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Engagement civique et expression artistique: Comment promouvoir et responsabiliser les jeunes ?

par Mohamed Bensalah

Tel est le défi lancé par l'Association pour la réhabilitation du vieil hôpital d'Oran, plus connue sous la dénomination de Santé Sidi El-Houari (SDH).

Trois journées durant (jeudi, vendredi et samedi), l'association, avec l'aimable contribution de l'Office national de la culture et de l'information (ONCI), le Théâtre régional d'Oran (TRO), la direction de la Jeunesse et des Sports d'Oran (DJS), la Chambre de commerce et de l'industrie d'Oran et le soutien de l'ambassade des Etats-Unis, a organisé, dans le cadre de l'initiative Partenariat avec le Moyen-Orient (MEPI), la première édition du Festival national du court-métrage et de la photographie. Cette rencontre clôt un programme de formation à l'audiovisuel «Ibda3.com», lancé en mars dernier dont ont bénéficié plus de 300 jeunes.

Entièrement piloté par un groupe de jeunes passionnés d'images fixes et animées, ayant déjà bénéficié d'une formation à l'audiovisuel il y a quelques années au sein même de l'association, le présent projet tente de perpétuer le succès incontestable d'une précédente édition orientée autour de la protection du patrimoine par le biais de l'audiovisuel. Il y a lieu de préciser que SDH, en tant qu'association, a été chargée de concrétiser de nombreux projets dont celui de la réalisation du «pôle socio-éducatif de Sidi El-Houari». Figure «Innovation Lab», constitue l'un des objectifs du projet Jeunes acteurs du développement et de l'inclusion sociale «Jadis» qui s'inscrit dans un accord de partenariat signé avec l'Unicef Algérie en avril 2012, pour soutenir les actions de développement des adolescents et des jeunes du quartier de Sidi El-Houari et de la ville d'Oran.

«L'objectif assigné à notre rencontre en ce début d'année», nous précise Kama Bereksi, président de SDH, «est de poursuivre cette mission en mettant cette fois-ci en exergue, la citoyenneté et l'engagement dans toute leur diversité au cœur des cités en général et du quartier Sidi El-Houari en particulier». Le festival, qui a pour dénomination «Ibda3com», vise précisément à promouvoir la création artistique audiovisuelle et filmique à travers des œuvres de jeunes artistes. Ce qui va sans nul doute nourrir de grandes ambitions autour des images fixes et/ou animées en tant que forme d'expression artistique. Et, comme le précise Fayçal Meftah, l'un des animateurs formés au sein de SDH, aujourd'hui coordinateur du projet: «Il s'agit pour nous de promouvoir et de responsabiliser les jeunes créateurs artistiques potentiels sur l'engagement civique, par le biais de l'expression artistique, audiovisuelle, technologies de l'information et de communication et les activités socioculturelles». «Nous nous proposons», poursuivra Fatima-Zohra Mohamed-Krachaï, coordinatrice de la formation, «non seulement d'encourager à l'exercice à la citoyenneté et au travail associatif mais aussi d'appuyer et de favoriser la culture du dialogue entre réalisateurs, photographes et large public, en contribuant à la découverte et au développement technique et artistique de talents par le biais de workshops, de conférences-débats et de sorties sur le terrain, qui aideront à la découverte touristique en Algérie».

Il y a lieu de préciser que le nombre impressionnant de projets artistiques soumis à cette première compétition (ouverte aux amateurs et aux professionnels de moins de 35 ans) et l'engouement manifeste des jeunes venus de plusieurs régions du pays, constitue un témoignage de succès. L'intérêt premier d'une telle rencontre est d'avoir facilité une prise de conscience collective de ce que l'envie et l'énergie sont bien là et qu'elles ne demandent qu'à s'exprimer. Sur plus de 300 œuvres examinées, seulement une dizaine a été proposée à un jury qui n'a pas eu la tâche facile pour récompenser les lauréats. Composé de jeunes artistes comme Hamid Aouragh, Fethi Sahraoui, Sarah Berretima et Mihoub Hernouf, le jury était présidé par une figure de proue artistique de notre cinématographie: Hassan Kachach. Au volet compétitions (films et photos avec pour thème «Voyage et découverte»), se sont ajoutés les Ateliers organisés pour dégager des propositions adaptées et concrètes. A travers leurs interventions très ciblées, toutes inscrites pleinement dans la logique et dans l'esprit de l'association, les personnes ressources se sont efforcées de faire émerger des débats qui furent très animés, une ambition légitime de tisser un réseau associatif interactif via les médias iconiques, sonores et numériques. Il fut question de décryptage et de sémiologie de l'image, de scénarios et d'écriture filmique, de réalisation et de montage et même de droits artistiques. Parallèlement à cela, les informations recueillies portaient le montage et le suivi de projets structurants afin de les rendre opérationnels.

Aux ateliers de sensibilisation aux métiers de l'image, vont venir s'ajouter sur la feuille de route concoctée pour l'année 2018, d'autres activités culturelles (cinéclub, séminaires-débats, rencontres avec des professionnels, aide au montage de projets audiovisuels individuels?). Un tel programme, qui va requérir de l'énergie, des moyens et du temps, demeure impossible sans le concours actif des décideurs (ministères de la Culture, de la Communication, de l'Education et de la Formation professionnelle, Maison de la culture, APC, APW?) ou à tout le moins sans leur contribution logistique. Il serait aberrant que notre jeunesse continue à se tourner vers l'étranger pour disposer de subsides pour mener à bien des activités culturelles. La mise en place de projets culturels ne peut s'envisager en absence de collaboration de tous les secteurs et plus particulièrement ceux dont la mission est précisément de les promouvoir. Si l'on veut que le mouvement associatif joue pleinement son rôle dans l'éveil de la citoyenneté et de l'engagement civique de la jeunesse, et si l'on souhaite vraiment sortir du sous-développement culturel et de l'état de léthargie ambiant, il est urgent que les institutions sus-citées réagissent et agissent en conséquence car les discours ne suffisent plus. Espérons que la présence discrète des secteurs sus-cités, à ce premier rendez-vous constitue un signe d'encouragement ! Le sponsoring des entreprises économiques suivra.