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Médecins résidents: «Marche de la dignité» à l'hôpital Mustapha

par M. Aziza

Des centaines de médecins résidents soutenus par différents corps et par des professeurs de différents services ont marché à l'hôpital Mustapha Pacha d'Alger.

Les professeurs et les médecins hospitalo-universitaires étaient au-devant de la scène, après avoir appelé les médecins résidents à éviter la confrontation avec les services de la police qui ont déployé un impressionnant dispositif sécuritaire devant le portail de l'hôpital. Arrivés à l'entrée de l'hôpital, les résidents ont répondu aux appels de sagesse et aux consignes des organisateurs pour faire demi-tour en se contentant de marcher uniquement dans l'enceinte de l'établissement de santé et éviter la rue. Les résidents se disent contre toutes les formes de violence. «On est là pour défendre notre dignité, pour sauver notre système de santé, défendre nos droits et ceux des malades, notamment ceux qui se trouvent au sud du pays».

Les blouses blanches répétaient sans cesse «dites-le aux citoyens, on n'a pas les moyens». Les résidents ont voulu à travers cette «marche de la dignité» dénoncer la répression policière violente de la marche de mercredi dernier. Des médecins résidents ont été tabassés par des policiers en essayant de forcer le portail pour marcher à l'extérieur de l'hôpital. Des jeunes médecins ont affirmé qu'ils ne sont pas contre le «service civil» ni contre d'aller travailler dans le sud du pays et dans les zones enclavées, mais ils refusent de servir de «boucliers humains» pour calmer la colère des gens de l'intérieur du pays. «On refuse de faire le figurant, on est affecté au sud du pays dépourvu de moyens que ce soit pour nous-mêmes ou pour prendre en charge des malades», dira amèrement un jeune médecin résident. «Des chirurgiens se retrouvent au sud du pays sans bloc opératoire, sans anesthésiste, ni réanimateur, ils sont contraints de faire le travail d'un médecin généraliste». Un autre médecin résident enchaîne : «Les médecins résidents qui sont censés être formés sur place se retrouvent abandonnés dans la nature, sans moyens, sans encadrement et bien évidemment sans aucune efficacité».

Les contestataires pleurent leur sort, ils travaillent dur, à Alger ou ailleurs dans des conditions très difficiles, pour une bourse de 4.000 DA. Un jeune étudiant nous dira : «J'ai obtenu 17 de moyenne au baccalauréat, j'ai fait médecine, je fais des gardes, je travaille sans repos et dans l'insécurité pour que je sois payé à 70 DA par jour? !» Le professeur Abderrahmane Benbouzid, qui s'est mêlé à la foule des protestataires, a réclamé l'ouverture «d'un véritable dialogue et de concertation». Il a plaidé pour une évaluation profonde du secteur, en faisant appel à des experts externes, capables de présenter des solutions et des mesures qui visent l'amélioration de service de santé au profit du personnel sanitaire et du malade. Il dira : «C'est simple, on doit s'asseoir et discuter pour des solutions concrètes sur le terrain». Pour ce professeur, le service civil est un «système qui a échoué et qui a montré ses limites». Il faut trouver d'autres solutions et d'autres méthodes afin d'inciter les médecins à aller travailler dans le sud du pays. Pour le professeur, l'échec de ce système prouve qu'il y a en fait deux Algérie, une pour le Sud et une autre pour le Nord.