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Skikda: Des citoyens barrent la route du port

par A. Boudrouma

Dans l'après-midi d'hier des familles entières, femmes et enfants ont barré la bretelle reliant la RN44 au port de Skikda, à proximité de la stèle surnommée ?el babor', en disposant des troncs d'arbres. Très rapidement, la circulation habituellement intense, sur ce tronçon stratégique, s'est arrêtée, causant un énorme bouchon. Des femmes, avec des enfants accrochés à leurs basques, arborant des pancartes, empêchaient tout passage de véhicules dans un brouhaha mêlé de colère et de cris de protestation.

Elles sont au total 25 familles occupant des taudis, planqués au milieu d'une orangeraie de l'ex domaine ?Kaddour Belizidia', juste à l'entrée-est de Skikda. «C'est l'odeur de gaz qui ne cesse de nous empoisonner la vie depuis, jeudi dernier, nous avons contacté tour à tour la Sonelgaz qui n'a pas daigné prendre en considération nos doléances, la protection civile qui nous a répondu qu'elle ne peut rien faire et enfin la permanence de la wilaya, durant la journée de vendredi dernier, mais personne ne nous a répondu». Ils pointent un doigt accusateur en direction des autorités qu'ils accusent de ne pas les aider en leur accordant des logements décents comme les autres citoyens qui habitaient des gourbis et qui ont été relogés. En hiver, situées dans une zone inondable, les habitations précaires font face cycliquement à des trombes d'eau qui transforment les lieux en marécages impraticables. La réalisation du tronçon routier menant au port, à proximité de leurs gourbis, en sus de l'échangeur de la RN44, a fini par former un véritable barrage. Pis encore, la présence de ces voies, à grande circulation, a rendu les lieux invivables, comportant d'énormes risques pour leurs enfants qui les traversent quotidiennement pour se rendre à l'école. D'ailleurs des accidents mortels ont endeuillé ces familles qui ont perdu deux enfants fauchés par des véhicules. Pour ce qui est du gaz dont se plaignent les familles, il s'agit du mercaptan, un gaz nauséabond utilisé par la SDE pour donner une odeur au gaz de ville, à l'origine inodore, afin de prévenir des fuites ou des accidents.

Selon les protestataires, certains d'entre eux, surtout ceux en bas-âge, ont dû être évacués à l'hôpital, affectés par la forte odeur de ce gaz. L'intervention des éléments de la sûreté de wilaya a permis de libérer la chaussée, en persuadant les manifestants, à plus de sagesse et promettant d'intervenir auprès de la wilaya, dès le lendemain, pour faire entendre leurs voix et permettre un règlement rapide et définitif de leurs problèmes nés de la précarité de leurs conditions de vie. Environ une heure après, la voie a été libérée, en dépit des protestations de quelques femmes lassées de devoir supporter d'avantage ces conditions.