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Médecins résidents: Marche nationale aujourd'hui à Oran

par Yazid Alilat

Un grand rassemblement est prévu aujourd'hui mardi au CHU d'Oran par les médecins résidents, pour appuyer leurs revendications et, surtout, maintenir la pression sur les responsables du secteur de la santé. En fait, le mouvement de protestation des médecins résidents prend de l'ampleur et se durcit, autant pour répondre au silence du ministère de la Santé qu'à la violence de l'intervention des forces de police mercredi dernier au niveau du CHU Mustapha Bacha d'Alger. Hier lundi, tous les établissements hospitalo-universitaires avaient enregistré des piquets de grève des médecins résidents, au lendemain du boycott par les résidents en pédiatrie de l'examen de DEMS. Les médecins qui suivent la spécialité de pédiatrie ont boycotté les examens d'accès à la spécialité DEMS, d'abord pour dénoncer la répression policière de mercredi dernier, ensuite pour appuyer leurs revendications qu'ils estiment «légitimes».

Selon le Conseil national des médecins, «cette mesure concerne toutes les épreuves de la session normale janvier 2018, toutes spécialités confondues, et ce, jusqu'à satisfaction de l'ensemble des revendications». Après les marches et les sit-in de lundi à travers l'ensemble des établissements hospitalo-universitaires du pays, un regroupement national est prévu aujourd'hui mardi au CHU d'Oran, ont indiqué au Quotidien d'Oran des résidents grévistes du niveau du CHU Frantz Fanon de Blida. «Cela ne peut continuer ainsi», se sont-ils lamentés, énumérant les difficultés professionnelles et sociales auxquelles ils font face chaque jour. La marche d'Oran, qui sera également accompagnée par des mouvements de protestation dans les autres structures de santé à travers le pays, devra marquer «notre détermination à aller jusqu'au bout de nos revendications», explique un autre médecin résident, spécialisé en «Anapath» (Anatomie, pathologie, histologie). «Nous sommes envoyés dans des régions du pays où il n'y a pas de moyens et de matériels pour travailler», nous indique une résidente au CHU Frantz Fanon de Blida. Là, cette catégorie de personnel médical semble en avoir gros sur le coeur. «Des fois, nous sommes affectés dans des régions où il n'y a pas de conditions d'hébergement, alors nous sommes obligés de louer des appartements», indique-t-elle, faisant référence aux logements de fonction insalubres et inhabitables qui leur sont attribués. Elle poursuit, citant les désagréments rencontrés par les médecins résidents dans le sud du pays. «Beaucoup de médecins résidents sont affectés dans des zones où il n'y a aucun matériel, et ils sont juste affectés dans ces régions pour le transfert de malades vers les CHU des grandes villes», renchérit une autre résidente. «Nous sommes réduits dans ces régions à un travail d'infirmiers, ou pire, de simples agents chargés du transfert des malades». «Barakat» assure un autre médecin résident. Le mouvement de protestation des médecins résidents, encadré par le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) prend ainsi chaque jour de l'ampleur, avec des conséquences dramatiques pour l'affectation de médecins résidents dans les structures hospitalières au mois d'avril prochain, après les examens de janvier que les étudiants ont boycottés. Une situation inédite qui augmentera la pression sur le ministère de la Santé, bien discret jusque-là, même s'il a laissé entendre que «les portes du dialogue restent ouvertes», après la manifestation de mercredi qui s'est terminée avec plus de 40 blessés, dont 20 dans un état grave, selon le Camra. Dans un communiqué, celui-ci a rendu publique une plate-forme regroupant l'ensemble des revendications des médecins résidents, dont «l'abrogation de l'obligation du service civil et son remplacement par un autre système de couverture sanitaire», «le droit à la dispense du service militaire comme tout citoyen algérien», «le droit à une formation de qualité pour le résident en sciences médicales», «la révision du statut général du résident», «le droit aux œuvres sociales comme tous les salariés et travailleurs algériens». «Nous n'avons aucun statut, ni couverture sociale», déplorent de jeunes résidentes contactées au niveau du CHU Frantz Fanon de Blida, où des piquets de grève sont organisés chaque jour, avec les représentants des établissements hospitaliers de la région centre nord (Blida, Tipasa, Djelfa, Médéa).

Contactée, la cellule de communication du ministère est restée injoignable hier en milieu d'après-midi.