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Dépassements présumés dans le concours de doctorat de la faculté des Lettres: Une deuxième commission d'enquête ministérielle

par Houari Barti

L'affaire dite des «dépassements présumés» ayant marqué le déroulement des épreuves du concours de doctorat à la faculté des Lettres et des Arts de l'Université Oran 1 ?Ahmed Benbella' semble, toujours, n'avoir pas révéler tous ses secrets. Une deuxième commission d'enquête ministérielle a séjourné, à Oran, cette semaine, mettant ainsi en «stand by» une précédente décision prise par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS) «d'invalider le concours». Cette invalidation du concours, aujourd'hui mise en veille, a été, rappelle-t-on, prononcée sur la base d'un rapport établi, au cours du mois de décembre dernier, par une première commission d'enquête de l'Inspection générale de la Pédagogie relevant du MESRS.

S'agit-il d'un «recul» de la part du ministère sur un dossier sur lequel il a déjà tranché, comme le redoutent les étudiants qui ont fait éclater cette affaire au grand jour ? Ou, plutôt, d'un complément d'enquête décidé par le ministèreg en vu d'examiner de nouveaux éléments ?

Interrogé, avant-hier, sur ce dossier qu'il a, rappelle-t-on, hérité de l'époque de son prédécesseur, à la tête de l'Université Oran 1 ?Ahmed Benbella', le nouveau recteur, le Pr Abdelbaki Benziane est catégorique: «l'enquête suit toujours son cours, au ministère. Et pour le moment, aucune décision définitive n'est prise, dans ce dossier», a-t-il affirmé.

Près de deux mois après les faits, l'affaire est, donc, revenue au point de départ. Pourtant, le ministre de l'Enseignement supérieur, M. Tahar Hadjar avait, très vite, réagi en s'engageant à prendre les mesures nécessaires, afin de mettre toute la lumière sur des accusations formulées par des candidats ayant pris part au concours où l'on dénonce «une série de dépassements et d'entorses à la réglementation» régissant le déroulement de l'épreuve du doctorat dans ladite faculté. Une commission d'enquête et d'inspection relevant de l'Inspection générale de la Pédagogie au ministère a été, dès lors, dépêchée à Oran pour procéder à l'audition de l'ensemble des acteurs concernés par ce dossier, à la faculté, à savoir : administrateurs, enseignants, membres des comités scientifiques et candidats. Des auditions qui se sont déroulées du 3 au 6 décembre derniers, et à l'issue desquelles, la commission en question avait conclu à «l'invalidité du concours des quatre disciplines proposées par le département des Lettres» après avoir confirmé que les épreuves du concours ne «se sont pas déroulées dans des conditions normales» et qu'il y a eu, effectivement, «non respect de la réglementation en vigueur», tel que le souligne une note, à effet exécutoire, adressée par le rectorat de l'Université à la doyenne de la faculté des Lettres et des Arts.

Dans cette même note, il est souligné que ces conclusions se basent, notamment, sur «les témoignages recueillis auprès des membres du Comité scientifique faisant état de dépassements», lesquelles, est-il souligné, «se sont abstenu (à ce jour) de valider les résultats du concours».

Citant ce même rapport de la commission d'enquête ministérielle, le même document confirme l'existence de plusieurs anomalies, ayant entaché l'équité du concours. On reproche, ainsi, aux organisateurs du concours d'avoir bafoué la réglementation, en confiant par exemple «la mission de surveillance des épreuves à de simples étudiants», et de s'être abstenu à «convoquer, officiellement, les candidats admis au concours», ce qui a «empêché un grand nombre d'entre eux d'y prendre part». On reproche, également, à l'administration d'avoir permis «la sortie des copies de l'examen, en dehors de l'enceinte universitaire.» Un enseignant a admis n'avoir pas pu faire autrement que «d'emmener ces copies chez lui», car les locaux de l'administration de la faculté étaient fermés.

Tous ces faits et bien d'autres ont, rappelle-t-on, déjà été dénoncés par des candidats ayant pris part à ce concours, dans une lettre adressé, précédemment, au ministère. Des faits qui ont même été présentés, devant la justice, dans le cadre d'une plainte déposée devant le Tribunal administratif d'Oran.