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Médecins résidents: Des milliers de marcheurs à Constantine

par A. Mallem

En grève depuis deux mois environ, en campant à l'intérieur du centre hospitalo-universitaire (CHU) de Constantine, les médecins résidents sont sortis hier dans la rue.

Et après avoir bénéficié de renforts venant de plusieurs wilayas de l'Est et de l'apport de contingents d'étudiants en médecine, maîtres-assistants, internes dentistes et autres pharmaciens, ils ont entrepris, le matin à partir de 10 heures, une imposante marche qui devait les conduire du centre hospitalier Dr Benbadis jusqu'au cabinet du wali. Selon des estimations faites par les organisateurs, ils étaient plus de 4.000 manifestants qui ont emprunté l'avenue qui descend du Chu en lançant à grands cris leurs slogans pour fustiger l'administration de leur ministère de tutelle, celle de la santé publique et de la population. Mais arrivés à la gare de chemin de fer, ils ont trouvé devant eux les services de sécurité et la police anti-émeute qui tentaient, pacifiquement, de leur faire barrage pour les empêcher de poursuivre la marche. Mais compte tenu de leur nombre considérable, ils ont pu franchir tous les barrages, sauf celui, très renforcé, qui avait été installé à l'entrée du pont Sidi Rached, qui conduit au centre-ville de Constantine.

Aussi, la masse des marcheurs a été détournée vers le pont géant Salah Bey, chemin emprunté en direction du quartier de Djenane Ezzitoune.

Toutefois, les renforts considérables des services de sécurité ont réussi à les bloquer à la sortie du pont pour parlementer avec leurs représentants. L'officier de police qui conduisait la manœuvre des services de sécurité a réussi néanmoins, à force de persuasion et de promesses de prise en charge du message que les manifestants veulent faire parvenir à qui de droit, à convaincre les organisateurs de rebrousser chemin. Et c'est ainsi que ces derniers, après s'être concertés longuement, ont conclu qu'il n'était pas nécessaire d'aller chez le wali car, selon eux, ils ont réussi à faire passer leur message auprès de la population et des autorités locales.

«Et puis, nous a déclaré un organisateur, nos problèmes se trouvent ailleurs, au niveau central». C'est pourquoi ils ont invité les manifestants à décrocher en retournant calmement et sans bruit à leur base de départ, le CHU de Constantine, pour poursuivre leur grève. Reste à dire que la chose positive à retenir de cette manifestation est que celle-ci s'est déroulée pacifiquement, sans connaître le moindre débordement tant les manifestants, individuellement et collectivement, suivaient sans discuter les mots d'ordre des organisateurs.

Abordés en cours de chemin, quelques-uns d'entre eux ont consenti à nous rappeler l'essentiel de leurs revendications. « Nous n'avons pas demandé la suppression du service national pour la catégorie des médecins, du moins dans sa forme actuelle, mais l'aménager en leur garantissant des conditions minimums », ont expliqué nos interlocuteurs. Aussi, ont-ils ajouté, « nous ne comprenons pas pourquoi seule la catégorie des médecins n'est pas exempte du service national ». Un autre a avancé que « si l'armée a besoin de médecins dans les casernes, qu'elle ouvre des postes budgétaires et procède au recrutement ». Ceci en ce qui concerne le service militaire. Pour le service civil, les manifestants grévistes ont affirmé que leurs confrères souffrent aussi de l'absence de moyens dans les structures sanitaires où ils sont affectés.

«On nous affecte dans des structures médicales dépourvues des moyens les plus élémentaires d'exercice de notre mission. Et c'est, hélas, la triste réalité dans laquelle se trouvent aujourd'hui nos hôpitaux. Nous sommes aussi tristes de dire que ce constat est valable aussi bien pour les wilayas les plus reculées que pour la capitale Alger. Voilà pour les principales revendications du mouvement de protestation que nous menons depuis deux mois à l'hôpital, non sans accomplir sans contrainte notre travail de prise en charge des malades, que ce soit pour les urgences ou non».

Par ailleurs, on apprend qu'en signe de durcissement du mouvement de protestation, le Collectif autonome des médecins résidents algériens (CAMRA) a décidé d'aller vers le boycott de tous les examens de DEMS, qui sanctionnent la fin des études médicales spécialisées, jusqu'à la satisfaction des revendications soumises.