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Mort suspecte de trois Algériens en Espagne et en France: Louh annonce l'ouverture d'enquêtes

par Moncef Wafi

La Justice algérienne a décidé d'ouvrir des enquêtes sur les circonstances de la mort d'un ressortissant algérien, en Espagne et deux autres en France. En effet, le ministre de la Justice, Garde des sceaux, Tayeb Louh, a déclaré, jeudi dernier, lors d'une séance plénière au Sénat, consacrée aux questions orales, que «le parquet a ouvert une enquête afin d'élucider les circonstances de la mort suspecte d'un ressortissant algérien en Espagne, conformément à l'article 588 du code de procédure pénal, de 2015». Il a indiqué par ailleurs que «les autorités espagnoles ont enquêté sur les circonstances mystérieuses» de ce décès, expliquant que «l'Algérie a ouvert, à son tour, une enquête sur l'affaire, en vertu du code de procédure pénal».

Rappelons que Mohammed Boudarbala, un migrant de 37 ans, originaire de Hadjadj, dans la wilaya de Mostaganem, a été retrouvé mort dans sa cellule de la prison d'Archidona, vendredi dernier. Il avait été intercepté, en novembre dernier, au large des côtes sud de l'Espagne et placé en détention dans le centre pénitentiaire de Malaga parmi les 500 migrants clandestins. Selon un porte-parole de la police, l'autopsie a révélé qu'il était mort «après s'être pendu à l'aide d'un drap». La justice espagnole semble confirmer cette thèse puisqu'il ne sera pas considéré comme un crime possible. Le chef du tribunal de 1re instance de Malaga a décidé le rejet provisoire de la procédure ouverte, après la mort de Boudarbala «puisque la perpétration de tout acte criminel n'est pas justifiée». Le juge a déclaré que selon le rapport de police, avec ses images jointes, «il est clairement établi» que dans la cellule où le corps a été trouvé, la porte n'avait pas été ouverte et que personne n'est entré depuis que la victime soit entrée dans la pièce ce qui exclut, d'une part, «l'existence de témoins au-delà des caméras de sécurité» et, d'autre part, «la participation d'autres personnes» à la mort de l'immigré, «au-delà de sa décision personnelle et volontaire d'en finir avec sa vie». Mardi dernier, la «Plate-forme citoyenne contre le centre de rétention d'Archidona» et le frère de la victime ont dénoncé cette mort, dans des circonstances suspectes et ont demandé une enquête indépendante. La famille de Boudarbala réclamait, en outre, le rapatriement du corps de son fils et l'ouverture d'une enquête par la Justice algérienne.

Lors d'une conférence de presse organisée à Malaga par la Plate-forme citoyenne, Ahmed Boudarbala a affirmé que son frère n'était pas suicidaire. «J'étais en contact avec mon frère tous les jours, je l'appelais, il se plaignait de la nourriture et du froid, mais pas de la vie», a-t-il déclaré à des journalistes. «Il était sportif, jeune, très joyeux et très positif», a-t-il insisté, avant d'estimer que les «circonstances de sa mort sont peu claires». Selon lui, son frère et d'autres migrants ont été frappés par la police, en charge, d'Archidona, dans les heures qui ont précédé sa mort.

Des proches d'autres personnes retenues dans le centre ont, également, accusé la police de violences, en particulier à l'égard de migrants qui auraient manifesté contre leur situation, proche d'un régime carcéral, selon la ?Plate-forme'.

Par ailleurs, Tayeb Louh est revenu sur la mort de deux citoyens algériens, assassinés dans des circonstances suspectes en France, précisant, là aussi, que «le parquet a ouvert une enquête, conformément, au code de procédure pénal» tout en rappelant que les deux pays sont liés «par une convention dans le domaine pénal». Un homme encagoulé avait ouvert le feu, le 26 décembre dernier, dans un bar des quartiers nord de Marseille, sud de la France, tuant Naim F., un Algérien âgé de 26 ans, originaire de Khenchela. Naim a été touché par une balle dans la nuque et deux autres dans le thorax.

Sur un autre plan, le ministre a déclaré que «l'enquête est toujours en cours» sur la mort du petit Ramzi à Douaouda, wilaya de Tipaza, précisant qu'une autopsie et des analyses dans des laboratoires spécialisés vont être menées pour connaître les tenants et aboutissants de ce drame. Après deux semaines d'intenses recherches, conduites par la gendarmerie nationale, le corps sans vie de Ramzi, 8 ans, a été retrouvé dans un étang, près du domicile familial, à la ferme ?Morsli Abdelkader', dans la commune de Douaouda-Marine (Tipaza-ouest). Tayeb Louh a, également, appelé à «s'éloigner des slogans politiciens qui critiquent la performance de la Justice», mettant en valeur les réformes, opérées dans le secteur, «profondes et ciblées». Il citera, dans ce cadre, le projet de loi, récemment adopté par le Conseil des ministres, qui prévoit de nouvelles dispositions favorisant l'accès des personnes, en dépit des peines inscrites sur leurs casiers judiciaires, au travail au sein d'établissements publics ou privés, tant que la peine prononcée n'est pas incompatible avec la nature du travail dont elles sont investies, ainsi que le projet de loi relatif à la protection des données à caractère personnel. Il a, aussi, plaidé pour «l'adoption d'une politique pénale, basée sur la prévention en matière de lutte contre la criminalité et les valeurs morales», relevant un «accroissement des crimes de mœurs tels que la diffamation, avec près de 4.000 crimes».