par l'accusation pour affirmer qu'il «s'agit bien là d'un réseau spécialisé» et que la partie civile soutiendrait les réquisitions du parquet.

Dans un long réquisitoire, le représentant du ministère public affirmera que ce réseau est composé de professionnels bien rodés dans le vol de voitures, que le dossier de l'accusation recelait suffisamment d'éléments à charge prouvant leur culpabilité. Insistant sur la gravité de cette affaire et l'importance de ce réseau, il requerra les peines de 10 à 20 ans de réclusion criminelle, assorties d'une amende d'un million de dinars.

S'ils plaident l'acquittement ou les circonstances atténuantes pour leurs clients, les avocats de la défense rejettent l'accusation d'association de malfaiteurs «aucune preuve matérielle tangible n'ayant été apportée par l'accusation, hormis des appels téléphoniques échangés entre certains accusés». Des avocats évoqueront également les contradictions du principal accusé, B. Sid Ahmed, qui désigne des complices avant de se rétracter en pleine audience (l'accusé a, en effet, reconnu avoir impliqué K. Brahim et B.L. Amine par vengeance, Ndrl) et demanderont au tribunal de ne pas prendre en considérations des conclusions qui ne sont pas étayées par des faits réels et prouvés : «C'est ce qui construit la conviction, autrement le doute profite à l'accusé», rappellera l'un deux.

A l'issue des délibérations, le tribunal criminel de première instance reconnaîtra H. Hocine, B. Sid Ahmed, S. Mohamed, K. Brahim et T.L Amine coupables des faits qui leur sont reprochés et les condamnera à 12 années de réclusion criminelle. Ils seront également tenus de verser 130 millions de centimes (valeur de la voiture) et 200.000 DA à titre de dédommagement pour le préjudice subi, à chacune des quatre victimes qui se sont constituées partie civile.

Seul B. Mokhtar bénéficiera de l'acquittement, son implication n'ayant pas été prouvée, a estimé le tribunal.