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Tribunal criminel d'appel: De 15 à 20 ans pour trafic d'une tonne de résine de cannabis

par M. Nadir

A l'occasion de son entrée en fonction hier, le nouveau tribunal criminel d'appel d'Oran a examiné une affaire dans laquelle trois personnes, originaires de Maghnia, comparaissaient pour des faits de trafic de drogue. En 2016, les trois accusés avaient été condamnés par le tribunal criminel d'Oran à 20 ans de réclusion, ce qui avait incité la défense et le parquet à interjeter un pourvoi en cassation.

K. Samir, tailleur âgé de 34 ans, Dj. Chakib, serveur dans un café de 45 ans et H. Hocine, mécanicien âgé de 26 ans, étaient poursuivis pour les chefs d'accusation évoqués par les articles 19 et 17 (alinéas 1 et 3) de la loi 04-18 relative à la prévention et à la répression de l'usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes. Soit, l'importation, la détention et l'entreposage de drogue, en bande organisée. L'affaire qui remonte à 2014 a éclaté suite à la perquisition effectuée par la gendarmerie de Tlemcen (sur la base de renseignements) dans un hangar situé dans un douar à proximité de Maghnia. L'opération a permis la saisie de pas moins de 990 kilogrammes de résine de cannabis dissimulés sous des matériaux de construction.

Dès qu'il a eu vent de l'intervention de la gendarmerie, K. Samir, ancien propriétaire de la construction, s'est rendu aux locaux de la G.N. pour signaler que la bâtisse en construction ne lui appartenait plus, qu'il l'avait vendue un mois auparavant à un certain Dj. Chakib. Au cours de leur enquête, les éléments de la gendarmerie nationale interrogeront H. Hocine, voisin de Samir, qui a servi d'intermédiaire dans la transaction passée entre les deux parties : «Chakib, que je ne connaissais pas, m'avait demandé si je ne connaissais pas un entourage (terme par lequel les Maghnaouis désignent une construction illicite, Ndr) à vendre. Comme je savais que Samir avait mis sa maison à vendre, je les ai mis en relation. Je devais toucher une commission de 150.000 DA», expliquera-t-il. Dj. Chakib, qui déclarera avoir été mandaté par un certain Kandoussi pour lui dénicher un «entourage» dans les environs de Maghnia : «Il avait promis de me le céder à condition que je le laisse entreposer la drogue à deux ou trois reprises», avouera-t-il, admettant connaître l'activité pour laquelle l'«entourage» en question était destiné. Vendeur et acheteur s'entendent sur la somme de 220 millions de centimes et l'affaire est conclue auprès d'un écrivain public de Maghnia.

Le magistrat instructeur estimera que les trois personnes font partie d'une organisation criminelle spécialisée dans l'importation et la commercialisation du kif marocain et les inculpera pour des faits de trafic de drogue. Hier, au tribunal criminel d'appel, les trois hommes ont réitéré les déclarations qu'ils avaient faites lors du premier procès. Alors que Chakib reconnaît une partie des faits reprochés, ses deux coaccusés nieront une quelconque implication dans le trafic de drogue. Convaincu de la solidité des charges retenues contre les trois accusés et que, par leurs dénégations, Samir et Hocine veulent fuir leurs responsabilités, le représentant du ministère public requerra la prison à perpétuité contre Dj. Chakib et 20 ans de réclusion contre les deux autres accusés.

Les avocats, eux, suivront deux lignes de défense : pendant que l'avocat de Chakib plaidera l'acquittement du chef d'accusation d'importation et les circonstances atténuantes pour son client «facilement manipulé par Kandoussi et les véritables barons de la drogue en raison de ses conditions sociales difficiles», les défenseurs de Samir et Hocine plaideront l'acquittement, «aucune preuve matérielle tangible» ne liant leurs mandants au trafic de drogue.

Au retour des délibérations sans la participation du jury puisqu'il s'agit d'un procès de trafic de stupéfiants, le tribunal criminel d'appel a condamné Dj. Chakib à 20 ans de réclusion, et K. Samir et H. Hocine à 15 ans de prison. Les trois condamnés ont une semaine pour interjeter un pourvoi en cassation au niveau de la cour suprême.