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El-Bayadh: Sale temps pour les éleveurs

par Hadj Mostefaoui

Des terres arides et balayées par des bourrasques de vent entraînant, dans leur sillage des vagues de sable fin qui recouvre toute forme de végétation ne laissant sur son passage, tel un rouleau compresseur, que désolation.

La sécheresse qui sévit depuis plus de trois années consécutives se charge de donner le coup de grâce aux rares touffes d'alfa qui ont résisté au gel des longues nuits. Les nomades qui se sont fixés sur le flanc des monts de ?Megres' sont sur le point de brader le peu de bêtes valides qui leur reste et plier bagage, presque condamnés à un autre mode de vie citadin et se résigner à se fixer dans le village le plus proche. La situation est également moins reluisante pour le reste de la population nomade du reste de l'ensemble du territoire de la wilaya qui vit encore dans des habitations en dur, acquises dans le cadre de l'habitat rural. Les affres d'une longue sécheresse sont visibles, à l'œil nu, aussi bien sur les frêles squelettes des moutons que sur les visages ridés de ces populations qui s'accrochent, tant bien que mal, à ce genre de vie dans l'espoir de jours meilleurs.

Du nord à l'extrême sud du territoire de la wilaya, dans ces immensités que nous avons arpentées récemment, le désarroi et la misère sont omniprésents, sous toutes les tentes. Les prairies se dégarnissent et se réduisent à une peau de chagrin et le bétail ne se nourrit plus que de mauvaises et maigres herbes desséchées au ras du sol. L'éleveur, impuissant et au bord de la ruine, s'arrache les cheveux et n'arrive plus à acheter le sac de son, car ce juteux marché est détenu sans partage entre les mains d'une puissante corporation locale qui impose ses prix. Les spéculateurs détiennent à eux seuls et par on ne sait quel miracle, le marché de gros de l'aliment du bétail, tenant la dragée haute, à une clientèle sans défense et dont les incessants appels à leur union paysanne ( UNPA ) sont restés lettre morte. Le prix du sac d'orge concassé et mélangé parfois au sable et à d'autres produits douteux, leur est cédé à des prix défiant l'imagination, soit plus de 4.000 DA le quintal et ce dernier fluctue, en raison de sa disponibilité sur le marché. S'approvisionnant auprès d'organismes céréaliers publics de Saïda qui ne leur livrent qu'au compte-gouttes, ce produit salvateur, ils doivent faire la chaîne pendant plusieurs jours et nuits d'affilée. Chaque éleveur n'a droit qu'à une dizaine de quintaux d'orge par mois, sachant que chaque bête doit nécessairement consommer un kilo d'orge par jour. Seuls les plus nantis dans les rangs des éleveurs peuvent tenir le coup.

Des milliers d'éleveurs vivent ce calvaire toute l'année. Désemparés ils lèvent leurs mains au ciel, suivant le passage du moindre nuage dans l'espoir qu'une gouttelette de pluie vienne arroser cette terre ingrate et inhospitalière. La situation est de plus en plus difficile, voire même critique pour cette frange de la population qui tire, depuis le début de l'automne dernier, la sonnette d'alarme car même les six minoteries récemment entrées en fonction n'arrivent pas à couvrir les besoin locaux en aliment du bétail.